Trinquer sans alcool, la nouvelle convivialité?


Dans les différentes filières du vin, de la bière ou des liqueurs, le sans alcool se taille de nouvelles parts de marché. Ceux qui épousent la tendance prennent d'abord soin de leur santé. Confidences des professionnels de ce nouveau créneau.

DR Brasserie Parallèle

"Il y a de plus en plus de gens qui boivent de moins en moins" témoignent les promoteurs de la Brasserie Parallèle, pour qui le sans alcool favorise une convivialité plus inclusive.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/01/2024 PAR La rédaction

Laurent Drège, depuis Floirac, dans l’agglomération bordelaise en témoigne volontiers, « on arrive à un âge où on veut continuer à partager des apéros, mais aussi rester en bonne santé ». Avec son complice Guillaume Soares, il a créé la Brasserie Parallèle qui explore et produit depuis trois ans et demi des alternatives sans alcool pour favoriser ce qu’ils appellent la « convivialité inclusive ».

Il y a de plus en plus de gens qui boivent de moins en moins.

« On trouvait soit des sodas très sucrés, soit des boissons sans trop de saveurs. Or il y a de plus en plus de gens qui boivent de moins en moins. Non pas qu’ils ne veulent plus boire, mais simplement qu’ils souhaitent avoir l’option de ne pas le faire. »
La gamme de la Brasserie Parallèle comprend une houblonade, infusion pétillante de houblon aux saveurs proches de la bière, et plusieurs variétés de kéfir de fruits, une boisson fermentée sans alcool très peu sucrée. “Consommée au siècle dernier, elle est tombée dans
l’oubli avec l’apparition des sodas. Nous la remettons au goût du jour”.

Campagne de financement à l’appui, la brasserie a lancée sa gamme de bières sans alcool. A ne pas confondre avec les boissons désalcoolisées. « Ici, les bières sont conçues dès le départ sans alcool en utilisant des levures “paresseuses” pour éviter la fermentation alcoolique en préservant les saveurs artisanales. » Les ingrédients sont tous issus de l’agriculture biologique en privilégiant les sources locales ou le commerce équitable.

Se désaltèrer avec des produits de qualité, sans s’alcooliser, deviendrait donc une tendance naissante qui dépasse les limites du mois de janvier. En Sud Gironde, Bazas taquine tout juste les 5 000 habitants. Ce qui n’a pas empêché Martine Cipière de lancer La cave 0 % voilà trois ans. Un commerce qui propose un assortiment de boissons sans alcool, notamment une dizaine de références de vins désalcoolisés. « Je ne prends pas tout ce qui se fait sur le marché. Je goûte et je sélectionne selon mon expérience, » témoigne Martine. Et la clientèle suit. « Je ne dis pas que ça n’a été que facile. Mais la boutique est toujours là. »

Un autre plaisir que les sodas

Femmes enceintes ou qui allaitent, personnes sous médicaments, mais aussi consommateurs de vins traditionnels qui souhaitent consommer moins, la caviste décalée se fait peu à peu remarquer. « Nous étions la première boutique de type caviste sans alcool en France. La onzième émerge en ce début d’année à Pau (Papompette), après Lille, Paris, Clermont-Ferrand, Nantes, ou même une cave ambulante, Lilozen, que l’on retrouve sur les marchés de la région de Limoges. »

DR Cave 0%

En trois années, dans la petite ville girondine de Bazas, la cave 0% a réussi à faire son trou.

Martine ne s’impose pas comme une militante. « Je ne prétends pas empêcher les gens de boire de l’alcool. Je propose un produit différend qui rencontre un succès grandissant. Il faut enlever de son esprit les sensations du vin alcoolisé, pour découvrir le fruit rouge, la framboise… C’est quand même un autre plaisir que les sodas ! »

Rouge, blanc ou pétillant, elle couvre toutes les couleurs. Et aime à surprendre ses clients: « Les pétillants sont particulièrement bluffants. Beaucoup de gens ne savent pas distinguer les sans alcool des autres. »

Bonnaud Guillaume

Prince Oscar, le vin désalcoolisé de Coralie de Bouard à Montagne Saint-Emilion inspire des chefs pour élaborer des accords mets-vins.

Grands crus et millésimes prestigieux peuvent ainsi cohabiter sur les jolies tables avec des vins désalcoolisés. Coralie de Bouard, la maman de « Prince Oscar », un Montagne Saint-Emilion sans alcool, a déjà saisi la tendance constatant que des chefs étoilés lui commandent ce vin atypique pour faire des propositions inédites d’accords mets-vins.

Les gens qui ne consomment pas d’alcool à la base, découvrent des choses qu’on leur a décrites, mais qu’ils n’ont jamais vraiment expérimentées.

Et à l’heure du digestif, ce nouveau comportement fait aussi son trou. En Charente, Romuald Vincent est le créateur de Djin Spirits, première marque française de spiritueux sans alcool, lancée en 2019 à Saint-Brice. Il confirme « une demande croissante, contextuelle, qui s’accélère depuis un an et demi ». Sa marque trouve son créneau auprès de « gens qui ont une expérience de l’alcool, plutôt épicuriens, qui veulent lever le pied. Mais ils veulent aussi retrouver le niveau d’appréciation des produits qu’ils avaient l’habitude de boire ».

Un public plutôt trentenaire ou quadra, également composé de femmes enceintes ou de sportifs. Sans oublier les « gens qui ne consomment pas d’alcool à la base, pour qui ça va être une première dégustation. Ils découvrent des choses qu’on leur a décrites, mais qu’ils n’ont jamais vraiment expérimentées ».

Les contraintes de sécurité routière et la médiatisation du mois sans alcool ne sont pas étrangères au succès de la tendance. Romuald se souvient : « Il y a cinq ans, beaucoup de gens me prenaient pour un dingue ».

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