Un appel aux dons pour préserver les ruines d’Oradour


Dans un an, on commémorera le 80ème anniversaire du massacre d’Oradour-sur-Glane. Des travaux sont nécessaires pour préserver les ruines et transmettre ce lieu de mémoire à nos enfants. Encore faut-il les financer.

vue aérienne d'Oradour-sur-GlaneBenoît Sadry

Le village martyr d'Oradour-sur-Glane s'étend sur 10 ha et compte 300 bâtiments dont 120 maisons en ruines.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/07/2023 PAR Corinne Merigaud

Si la voix de Robert Hébras, dernier témoin de cette exaction s’est éteinte le 11 février, il ne reste désormais que les ruines du village martyr pour témoigner de l’horreur. Le 10 juin 1944, 643 personnes avaient été exécutées par la division SS Das Reich. Pour préserver ce site, le Ministère de la Culture et la Fondation du Patrimoine ont lancé, le 18 juin, une collecte de dons. Une loi d’exception avait été votée le 10 mai 1946 pour conserver et classer les ruines au titre des Monuments Historiques. Chaque année, 300 000 visiteurs arpentent les rues du village martyr, site le plus visité du Limousin. Avec cet appel aux dons, l’objectif est de collecter 2 millions d’euros.

carcasse voitureBenoït Sadry

Outre les murs qui menacent de s’effondrer, les objets sont également fragilisés comme l’emblématique voiture du Docteur Désourteaux.

Sous la conduite des services de la DRAC seront ensuite engagés des « travaux de restauration, des interventions de conservation et d’accompagnement paysager avec un objectif, préserver le site de 10 hectares dans son intégralité » indique le Ministère de la Culture. Les dons collectés serviront à « amplifier les travaux de conservation, cristalliser les éléments les plus sensibles, restaurer différentes parties du village et protéger les biens mobiliers, carcasses de voitures, petit matériel des commerces, mobiliers et divers objets. » Cette décision fait suite à une mission de l‘inspection générale des affaires culturelles menée en 2021.

« Conserver l’intégralité du village martyr »

Benoît Sadry, président de l’association des familles de martyrs d’Oradour-sur-Glane et Philippe Lacroix, le maire, avaient rencontré le 10 mai le directeur général du patrimoine. « Il a été décidé de conserver le village dans son intégralité mais avec des mesures de protection diverses en fonction des lieux précise Benoît Sadry, l’église doit être protégée, elle est d’ailleurs en travaux, comme les lieux d’exécution et d’autres bâtiments à l’exemple de La Poste. »

Une course contre la montre est engagée pour figer l’état des ruines, un défi à la hauteur de l’enjeu mémoriel. « Conserver des ruines est un travail particulier, c’est le seul exemple actuellement en France et en Europe révèle-t-il, c’est pour cela que l’État finance. »

« Ça peut tomber comme un château de cartes »

Le village qui s’étend sur 10 ha compte 300 bâtiments dont 120 maisons à ciel ouvert. Le lierre est envahissant, les murs en torchis s’effritent, leur étanchéité n’est plus assurée. Phénomène nouveau, les sécheresses accélèrent la dégradation des murs. Et la végétation envahit de plus en plus les maisons depuis l’arrêt du désherbant. « Deux millions d’euros, c’est un premier pallier, convient-il, la restauration complète du village coûtera plus que ça même si nous n’avons pas de chiffrage. » Dans un premier temps, les joints d’étanchéité des murs devront être refaits pour tenir encore quarante ou cinquante ans. « On est à un tournant, on sait que ça peut tomber comme un château de cartes demain. Il faut un plan sur 10 à 15 mois pour que les travaux soient faits dans les 4 ou 5 ans. On n’a plus le temps de faire un plan sur 10 ou 15 ans même si on ne remet pas en cause le travail fait par l’État.»

Outre les bâtiments, les objets sont aussi fragilisés par des conditions de conservation inadaptées, même ceux présentés dans la crypte du mémorial. « Ces objets sont en danger, on a un plan à faire pour les valoriser et les protéger, mais ce sera dans un second temps car ils ont leur sens sur place.» Avec 200 000 visiteurs attendus cet été au Centre de la Mémoire, la collecte devrait décoller. « L’entrée du village martyr est gratuite et c’est presque un engagement citoyen que de participer à la sauvegarde de ce lieu de mémoire » conclut-il. Des collectivités ont également fait des promesses de dons. Au 29 juin au matin, 592 donateurs avaient versé 62 506 € euros. Les dons défiscalisés sont à adresser sur www.fondation-patrimoine.org/87672


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