Retraites et 1er mai: êtes-vous plutôt manif ou canapé ?


Un nouvel appel à mobilisation contre la loi retraites est organisé ce 1er mai dans toute la France. Ce sera un tournant dans la contestation. Remobilisation ou essoufflement ? Micro tendu à des motivations à géométrie très variable.

Manifestation à Brive, lors de la mobilisation contre le réforme des retraitesUL CGT Brive

Manifestation à Brive en 2023, "boostée" par la réforme des retraites

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/04/2023 PAR La rédaction

Ala veille d’une nouvelle journée de mobilisation, lundi 1er mai, contre la loi sur les retraites, la rédaction d’Aqui.fr est partie à la rencontre de citoyens de Nouvelle-Aquitaine. Milieu rural ou urbain, actif ou retraité, syndiqué ou non : ont-ils ou ont-elles inscrits la manifestation du 1er mai dans leur agenda ? Sont-ils des habitués du cortège ou au contraire des rebelles de canapé ? Ou alors ont-ils décidé de passer à autre chose, à l’instar du gouvernement ? Les réponses sont parfois surprenantes.

Elisabeth Peyrabout, 60 ans, assistante sociale Sauviat-sur-Vige (Haute-Vienne)

« J’ai participé à cinq manifestations contre la réforme des retraites et je serai de nouveau dans la rue le 1er mai comme tous les ans, un rendez-vous incontournable. Cette réforme est injuste et indigne. Il y a beaucoup de raisons d’aller manifester, les conditions de travail, les droits des travailleurs, le pouvoir d’achat, l’inflation… Les droits sont grignotés petit à petit. J’encourage mes collègues à y aller mais une majorité sont des trentenaires qui ne se sentent pas concernés. Ils disent qu’ils n’auront rien à la retraite. »

DR.A

Elisabeth Peyrabout, assistante sociale en Haute-Vienne.

Nicolas, 34 ans, directeur artistique, Bordeaux.

« Je suis contre cette réforme,  surtout pour la façon dont ça a été imposé, mais aussi pour le côté injuste qui impose des cotisations plus longues. Je n’ai pas participé aux précédentes manifs mais je pense y aller le 1er mai parce que c’est une date symbolique, que les revendications sont légitimes et qu’aucun dialogue ne s’est instauré entre ceux qui imposent les retraites et ceux qui vont les subir. Je ne suis pas syndiqué mais, oui,  je vais essayer de convaincre des proches de m’accompagner. »

Pauline Claret, 28 ans, formatrice pour apprentis, Lalinde (Dordogne).

« Je fais grève et je participe aux manifestations depuis le début, souvent avec un collègue. Que la loi ait été promulguée ne change rien. Elle n’est pas passée dans de bonnes conditions, la population n’a pas été écoutée. Il faut continuer à se mobiliser pour exprimer notre point de vue. Avec mon travail, je dois avoir une certaine réserve, mais j’essaye d’expliquer le statut des travailleurs et le droit à exprimer son mécontentement. Même si on voit peu de jeunes lors des manifestations.»

Sylvain Desgroppes

Pauline Claret en Dordogne.

Hélène, 43 ans, hôtesse de caisse, Bordeaux.

« Je suis engagée chez Force ouvrière, mais je pense qu’il faut réformer pour aller dans le sens de l’Union Européenne. C’est urgent. Mais je ne supporte pas les débordements qui accompagnent les manifestations. Je n’ai jamais manifesté contre cette réforme des retraites et je compte bien « rester dans mon lit » le 1er mai. »

Corinne Keller, 53 ans, co-gérante du bar-restaurant l’Avant-Scène, La Rochelle.

« Vu l’ambiance au Parlement, où le 49.3 remplace le respect des élus, vue la continuité des violences policières et surtout depuis la mobilisation contre la réforme des retraites, je penche à nouveau vers ce militantisme de gauche, en colère face aux injustices et inégalités sociales. Les paradis fiscaux favorisent injustement les riches; les industriels pollueurs ne sont toujours pas les payeurs qu’ils devraient ;  Macron veut encore taxer les plus précaires; quant à l’égalité des salaires hommes/femmes que nos mères réclamaient déjà en 68, le compte n’y est toujours pas. Personnellement ma carrière de femme précaire et mal rémunérée sera totalement hachée. Pourtant la pénibilité de mes différents emplois a été réelle. Alors je serai avec ceux qui défendent un avenir plus juste, plus social, plus écologique ! »

Corinne Keller à La Rochelle

Serge Bonnefont, 70 ans, chef d’entreprise retraité, militant PS, Panazol (Haute-Vienne)

« J’ai participé à toutes les mobilisations sauf une et j’irai le 1er mai. J’espère qu’elle sera puissante face à un gouvernement inflexible sur la plupart des sujets. Dès que j’ai l’opportunité de convaincre mon entourage de manifester, je le fais. Mais on sent un peu de résignation, sauf chez le militant pur et dur. Il va y avoir des jours fériés, des ponts, c’est démobilisateur. J’espère que les gens se mobiliseront aussi pour le pouvoir d’achat. Macron a lancé cette réforme pour laisser une trace de lui après son mandat. »

D.R.

Serge Bonnefont à Panazol

Patrick Salez, élu de La Flotte dans l’île de Ré, (Charente-Maritime) ancien haut fonctionnaire à Bruxelles.

« Je suis de toutes les manifs par solidarité. Le 1er mai, j’exprimerai mon rejet définitif d’une réforme non prioritaire, mal construite, injuste, ignorante des sources de recettes pouvant assurer l’équilibre financier du système, aveugle à la dégradation des conditions de travail ; rejet d’une réforme accouchée au forceps du 49.3, portée par un aveuglement idéologique et un autoritarisme bonapartiste. J’exprimerai le refus de la régression sociale qui détruit nos services publics et abandonne certains territoires, le refus de l’incapacité gouvernementale à atténuer l’injustice sociale et la pression de l’inflation et le refus d’une criminelle inaction climatique, à rebours de l’expertise, des grands mouvements associatifs et citoyens et de nos engagements européens. Le duo Macron-Borne doit craindre ce 1er mai, comme une gigantesque submersion populaire ! »

Patrick Salez sur l’Ile de Ré

Alice, 26 ans, assistante juridique, Bordeaux.

« Au départ je ne comptais pas participer. Je suis d’accord avec le fond de la réforme : le système n’est pas viable financièrement. Et l’espérance de vie augmente. Il est donc logique et mathématique de travailler plus longtemps. Concernant la pénibilité je considère que chaque travail a la sienne, avec ses conséquences sur le corps, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Mais finalement, je vais manifester parce que je vais chez mes parents, mobilisés depuis toujours, et qu’ils y seront. De plus, je suis profondément choquée par la forme. Les mobilisations sont historiques et le gouvernement doit écouter ses administrés sans passer en force pour un sujet aussi important et polémique. »

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1 Commentaire

Un commentaire

  • MONIQUE BUREAU, le 2/5/2023 à 18h35

    Inadmissible ces débordements! Comment peut-on accepter tant de violences? Faire grève oui, c’est un droit, mais à un tel niveau je suis désolée, j’ai du mal à accepter. Ces grèves n’apportent que du chaos et je ne comprends pas ce siècle de violences et d’incompréhension. Je suis dans un monde que je ne reconnais plus et je n’ai jamais manifesté; mais cela ne me donne pas envie de suivre ces personnes.


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