« Notre société tient par la base, par la solidarité » Sophie Borderie, présidente du CD47


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« Notre société tient par la base, par la solidarité » Sophie Borderie, présidente du CD47

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 02/04/2020 PAR Sybille Rousseau

Aqui ! : Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire que nous vivons depuis quelques semaines déjà ?
Sophie Borderie :
Cette crise a effectivement de nombreuses conséquences et notamment sur la vie des Lot-et-Garonnais et des Lot-et-Garonnaises. Je pense bien sûr à eux. Le confinement qui nous est imposé aujourd’hui à nous tous est une réelle nécessité pour arriver à vaincre ce COVID.

@ ! : Depuis le début de votre mandature, votre emploi du temps est rythmé par les visites de terrain pour aller à la rencontre des acteurs du territoire. A cause du confinement, comment exercez-vous votre fonction de Présidente du Département ?
S. B. :
Bien évidemment, aujourd’hui, je suis peu sur le terrain car je respecte le confinement. Donc je travaille essentiellement de chez moi avec la collectivité, mes collaborateurs, le directeur général des services et le cabinet. J’organise aussi des visioconférences avec les différentes directions et pour ce qui est des partenariats, nous organisons des réunions plusieurs fois par semaine avec les services de l’Etat, la Préfète où se joint l’ARS, également avec les autres Départements chapeautées par le Président de la Région Alain Rousset.

@ ! : Quand la pandémie s’est déclarée, comment vous êtes-vous organisés au sein de la collectivité ?
S. B. :
Un plan de continuité d’activités a été mis en place très rapidement, ce qui a permis qu’il n’y ait pas de rupture d’activités. Du reste, je tiens à remercier tous les agents départementaux. C’est dans ces moments singuliers que nous mesurons réellement la capacité d’adaptation d’une organisation. Donc ma première préoccupation a été de pouvoir montrer à celles et ceux qui ont besoin de nous que nous étions toujours bien présents.

« Notre commande de masques n’est toujours pas arrivée »
@ ! : Quotidiennement, il est question du manque de masques. Qu’en est-il de la situation en Lot-et-Garonne ?
S. B. :
Il faut être clair aujourd’hui. La question des masques est une question très prégnante, parce qu’elle concerne de nombreux corps de métiers. Le marché mondial est saturé. La marchandise circule très difficilement malgré l’annonce d’un pont aérien. Nous, nous avons fait une première commande de 250 000 masques via le Conseil régional qui n’est toujours pas arrivée. Et une deuxième commande qui va peut-être arriver dans les jours à venir. Mais c’est vrai que nous rencontrons une grosse difficulté dans l’approvisionnement des masques. On sait bien qu’il y a une nécessité d’équiper le personnel soignant, qui normalement a une dotation de l’Etat via l’ARS, mais aussi d’autres professionnels tels que les assistants de vie sociale, les aides ménagères, les infirmières libérales mais aussi dans les foyers d’enfance. Un grand nombre de structures sont en demande, elles sont en difficulté et du coup nous aussi.

@ ! : L’action du Département touche également au secteur de la petite enfance. Qu’avez-vous mis en place en direction des enfants du personnel de santé ?
S. B. :
En 48h nous nous sommes organisés. Aujourd’hui, en Lot-et-Garonne, 16 crèches et 10 micro-crèches sont maintenues ouvertes, y compris le week-end si nécessaire, pour accueillir les enfants des personnels soignants mais aussi depuis cette semaine, les enfants des forces de l’ordre et du SDIS. En dehors de ce dispositif d’accueil dédié, les assistantes maternelles sont, elles aussi, mobilisées pour poursuivre la garde des enfants dont les parents maintiennent leur activité professionnelle, en présentiel sur leur lieu de travail ou en télétravail à domicile. Aussi, près de la moitié des assistantes maternelles ainsi que quelques unités collectives -dont la capacité ne doit strictement pas dépasser 10 enfants- continuent à accueillir les enfants. Egalement, les agents de PMI du Département sont auprès de ces professionnels pour les accompagner dans ce contexte si particulier où ces accueils sont soumis à la règle du confinement et aux mesures de prévention du COVID 19.

@ : ! Autre compétence, celle de l’action sociale. Comment avez-vous agi dans le secteur des services d’aide à domicile ?
S. B. :
Les Fédérations ont très rapidement attiré notre attention sur le problème des masques notamment. Grâce à la mobilisation des Départements, dont celui de Lot-et-Garonne, et des associations d’aide à domicile, l’arrêté ministériel du 16 mars 2020 a intégré les services d’aide à domicile dans les personnels dotés sur stock national. Dans l’attente de la livraison de l’Etat, le Département a déjà mis à disposition 3 000 masques dit « d’amorçage » pour les services d’aide à domicile. Aussi, nous sommes au quotidien en relation avec les différentes fédérations, car elles rencontrent des difficultés tous les jours pour honorer les plans d’aides qui sont prescrits notamment par le Conseil départemental. Nous sommes là en soutien, et nous continuerons à les soutenir financièrement à la même hauteur que précédemment.

« Le Département a un rôle majeur à jouer »
@ : ! Cette crise sanitaire va entraîner immanquablement une crise économique et elle est déjà palpable aujourd’hui. Quelle est la position du Département par rapport à cela, car la compétence économique est plus du ressort de la Région ?
S. B. :
Sur ce point-là, je suis, avec la majorité, très attentive. C’est certain il faut agir vite pour régler cette crise sanitaire mais il est aussi important de limiter les répercussions sur l’ensemble du tissu économique et social. Donc, j’ai pris pour cela des mesures immédiates en direction des fournisseurs et prestataires du Département qui n’auront aucune pénalité et dont les factures seront réglées en temps et en heure. Et par ailleurs, nous travaillons également avec le Président de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset pour que les Conseils départementaux puissent venir en complément du Plan de soutien régional.
Mais je pense aussi à tous les responsables associatifs et à leurs bénévoles qui se demandent comment ils vont réussir à surmonter cette période. Donc là aussi nous serons à leurs côtés, nous les soutiendrons en assurant le versement des subventions de fonctionnement attendues pour éviter les tensions de trésorerie.

@ ! : Et justement vous venez en aide aux associations et notamment à celles qui distribuent des denrées alimentaires. De quelle manière ?
S. B. :
Alors, le service restauration scolaire de la collectivité a interrogé tous les collèges publics pour recenser les produits frais en stock, afin que ceux-ci ne soient pas perdus et puissent être utilement redistribués. Résultat des courses : 600 litres de lait, 290 kilos de fromage et de beurre, et 620 kilos de fruits et légumes, soit une tonne et demie de denrées alimentaires. Nous avons donné ces produits aux associations caritatives. C’est l’AFDAS qui se charge de piloter la collecte des denrées au bénéfice des associations caritatives qui ont exprimé des besoins telles que l’AFDAS, l’Association familiale protestante, le Secours populaire, la Croix Rouge et les Restos du Cœur.

@ : ! Même s’il est trop tôt pour dresser un bilan de cette crise, d’après vous que faudra-t-il en tirer ?
S. B. :
Je pense qu’aujourd’hui nous touchons du doigt, dans cette période singulière, les limites notre société néo-libérale. On voit bien que notre société tient par la base, elle tient par la solidarité, par la bonne volonté des uns et des autres, par notre bienveillance. Elle tient par ce que nous sommes tous ensemble. Alors, c’est vrai que ça questionne en profondeur nos modèles de développement. Mais je reste convaincue que le Département, collectivité de proximité, a un rôle majeur à jouer pour inventer sans aucun doute un nouveau modèle demain.

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