Les Restos du Cœur : un chemin vers l’insertion


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Les Restos du Cœur : un chemin vers l’insertion

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/11/2015 PAR Sybille Rousseau

Un épais brouillard caresse les bords de Garonne en ce matin de novembre… Les premières lueurs du jour pointent à peine leur nez que déjà les petites fourmis s’affairent dans l’Entrepôt. Omid, l’encadrant technique des salariés en insertion, inscrit sur un tableau les équipes des bénévoles- salariés pour la ramasse. La valse des camions débute alors pour effectuer la tournée des grandes surfaces et récolter les denrées alimentaires nécessaires pour la distribution dans les centres d’activité.
Huit salariés travaillent quotidiennement à l’Entrepôt dans le cadre d’un chantier d’insertion. « Un chantier qui permet d’offrir aux personnes en difficulté une opportunité de se réinsérer dans la vie sociale et professionnelle », précise Yannick, bénévole depuis 2011 aux Restos et responsable de l’Entrepôt depuis 2014. « Ici, nous formons les gens éloignés de l’emploi. Ils préparent les commandes, pour ceux qui détiennent le CACES nous les faisons pratiquer, ils chargent et déchargent les camions, nous leur apprenons également toutes les règles de sécurité », détaille Omid. « Ce chantier a bel et bien un double objectif : réhabituer le salarié en insertion à travailler et lui faire acquérir des compétences et de la pratique. » Des salariés au cœur des chantiers…

Rachid ou l'art de manier le charriot élévateur

Installé confortablement dans son charriot élévateur, Rachid, 29 ans, s’occupe de déplacer des palettes. Avant d’être embauché, le 1er avril dernier, il était demandeur d’emploi.
« Mon permis de cariste en poche, je pensais trouver facilement du travail, raconte-t-il. En fin de compte personne ne m’a donné ma chance faute d’expérience… » C’est alors que le PLIE –le Plan local pluriannuel pour l’insertion et l’emploi – lui propose une offre d’emploi de cariste aux Restos du Cœur. Rachid postule immédiatement et est pris. « Les débuts furent difficiles, se souvient-il, le regard perdu dans ses pensées. Car l’esprit des Restos c’est tout le monde ensemble. Moi, quand je ne connais pas je ne me mélange pas, je restais donc dans mon coin. » Mais, petit à petit, Rachid se fond dans le moule. « Aujourd’hui, tout va bien et je suis bien heureux d’être là ! » Le 31 mars prochain, son contrat s’achèvera. Rachid l’assure il sera « triste » de quitter cet endroit où il se sent bien, et pense déjà à l’après « décrocher une formation pour devenir annonceur sentinelle à la SNCF. » Patrick et sa petite reine…

Patrick le

Sept salariés sont donc affectés sur le site même de l’Entrepôt. Le huitième n’est pas très loin… Au milieu de roues, chambres à air, boulons et autre cadres, Patrick, 61 ans, muni de ses gants bleus, répare inlassablement et quotidiennement des vélos dans son atelier. Comme les autres salariés en insertion son parcours est chargé d’émotion. Vers 50 ans, mis sur la touche par son entreprise, il découvre le chômage. « Maquettiste en packaging, les machines et sous-traitants ont petit à petit remplacé notre travail manuel… », se souvient-il. Depuis, ce photographe passionné va de petits boulots en petits boulots, principalement des contrats aidés à temps partiel, type CUI et CAE « surtout dans l’Education nationale ». En 2014, Patrick « touche le fond ». Plus de revenu, ni allocation. « J’ai tenu 6 mois puis j’ai commencé à emprunter de l’argent à des proches. » C’est alors qu’il entend parler d’une offre d’emploi aux Restos du Cœur pour l’atelier vélo. « Je m’y suis donc pointé mais malheureusement la place n’était pas disponible dans l’immédiat. » Mais Patrick ne lâche pas le morceau. Chaque semaine, il relance… En janvier 2015, il décroche un emploi à l’approvisionnement. Et en octobre dernier intègre « enfin » l’atelier vélo. Son contrat doit prendre fin le 31 décembre prochain, mais, étant proche de la retraite, il espère être prolongé. En tout cas, Patrick se dit ravi d’avoir été accueilli aux Restos « c’est l’endroit le plus cool où j’ai jamais bossé ! », conclut-il. Thierry ou l’après Restos

Thierry le passionné d'équitation

Thierry, lui, a travaillé à l’Entrepôt d’octobre 2014 à août 2015. Passionné d’équitation, il avait une petite affaire en Haute-Garonne. Mais la situation tourne mal. Possédant un cheval son principal objectif est alors de le mettre à l’abri. Il décide donc de s’installer en Lot-et-Garonne chez sa mère, et de placer son cheval à la Croix Blanche. « Cette descente aux enfers » l’amène à Pôle Emploi. Là il rencontre une conseillère passionnée comme lui d’équitation. « Elle était à même de comprendre ma situation, c’était vraiment rassurant. » Elle lui trouve des offres d’emploi notamment aux Restos du Cœur. C’est ainsi que le 1er octobre 2014, Thierry foule pour la première fois le sol de l’Entrepôt. Pendant onze mois, il préparera les commandes, fera la ramasse, mais surtout sera « accompagné ». « Quand je suis arrivé ici, se remémore-t-il, je ne savais plus où je voulais aller. Yannick (bénévole responsable de l’Entrepôt) et Joël (encadrant technique) m’ont permis de me rassurer mais aussi et surtout d’exister grâce au travail, ce fut vraiment une aubaine pour moi ! » Pour préparer son après Restos « même si on ne se prépare jamais vraiment… » Thierry aidé d’Emmanuelle, en charge de l’accompagnement des salariés en insertion, et de Cathy, bénévole insertion, trouve une formation pour devenir moniteur d’équitation qu’il intègre le 1er septembre dernier après avoir réussi avec succès les tests d’entrée en mai dernier. Cette formation est dispensée au CFA des Métiers du Cheval à Villeréal en alternance chez un agriculteur de Monbalen qui les héberge lui et son cheval. Aujourd’hui, Thierry n’aspire qu’à une seule chose retrouver son fils, sa belle-fille et sa petite-fille qui habitent dans la Drôme et « peut-être devenir gérant d’un centre équestre ou moniteur ». En tout cas, Thierry n’oublie pas de renvoyer l’ascenseur. Il vient de s’engager aux Restos pour devenir chauffeur bénévole dans ses temps libres le vendredi matin.

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