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PUBLIÉ LE 27/12/2023 PAR Emmanuelle DiazNé de la volonté de l’APEI (Association de Parents d’Enfants Inadaptés) du Libournais, le restaurant Papilles et Papillons propose une carte alléchante dans un cadre agréable situé en plein cœur de la ville. Un établissement qui se démarque cependant des autres car sa particularité est d’employer des personnes en situation de handicap mental. Géré par l’ESAT (Établissements et Services d’Aide par le Travail) de la Ballastière, établissement du Pôle travail de l’APEI, son objectif est de créer un lieu hybride entre restauration et inclusion. « Le but est de former des serveurs pour pouvoir ensuite -pour ceux qui ont la volonté et la capacité- les intégrer dans des restaurants du Libournais en milieu ordinaire », précise Philippe Pasquis, directeur du Pôle travail de l’APEI, association reconnue d’utilité publique, qui accueille et accompagne 450 personnes en situation de handicap.
Un pari gagnant-gagnant
Déjà cinq restaurants partenaires sur le Libournais et Coutras, ont accueilli des stagiaires afin de développer leurs compétences, avant l’ouverture de ce restaurant qui emploie six à huit travailleurs d’ESAT, encadrés par une monitrice d’atelier. Une initiative mise en place grâce à un partenariat avec Expériance, entreprise de formation spécialisée dans la restauration.
Plongeur, aide cuisinier ou serveurs -qui prennent les commandes sur des tablettes numériques afin de les familiariser avec cet outil devenu incontournable-, ils prennent peu à peu leurs marques et préparent leur insertion professionnelle en milieu ouvert. Une intégration qui, au niveau du service, ne devrait cependant pas intervenir, selon Philippe Pasquis, avant au moins un an, le temps de maîtriser toutes les compétences requises. « Mais dans un secteur qui peine à recruter, les restaurateurs savent qu’à terme, ils auront des personnes formées et volontaires », poursuit-il.
Changer de regard sur le handicap
Outre la découverte d’un métier et la perspective d’un emploi en milieu classique, ce projet, financé par l’association à hauteur de 700 000€, poursuit aussi un autre objectif majeur. « Échanger au quotidien avec les clients est très bénéfique. Les personnes qui sont au service gagnent en savoir-être, en autonomie et en maturité car on est hors les murs de l’institution. Elles sont dans des positions d’adultes et de professionnels car elles se doivent d’avoir une posture irréprochable. Il y a un véritable effet d’osmose », se réjouit le responsable. Mais développer la confiance en soi et les habilités sociales des travailleurs de l’ESAT, ainsi qu’aider à leur socialisation n’est pas tout. « L’objectif du restaurant est aussi de montrer le savoir-faire de ces personnes car on part du principe que tout le monde sait faire quelque-chose. C’est aussi un moyen de changer le regard sur le handicap », poursuit-il.
Celui des adultes, mais aussi des enfants
C’est dans cette optique que Papilles et Papillons a proposé deux mercredis avant Noël, des ateliers de fabrication de sablés où des jeunes des environs ont pu travailler en binôme avec des enfants de l’APEI du Libournais. Par groupe de huit, ils ont, durant trois sessions d’une heure chacune, pu pâtisser sous la houlette d’Antoine, chef cuisinier du restaurant. « Grâce à cette mixité, on reste dans la sensibilisation au handicap par le biais d’une activité qui est accessible à tous », explique Vanessa Fortage, directrice adjointe Pôle travail de l’APEI, en charge de l’ESAT La Ballastière. Une première pour cette initiative aussi ludique qu’éducative, car il n’y a pas d’âge pour commencer à vaincre ses préjugés.
