Oléron : le port de la Cotinière en pleine mue


A Saint-Pierre d'Oléron, le port de la Cotinière est en chantier depuis fin 2019. Une nouvelle criée est en train de voir le jour

Lors du creusement du troisième bassin, en février 2020Anne-Lise Durif

Lors du creusement du troisième bassin, en février 2020

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 15/03/2021 PAR Anne-Lise Durif

A Saint-Pierre d’Oléron, le port de la Cotinière est en pleine transformation, avec l’aménagement de nouveaux quais et d’une nouvelle criée. Commencé fin 2019, le chantier devrait s’achever fin 2022. Objectif pour le 2e port de pêche de Nouvelle-Aquitaine : maintenir sa 6e place nationale, avec ses 23M€ de chiffre d’affaires annuels et ses 5 000 tonnes de poissons « nobles » (bars, soles, lottes) débarqués à la criée.

Entre les bâtiments de la criée datant de 1910 et un bassin principal pas assez profond pour accueillir de gros navires, il était urgent pour le premier port de pêche du département de Charente-Maritime de se moderniser. « Les équipements étaient devenus sous-dimensionnés et vétustes. Le projet a été construit avec les pêcheurs pour leur fournir un outil de travail adapté à leurs besoins », explique Dominique Rabelle, présidente du conseil portuaire de La Cotinière et vice-présidente du Département de la Charente-Maritime, porteur de ce projet à 60 millions d’euros.

Un troisième bassin de 4,3 hectares a été creusé entre fin 2019 et début 2020, avec une profondeur de 3 à 5 m, permettant d’avoir un bassin en eau même à marée basse. Un chenal d’accès a été creusé dans la foulée avec le même objectif. « Ca va permettre à de plus gros navires de débarquer leur pêche (1) sans avoir à aller jusqu’à Lorient ou en Espagne, pour assurer leurs livraisons par camions au départ de La Cotinière. Jusqu’à présent, certaines pêcheries francos-espagnoles avec lesquelles nous travaillons ne pouvaient pas rentrer dans le port », explique Nicolas Dubois, le directeur du site.
Cette nouvelle profondeur va également permettre aux 130 chaluts de La Cotinière, et surtout à l’embarcation des sauveteurs en mer, d’aller et venir sans être contraints par la marée. L’entrée du chenal et le port seront protégés par la digue ouest, partant de l’ancienne criée. Elle a été rallongée sur 120 m, mais également renforcée et élargie pour résister aux assauts de la mer. « Au final, on se retrouve avec une digue ouest beaucoup plus trapue que prévue mais c’était nécessaire. On avait fait modéliser le projet très en amont par un laboratoire, qui a construit une maquette des nouveaux aménagements et réalisé des simulations de tempêtes. Dans le cas d’une nouvelle Xynthia, le nouveau port se retrouvait avec les mêmes dégâts qu’à l’époque ». En plus du renforcement de la digue, le parking de La Chapelle, près de l’actuelle criée, sera réaménagé en cordon dunaire à la fin du chantier, pour faire tampon en cas de submersion.

Une nouvelle criée livrée en novembre 2021

L’infrastructure phare de ce nouvel aménagement reste incontestablement la nouvelle criée, avec son plateau technique de 4 ha pris sur la mer, ses 8 000 m2 de locaux, sa nouvelle tour à glace et ses 1000 m2 de quais de débarquement et de réception de marchandises. 

Entre confinement, intempéries et technicité du chantier, la construction de la nouvelle plateforme, dans le prolongement de la zone de maintenance, a pris du temps. Pour son édification, les ouvriers ont assemblé comme un puzzle 120 blocs de béton, posés sur un coffrage de 3500m3 de béton. Creux à l’intérieur, ces rectangles ont été remplis de cailloux qui servent à la fois à les lester et à drainer l’eau, ce qui permet d’éviter l’implosion des blocs sous la pression de l’eau. Les 12 000 m2 de l’enceinte de la nouvelle criée reposent sur ce polder de béton de 10,60 m de haut.

Lancé juste avant le premier confinement, le gros œuvre de la nouvelle criée est presque achevé. Il ne reste qu’à terminer l’étanchéité et une partie des réseaux. Au rez-de-chaussée, les 8000 m2 de surface utile commencent à prendre figure. La moitié de la surface sera dédiée à la réception, au stockage et à la vente du poisson, l’autre partie au mareyage. Au cœur du bâtiment se dresse déjà l’auditorium de la criée. Ses escaliers mènent jusqu’à l’étage, où seront situés les bureaux administratifs et commerciaux. Les deux cadrans de criée permettront de gagner du temps lors des deux séances de vente quotidiennes. Le nouveau frigo a été dimensionné pour accueillir 20 tonnes de produits de la mer, deux fois pas jour. Pêcheurs et mareyeurs pourront intégrer le nouvel équipement en février 2022. 

La construction du nouveau quai en février 2020 : 120 blocs de béton, posés sur un coffrage de 3500m3 de bétonAnne-Lise Durif

La construction du nouveau quai en février 2020 : 120 blocs de béton, posés sur un coffrage de 3500m3 de béton

Ces nouveaux locaux ont été adaptés aux besoins d’aujourd’hui avec des portes dimensionnées pour que les chariots passent en hauteur, et des plafonds plus bas et un cloisonnement plus épais à certains endroits pour conserver la production de froid à l’intérieur et maintenir la production à 3 degrés.
« C’est une vraie révolution technique pour la Cotinière ! », estime Jean-Louis Bouquet, le directeur du projet pour Vinci. « Cette restructuration avait pour objectif la sécurité des pêcheurs et des mareyeurs, qui travaillent au quotidien avec des outils dangereux ». Pour Dominique Rabelle, c’est aussi la pérennité des emplois qui était en jeu : « l’objectif n’est pas d’augmenter les tonnages mais de maintenir à terme les 700 emplois directs et indirects générés par l’activité du port, à l’heure où un certain nombre de jeunes oléronais ont repris les bateaux de leurs parents ».

(1)    Ces pêches là ne passent pas par la criée et sont récupérés directement par des transporteurs.

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