Les élèves vétérinaires sensibilisés aux besoins


Alain Rousset a présenté son projet de 5ème école vétérinaire publique prévue à Limoges. Un projet qui répond à la nécessité de former et d'installer plus de vétérinaires ruraux dans la région

Les élèves sont allés à la rencontre d’exploitants agricolesCorinne Merigaud et Lucie Montibus

Les élèves sont allés à la rencontre d’exploitants agricoles

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/09/2022 PAR Corinne Merigaud

Pour la deuxième année, les 160 élèves qui vont intégrer les quatre écoles vétérinaires passent une semaine d’intégration en Limousin. Histoire de prendre le pouls de leur futur métier et de découvrir une région où les besoins dans les territoires ruraux sont immenses… Et pourquoi pas s’y installer un jour.

Donner envie aux futurs vétérinaires de « faire de la rurale » et de préférence en Nouvelle-Aquitaine, voilà bien le message lancé aux 160 élèves vétérinaires des quatre écoles publiques françaises qui sortent du lycée le Bac en poche. Cette semaine, ils sont tous réunis à Limoges pour une formation en commun avant d’intégrer leurs écoles respectives à Maisons-Alfort, Toulouse, Lyon et Nantes. Ils ont découvert la station de qualification des jeunes taureaux de Lanaud, la jumenterie de Pompadour et ont rencontré des éleveurs. Lors d’une table-ronde sur leur future profession, ils ont pu échanger avec des professionnels sur leurs conditions d’exercice et leur vie afin qu’ils se projettent dans leur futur métier.

A cette occasion, Alain Rousset est venu à leur rencontre pour leur rappeler l’importance de leur choix. « La plupart d’entre vous va s’occuper du chien et du chat à sa mémère. Mais je veux que l’on s’occupe aussi des vaches, des veaux, des cochons, des chevaux et des moutons leur a-t-il lancé, c’est indispensable. Je veux sauver l’élevage en Limousin et en Nouvelle-Aquitaine, l’école vétérinaire que je veux construire à Limoges est essentielle. Et si vous pouviez revenir en Nouvelle-Aquitaine après vos études, ce serait mieux ! » Message reçu…

Un plan de soutien de 26 millions d’euros

Le président de la Région a abordé les contours de son projet inscrit, depuis le 20 juin, au Contrat de Plan Etat Région (2022-2026) avec un engagement de la Région supérieur à 26 millions d’euros. « En France, on ne forme pas assez de vétérinaires dans les établissements publics, seulement 48 %. Les autres partent en Espagne, Belgique, Roumanie. En tant que président de la première région agricole d’Europe en valeur ajoutée, il m’appartenait de relever le défi, d’où l’idée de cette cinquième école publique. La Région est prête à financer un bâtiment qu’on équipera dans quatre ou cinq ans pour former vos successeurs. »

Alain Rousset a présenté son projet de 5ème école vétérinaire publique prévue à LimogesCorinne Merigaud et Lucie Montibus

Alain Rousset a présenté son projet de 5ème école vétérinaire publique prévue à Limoges

Sa création se fera par étape, en concertation avec la profession, le monde agricole, l’Ordre des vétérinaires, le Ministère de l’agriculture, les écoles vétérinaires, l’Enseignement supérieur et les collectivités locales. Ce projet vise à compléter les dispositifs actuels de formation, en s’appuyant sur les besoins spécifiques de l’activité en secteur rural. Au menu aussi, formation et approches innovantes pour un parcours d’études compétitif.

Car l’enjeu est bien là : enrayer le manque de professionnels en zone rurale. En Nouvelle-Aquitaine, ils sont 2 154 à exercer mais de plus en plus nombreux à s’installer en ville où l’activité est plus rentable. Avec, pour conséquence première, une baisse de 18,5 % du nombre de vétérinaires en cinq ans pour soigner les animaux de production. Ils ne sont que 21 % à l’échelle régionale, 11 % exerçant en mixte et 10 % exclusivement auprès des éleveurs.

Deuxième conséquence, les délais d’intervention se rallongent avec un impact sur la situation sanitaire des cheptels et des pertes économiques lourdes en cas de décès d’animaux. La Nouvelle-Aquitaine compte maintenir la qualité de ses élevages et son rang de première région agricole, ce qui sera intenable demain sans un maillage suffisant des vétérinaires sur ce vaste territoire.

« Le mode de vie à la campagne me plairait mais… »

En plus de ce projet d’école, les élus régionaux ont donc voté des mesures incitatives fortes. Ainsi, dans le cadre de leur 5ème année d’approfondissement, six étudiants inscrits en Master 2ème année « One health et santé publique » de l‘Université de Limoges se verront attribuer 6 000 euros chacun si leur projet professionnel est en lien avec l’exercice du métier de vétérinaire auprès des animaux de rente. En contrepartie, ils exerceront en Nouvelle-Aquitaine, en rural ou mixte, durant cinq ans minimum.

Pour les stages tutorés, les structures d’accueil labellisées en zone rurale percevront une aide de 3 000 € par étudiant avec un objectif d’accompagnement de quinze étudiants par an, tout en privilégiant les zones en tension vétérinaire et/ou présentant une densité d’élevage importante. Durant ces stages, les élèves bénéficieront d’indemnités de logement et de déplacement pour les inciter à se former à la campagne.

Par ailleurs, les élèves des lycées agricoles de la région pourraient être sensibilisés au métier et suivre une préparation pour entrer en école vétérinaire. Un soutien sera aussi accordé aux élèves ayant un profil agricole pour les encourager à poursuivre leurs études après un BTA ou un diplôme d’ingénieur.

Les 160 élèves de 1ère année sont réunis à Limoges pour une semaine d’intégration.   Corinne Merigaud et Lucie Montibus

Les 160 élèves de 1ère année sont réunis à Limoges pour une semaine d’intégration.

Enfin, une aide à l’installation pour 120 jeunes vétérinaires d’animaux de rente est envisagée dans les cinq ans dans le but de compenser la moitié des départs en retraite dans la région en favorisant les cabinets existants et la structuration de la profession pour éviter des installations en solo trop contraignantes.

Cette semaine d’intégration et les aides incitatives pourraient faire pencher la balance à l’image de Marie. « C’est plutôt le cadre et le mode de vie à la campagne qui me plairait plus que les animaux de production en premier avoue-t-elle, mais la quantité de gardes est contraignante. » Sa camarade de promotion Victoria a pris conscience de la déprise vétérinaire dans le milieu agricole . « Les éleveurs nous ont dit « merci d’être là et on espère vous revoir dans six ans », relate la jeune fille. Je ne m’imaginais pas en milieu rural avant mais, après cette journée, peut-être que je pourrais faire du mixte animaux de compagnie et rural car on a plus besoin de nous… Mais c’est compliqué car le vétérinaire est un peu submergé en rural. » Ils auront six ans pour approfondir leur projet professionnel.

Infos pratiques !

Avant de rencontrer ces élèves, Alain Rousset a visité le lycée professionnel du Mas Jambost, à Limoges, qui a bénéficié d’une aide régionale de 3 M€ pour des travaux de restructuration, mise en accessibilité et d’isolation intérieure. Ce lycée est très impliqué dans le campus des métiers et qualifications « céramiques » depuis 2020 afin de développer l’attractivité des formations et métiers relative à cette filière.

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