La Gare Robert Doisneau de Carlux est un lieu pour le moins original en Dordogne. Au cœur du Périgord Noir, cette ancienne gare désaffectée a été réhabilitée par la communauté de communes du Pays de Fénelon, qui en a fait une galerie d’art photographique, la seule exposition permanente consacrée au peintre français, mais aussi le siège de l’office de tourisme et un café de la gare new-look.
Située le long de la D703 reliant l’A20 passant à Souillac à Sarlat, cette gare a fonctionné dès la fin du 19e siècle. La voie ferrée reliait Bordeaux à Aurillac. « La ligne abandonnée, la gare était tombée dans un état de délabrement avancé depuis 1980 lorsque la communauté de communes l’a récupérée », témoigne Patrick Bonnefon. Ce dernier n’est pas encore président de l’intercommunalité.
Abandonnée lors de l’arrêt de la ligne en 1980, la gare de Carlux était envahie de ronces, les murs et menuiseries taguées, les fenêtres cassées, comme le montre cette photo prise depuis la voie verte longeant l’ancien quai.
Mais lorsque débute son premier mandat en 2014, il décide de redonner un souffle à cet espace. « En 2015, le Conseil régional a lancé l’appel à projet NOTT, Nouvelle Organisation du Territoire Touristique, et on a proposé de faire de la gare un point touristique novateur, en campagne et non sur les grands sites touristiques », explique-t-il. Mais alors, pourquoi s’orienter vers un photographe comme Robert Doisneau ?
La galerie d’art photographique consacrée à Robert Doisneau s’ouvre au rez-de-chaussée par une large photo du photographe, accompagnée d’un texte écrit par ses propres filles, sur sa venue en Dordogne et son attachement au territoire.
Un projet d’envergure
Le hasard d’une rencontre, d’une passion… En 2010, Patrick Bonnefon avait été marqué par une photo de Robert Doisneau sur le quai de la gare de Carlux, exposée au Pôle d’Interprétation de la Préhistoire aux Eyzies (24). Le photographe avait l’habitude de passer ses vacances avec ses proches en Périgord Noir, au début des congés payés, des vacances, et de l’industrie du tourisme dont bénéficie encore le département.
Le projet est lancé, et est inauguré en avril 2018. L’enveloppe globale des travaux s’élève à 1,5 million d’euros, subventionnée à hauteur de 80 % par l’Europe, l’État, la Région, le Département, et la réserve parlementaire. En plus de la galerie, la gare accueille en son centre l’office de tourisme du Pays de Fénelon. Au deuxième étage se trouve une salle pouvant accueillir des réunions, conférences, formations…
La galerie du premier étage permet d’observer des clichés inédits du photographe, illustrant des »tranches de vie » en Dordogne et dans le Lot voisin. Les clichés sont tirés directement des négatifs de Robert Doisneau, et sont encadrés par son encadreur de toujours.
Mais le principal reste la galerie consacrée en grande partie à Robert Doisneau, sur l’aile droite de la gare. Au rez-de-chaussée, une quarantaine de photos sur les débuts des congés payés et du tourisme en Périgord, avec des photos de Robert Doisneau et ses proches. Au premier étage, une deuxième galerie, cette fois sur la vie locale, avec des »personnages » et des tranches de vie.
Un petit laboratoire reconstitué permet à l’aide du numérique de redécouvrir le fonctionnement de l’argentique : isolation de la photo, bac révélateur, bain d’arrêt, fixateur, et rinçage. L’outil est notamment utilisé pour les publics scolaires.
Enfin, une exposition temporaire dans l’aile gauche du premier étage permet de recevoir toute l’année d’autres photographes. L’ensemble de la galerie est en accès libre et gratuit. Au rez-de-chaussée, l’aile gauche accueille encore un café-restaurant appartenant à la communauté de communes, et mis en location-gérance. L’ancienne voie ferrée est quant à elle devenue une voie verte cyclable très fréquentée.
Le site, qui a vu passer plus de 60 000 visiteurs en cinq ans, est devenu un lieu de partage entre locaux, visiteurs périgordins et touristes de tous horizons.
Un commentaire
C’est une superbe réalisation!