Malgré les oppositions, le chantier de la déviation de Beynac avance


Claude -Hélène Yvard

Malgré les oppositions, le chantier de la déviation de Beynac avance

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 16/10/2018 PAR Claude-Hélène Yvard

Germinal Peiro, le président du Conseil départemental de la Dordogne en fait la promesse : « il y aura d’autres visites de chantier de la déviation de Beynac, pour les scolaires, les professionnels du bâtiment, les élus. » Pourtant, la première visite organisée mardi matin  par le Département à l’intention de la presse a été mouvementée. Pendant près d’une heure et demie, une quinzaine d’opposants historiques au projet, dont des élus ont bloqué les véhicules qui devaient se rendre sur le chantier avec des banderoles sur lesquelles étaient inscrit « fiasco garanti », « contribuables pris en otage ». Certains se sont couchés devant les véhicules. Germinal Peiro est resté enfermé dans sa voiture, refusant d’aller discuter avec eux. La tension est montée d’un cran, lorsque Philippe d’Eaubonne, un opposant historique au président du Département, s’est avancé pour lui parler. Germinal Peiro a claqué la portière. Sur place, le climat entre personnes favorables au projet et opposants est de plus en plus tendu.
Un manifestant a même fabriqué une pancarte « Ceausescu dehors », en référence aux propos de Stéphane Bern. Lundi soir sur France 5, le Monsieur Patrimoine d’Emmanuel Macron, opposé au projet de contournement de Beynac, a qualifié Germinal Peiro de « Ceausescu de la Dordogne », le comparant à l’ex dictateur de Roumanie. Les opposants se présentent comme des contribuables en colère considérant ce chantier comme un scandale. Jean Altmann, élu de Beynac, juge ce projet inutile et conteste les chiffres des flux de véhicules dans la traversée de Beynac annoncés par les services du Conseil départemental. « Au pire, il est dangereux, ce projet onéreux va occasionner un risque en terme de sécurité routière, alors qu’il n’y a jamais eu d’accident grave. » Arrivés rapidement sur les lieux, les gendarmes, sur ordre de la préfecture, ont ouvert la route dans le calme. La visite de chantier a pu débuter, avec près d’une heure et demie de retard sur le programme prévu. La bataille est loin d’être terminée, car le Conseil d’Etat a accepté d’examiner deux recours et doit se prononcer sur l’examen d’un troisième dans les prochains jours.

Une quinzaine d'opposants ont pertubé la première visite de chantier mardi matin

Les travaux avancent sans retard
Après ce début de visite mouvementé, Germinal Peiro et les services du Département ont présenté l’avancée du chantier de la déviation de Beynac, un projet vieux de trente ans, dont l’objectif est de réduire le flux de véhicules, notamment en période estivale dans la traversée du bourg. Autour de ces chiffes, c’est la bataille entre ceux qui soutiennent le projet et les opposants. 

Sur le terrain, chacun peut se rendre compte que le chantier avance et selon le calendrier prévu. Le projet consiste à réaliser un contournement routier de 3,2 kilomètres du village de Beynac dont la mise en service est annoncée pour juillet 2020. Trois communes sont concernées par le tracé : Saint Vincent de Cosse, Castelnaud la Chapelle et Vézac.  Après une phase préparatoire débutée en février dernier , les travaux ont été véritablement lancés en septembre. Actuellement, entre 60 et 70 personnes sont en permanence sur le chantier : la moitié s’active à la réalisation des deux ponts qui enjamberont la Dordogne, le pont du Pech à Saint-Vincent-de Cosse et le pont de Fayrac à Vézac. « On a profité de l’opportunité de ce contournement routier pour y associer une voie réservée aux mobilités douces, qui est en réalité un tronçon de la vélo route voie verte, la V91 de la vallée de Dordogne, précise Jacques Forest, directeur adjoint du service des routes du Département. Cette voie devrait faire 3,5 km.

 

es deux ponts seront parfaitement alignés avec les ponts SNCF déjà existants, pour que la voie ferrée franchisse la rivière.

A Vézac, les travaux conduits par Bouygues et Maeg sous la maîtrise de Setec en sont à la réalisation des piles du pont. Les piles doivent être achevées avant fin février, comme le stipulent les contraintes environnementales. A Saint Vincent de Cosse, le pont est plus avancé : une pile est déjà réalisée sur les sept que comptera l’ouvrage. « Les ouvrages ont été pensés pour s’intégrer dans le paysage de la vallée de la Dordogne. « Ce sont des ponts assez effilés, en acier qui a une patine ressemblant un peu à la rouille », explique Olivier Bruant, de la Setec.  « Les piliers sont en forme de Y, avec une grande branche qui soutiendra la route, et une branche qui soutiendra la voie verte ». Ces deux ponts seront parfaitement alignés avec les ponts SNCF déjà existants, pour que la voie ferrée franchisse la rivière. C’est une façon de les intégrer dans le paysage. « Il y a une vraie transparence. Quand on sera sur la Dordogne, on devinera les ouvrages, mais on aura une continuité dans les portées des deux ponts », ajoute-t-il.

A Castelnaud, les ouvriers ont coulé une dalle de pré fabrication et de rippage pour le pont ferroviaire des Milandes

Sur la commune de Castelnaud la Chapelle, l’impact du chantier est plus visible : le déboisement est réalisé, les engins sont à l’oeuvre pour le terrassement. La future route sera au plus près de la voie ferrée : le projet prévoit que les voies remontent d’une dizaine de mètres avant de passer sous la voie ferrée au pont rail des Milandes. Sur cette partie du chantier, c’est la SNCF qui assure la maîtrise d’oeuvre par convention avec le Département. Une dalle de préfabrication et de rippage a été coulée à quelques mètres de la voie ferrée. La pose du pont rail des Milandes est prévue le week-end des 8 et 9 mai 2019 et devrait entraîner une interruption de la circulation des trains pendant 72 heures. Pour réaliser cette opération, une brèche sera réalisée sous les rails. 

Accompagnement paysager
« L’architecture particulière des ouvrages s’accompagne d’un aménagement paysager par des plantations. Il est prévu de planter plus de 27 000 arbres et arbustes, précise Jacques Forest. Près du château du Fayrac, il est prévu un modelé paysager, sorte de tas de terre qui doit protéger visuellement et phoniquement l’édifice. Un des objectifs est de rendre le projet, une fois achevé quasi invisible. On cachera également la voie ferrée. Une partie des arbres existe déjà.  Dans un an et demi, personne ne verra que c’est une route neuve, car nous allons ensemencer et planter 27.000 arbres et végétaux à mesure que les travaux avancent pour que tout puisse se fondre dans le paysage », ajoute Germinal Peiro.  Le président du Département s’est voulu rassurant sur le budget : « Nous sommes toujours à 32 millions d’euros : certains marchés se sont révélés inférieurs aux prévisions mais nous avons enregistré quelques surcoûts, notamment ceux liés à la couleur du béton des piles de Saint Vincent de Cosse. L’ensemble du chantier doit être achevé pour le début de l’été 2020, à moins que les aléas climatiques ou des manifestations d’opposants viennent gêner le déroulé des travaux. 

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