Petite histoire des origines de l’amour
De la mythologie grecque aux pratiques romaines
En relisant « l’Odyssée », d’Homère, je me suis attardée sur l’histoire d’Aphrodite, divinité grecque ; n’est-ce pas de son nom que sont issus les divins plats et produits usants des charmes et de la pensée magique sous le nom « aphrodisiaque » ? Les écrits sont éloquents quant aux vertus de ces racines, condiments et épices. Aphrodite symbolise des effluves subtils, comme la myrrhe et l’encens, des fruits, des fleurs et végétaux, dont les pépins et les graines sont synonymes de reproduction. Devenue déesse de l’amour, de la volupté et de la beauté, elle s’attachera à rendre les époux heureux, mais également à attiser les passions. Les romains la transformeront en Vénus.
C’est chez eux, que nous trouvons la première hypothèse de la Saint Valentin. Un prête répondant au nom de Valentin, décapité pour avoir désobéi aux ordres de l’empereur Claude II, ce dernier ayant interdit tout mariage, aurait durant sa détention, fait recouvrir la vue à la fille de son geôlier, lui laissant avant de mourir, une lettre signée « Ton Valentin ». À la même période, se déroulait aux alentours du 14 février la Lupercalia, fête où se pratiquait des courses, nommées « Luperques » (dédiées à la fécondité) au cours desquelles des hommes à moitié nus, couraient après des femmes, les flagellants avec une lanière de peau de bouc. Les coups reçus devaient assurer la fécondité ainsi qu’une bonne grossesse. Il est également évoqué l’hypothèse d’une loterie consistant à tirer le nom de jeunes filles et de jeunes hommes, formant ainsi des couples pour l’année. L’église catholique s’étant évertuée à effacer ces rites païens pour donner naissance à des fêtes religieuses, c’est ainsi que fut canonisé St Valentin à la fin du règne romain.
L’époque médiévale
Une croyance populaire se répandit en France et en Angleterre, selon laquelle les oiseaux se reproduisaient le 14 février. Appelée, saison des amours, les hommes trouvèrent ce jour idéal à une déclaration d’amour. N’oublions pas trouvères et troubadours qui se firent chantres de l’amour courtois dans toutes les cours d’Europe ! Depuis, la St valentin se fêterait en offrant à l’être aimé, un billet doux.
20ème siècle
1965, signe l’officialisation de la fête des amoureux par l’union des commerçants de la France et la Loterie nationale. Peynet était le principal dessinateur de la St Valentin. Mais la plus ancienne carte retrouvée est conservée au British Museum de Londres. Elle date de 1415, c’est un poème écrit par le Duc d’Orléans durant sa captivité dans la tour de Londres. Il aurait rapporté cette tradition après 25 ans de captivité.
Digression
J’entendais dernièrement les questionnements d’hommes d’un âge avancé sur ce que pouvait être l’amour de l’autre et leur étonnement face à une attitude de don de soi. Que dire de Simone de Beauvoir prenant le risque de publier « Lettres à Nelson Algren », où elle explique, sans détour, qu’elle pourrait être « sa soumise ». On le lui reprocha, elle devint la traîtresse des féministes pures et dures ! Celui qui n’a jamais été aimé pleinement dans une réciprocité ne peut effectivement pas saisir le sens de ce verbe. L’amour n’a pas de raison, il ne peut être commandé ou infligé.
Il est inséparable des plaisirs des sens ; des douceurs qui flattent le palais aux effluves qui enivrent l’esprit, en passant par le toucher, l’ouie et la vue (l’amour ne rend pas toujours aveugle !) . Prenez le temps de regarder le film « le Chocolat » avec Juliette Binoche, vous avez tous les ingrédients de l’amour, entre transgression du carême et gourmandises, posez-vous et décryptez les signes de ce que nous avons de plus beau et plus noble.
Nourriture, amour et vocabulaire
Est-il utile de rappeler que bon nombre de termes liés à l’amour sont issus du jargon de la nourriture ou de la cuisine. Le vin, quant à lui, reçoit en offrande pour sublimer son Moi, « la robe, les larmes ou les jambes… » mots, qui nous donnent à voir et recevoir une certaine sensualité. Le prince des gastronomes, Curnonsky a eu la tentation de publier un traité des voluptés de bouche et d’amour. Dans leur ouvrage, La table et l’amour, nouveau traité des excitants modernes, Curnonsky et André Saint-Georges ne manquent pas de faire le lien avec le Kama-Sutra qui propose, « lui aussi, des mets délectables, car au lit comme à table, on mange, on dévore, on a de l’appétit ». Ne dit-on pas d’une femme qu’elle est belle à croquer ? Ils insistent également sur « les pâtisseries et friandises qu’ils prescrivent auprès du divan, ou bien parlent de viande de chrétien, c’est que la chair -avec l’ambiguïté que porte ce terme-fut longtemps considérée comme échauffante, prompte à inciter au jeu de l’amour « .*
Extrait d’un hymne à l’amour :
Ces agapes auraient été encore plus agréables si nous les avions partagées ensemble. Des épicuriens (au sens noble du terme) qui se rencontrent, donnent généralement des soirées où plus rien au monde ne compte que le moment présent. C’est à toi, au bel inconnu que j’adresse ce billet. « Jouissants ensemble des mets, elle goûta du bout de ses lèvres la lie rougeâtre des graves. Ses yeux se fermèrent au délice du breuvage. Ses joues se teintèrent de rouge rosé donnant à son visage un air mutin. Son palais connut alors l’éclat du bouquet. Fruits rouges confis, astringence légère de la myrtille qui éclate en bouche, finissant sur une note d’herbe fraîche. Encore un peu jeune se dit-elle mais excellent millésime qui ne demande qu’à arriver à maturation. Elle prendra soin alors de ce breuvage exceptionnel, nourrissant en lui de grand espoir. Puis … »
Qui a dit que les nourritures de l’esprit et du corps, ne pouvaient être mises en adéquation ?
Pour aller plus loin, voici quelques ouvrages :
• La table et l’amour, nouveau traité des excitants modernes, éditions de l’arsenal
• Les piments du désir, les Éditions Minerva, Aubanel
• Le Goût, Collection Proche Lointains, Presses littéraires et artistiques de Shanghai
* La table et l’amour, Curnonsky et André Saint-Georges, Éditions de L’arsenal, p.13
Dessert en habit rouge
Sorbet à l’orange sanguine et sirop de thé aux fleurs et fruits rouges.
Pour 6 personnes
Préparation : 45 min
Cuisson : Feuilletés au thé et fleurs, 10 min. 5 min pour les oranges du décor.
• 1 kg d’orange sanguine pour obtenir 600 à 700 gr de chair; 1 pamplemousse rose, 150 gr de sucre ; 300ml d’eau ; thé aux fleurs et fruits rouges
• feuilletés sucrés : Pâte feuilletée ou feuilles de brick, 1 cuillère à soupe de Thé comme précédemment cité, et un sirop avec une base de 150 gr de sucre blanc et 300ml d’eau.
• Décor : 1 orange sanguine, du beurre ½ sel et du sucre roux. Quelques feuilles de clémentines, à défaut des feuilles de menthe.
Préparez le sirop en mettant dans une casserole, le sucre et l’eau et 1 belle cuillère à soupe de thé aux fleurs/fruits rouges. Amenez à ébullition et faire bouillir 10 min. Laissez refroidir. Pelez les oranges et le pamplemousse à vif et mixez-les. Prélevez 600 gr de chair, ajoutez le sirop de thé froid, en intégrant à la purée de fruits les morceaux de pétales, mélangez. Faites prendre en sorbetière.
Feuilletés sucrés : Faites chauffer le four à 180C°. Faites un sirop comme la base du sorbet, ajoutez le thé, et laissez épaissir. Découpez les feuilletés à la forme souhaitée. Préparez une plaque avec du papier sulfurisé. Déposez les feuilletés, badigeonnez du sirop, en déposant quelques pétales et fruits rouges. Faites dorer les gourmandises.
Pendant ce temps, préparez le décor : Brossez l’orange et coupez-la en fines tranches. Dans une poêle faites revenir les rondelles dans du beurre salé, ajoutez le sucre roux, en prenant soin de les retourner sans cesse durant 5 min. Elles doivent être croustillantes et dorées. Les mettre de côté.
Sortir le sorbet 5 min avant de servir. Déposez dans chaque verrine une boule de sorbet, 1 tranche de fruit cuit. Au sommet, déposez un feuilleté au sirop rouge. Dégustez, vos palais réitéreront l’expérience !