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PUBLIÉ LE 19/04/2012 PAR Sybille Rousseau@qui! : Quelle est la situation actuelle en Lot-et-Garonne ?
Michel de Lapeyrière : Nous vivons une sécheresse de printemps, ce qui n’est pas exceptionnel en soit. Seulement voilà, elle arrive après une année 2011 largement déficitaire en eau. D’où l’inquiétude justifiée des agriculteurs. Il faut savoir que normalement, 750 millimètres d’eau tombent chaque année. Hors, là, nous atteignons péniblement les 350 !
@! : Cette situation est-elle grave pour les agriculteurs ?
M. de L. : Aujourd’hui, ça n’a pas une conséquence directe catastrophique. Pour ce qui est des céréales, celles qui sont en place ne sont pas durablement impactées, d’autant qu’il a plu un peu ces derniers temps. Mais, à l’heure actuelle, je ne peux pas encore dire si les rendements des céréales seront gravement atteints. En plus, s’il continue à pleuvoir la situation se corrigera d’elle-même. Concernant les éleveurs à présent, ces derniers ont déjà largement puisé dans leurs stocks l’an dernier. Aujourd’hui, ils n’en ont donc plus. Mais les dernières pluies ont permis un redémarrage de la nature et de l’herbe. Nous pouvons donc espérer que la première coupe sera moins déficitaire que d’habitude.
@! : Et concernant les lacs collinaires ?
M. de L. : Là, la situation est grave. Ils sont remplis, en moyenne, à 30%. Certains même ne le sont qu’à 18% ! Il n’y a donc pas de réserve de stockage pour l’irrigation. Maintenant comme la nature est bien faite et comme je suis d’un naturel optimiste, je pense qu’elle va rectifier ces manquements les mois prochains avec des mois d’avril et de mai pluvieux. Généralement, ce sont les deux mois les plus humides de l’année. Donc, pour résumer, la situation est préoccupante mais pas encore grave. D’autant que nous pouvons prendre certaines dispositions de manière à éviter le pire.
@! : Quelles dispositions ?
M. de L. : D’abord les agriculteurs ont encore le temps de modifier leur assolement. Je conseille aux agriculteurs de regarder ce qu’ils ont à irriguer et d’évaluer leur stockage. S’ils possèdent des lacs remplis à hauteur de 20%, il y a peu de chance que la situation s’améliore. Mais nous pouvons adopter une démarche d’entreprise. Donc soit on passe sur des cultures moins consommatrices en eau, comme des tournesols, soit on prend le risque de dire ‘il va peut-être pleuvoir’. Moi, je ne suis pas trop partisan de prendre des risques. Je préfère que les agriculteurs changent leur assolement. Mais une fois encore, la situation n’est pas alarmante !
