Les attentes de Maxime, le basque sportif et handi


A presque 29 ans, Maxime Cabanne, sportif handi en surf et en pelote basque exprime ce qu'il attend du prochain quinquennat, au regard de son vécu et de son engagement.

Maxime Cabanne, sportif et handi veut l'égalité pour tousFédération française de surf

Maxime Cabanne, sportif et handi veut l'égalité pour tous

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 22/03/2022 PAR Claude-Hélène Yvard

L’élection présidentielle a lieu les 10 et 24 avril prochains. Avec la série « Présidentielle, mes attentes, mes espoirs, » Aqui va à la rencontre de citoyens aux parcours variés, pour qu’ils expriment ce qu’ils attendent du prochain quinquennat, au regard de leur situation particulière, leurs difficultés et leurs espoirs. Le premier de cet série de portrait, c’est Maxime, le basque. Le jeune homme, devenu paraplégique suite à un accident de la route, s’est reconstruit grâce à une pratique sportive assidue et s’engage désormais pour les autres. Il ira voter même s’il n’a pas encore fait son choix.

« Dix-huit ans, normalement c’est l’une des plus belles années de sa vie. Ce fut sans doute la pire. Comme tout jeune homme, j’avais des rêves plein la tête, je jouais au rugby avec mes copains. Je m’apprêtais à passer mon diplôme. Tout juste titulaire du permis de conduire, j’ai eu un accident et je suis tombé dans un ravin. J’ai compris de suite que je ne marcherai plus jamais », indique Maxime Cabanne.

Dix années ont passé : Maxime Cabanne s’est reconstruit grâce d’abord à son rééducateur du centre de rééducation. Il est paraplégique incomplet car il a pu récupérer un peu de motricité dans les jambes  et les cuisses. « Au départ, c’est compliqué, on se sent prisonnier de son corps qu’on ne reconnaît pas. Très vite, dans ce monde du handicap totalement inconnu pour moi, j’ai décidé de faire confiance au personnel soignant. Heureusement, pendant toute cette période de reconstruction, j’ai pu rester au Pays Basque, près de mes proches et de mes amis du rugby et compter sur eux. » Avant l’accident, Maxime était très sportif : rugby, vélo, ski, sorties en montagne. Au fil des mois, il va recommencer à faire du sport, alors qu’au début, il pensait que c’était impossible : au départ, ce fut des petites choses et puis son esprit de compétition va reprendre le dessus..

Compétition et engagement associatif

Sa pratique sportive devient assidue : il obtient deux titres de champion de France de para surf en 2015, puis un titre de vice champion d’Europe au Portugal en 2019. Il a aussi décroché trois titres de champions de France de pelote basque en fauteuil en 2019. Maxime Cabanne est autonome grâce à sa voiture équipée. « Mon véhicule me permet de me déplacer et surtout de conserver ma liberté. De ce fait, j’emprunte peu les transports en commun du BAB : trop peu sont adaptés. Et puis, c’est pas simple de transporter ma planche de surf avec le fauteuil. »

Il vit aussi l’autonomie dans son logement, qu’il a acquis fin 2015. Le jeune homme conserve une pratique sportive quasi quotidienne surf, pelote basque avec un fauteuil adapté et du ski l’hiver en loisirs. » Le sport fait partie intégrale de ma vie. J’ai fait de mon handicap une force; une raison de vivre et de vouloir pousser les autres encore plus haut. La vie ne se résume pas à l’état de son corps mais à une façon de voir les choses. J’ai découvert le surf en 2013. C’est un sport qui me permet de me sentir valide comme avant mon accident, qui me donne des sensations nouvelles et me procure du bien-être. »
Lors de son accident, il était apprenti plombier et n’a pas eu la possibilité de passer son diplôme, même pas la théorie. Il n’exerce donc pas d’activité professionnelle, mais a un fort engagement associatif.

Changer le regard sur le handicap

« Je suis référent handicap en Pays Basque pour l’association « Comme les autres », qui organise des séjours à sensations fortes pour des personnes en situation de handicap moteur, sortant de centre de rééducation. Particularité, ce type de séjour associe personnes valides et handis. Un des objectifs est de changer le regard sur le handicap. » Maxime Cabanne a aussi un autre projet, audiovisuel celui-ci. Avec son rééducateur, Michel Garcia, qui est aussi vidéaste, et deux amis, il projette de se rendre en Norvège et d’aller surfer sur les aurores boréales et d’y réaliser un tournage.

« L’objectif est de démontrer que le handicap n’est pas une fatalité,  d’apporter de la motivation aux personnes accidentées, de changer le regard sur le handicap », explique Maxime. Ce film quand il sera abouti est destiné à être présenté en festivals, sur les réseaux sociaux, à la télévision et en centres de rééducations. Avant d’y parvenir, il manque environ 15 000 euros de budget. Maxime Cabanne interpelle les fondations et les entreprises pour qu’elles adhèrent à son projet et aident au financement. « A terme, j’aimerai réaliser d’autres documents audiovisuels du même type et créer mon activité professionnelle ». 

L’accessibilité, une priorité

En situation de handicap et engagé, Maxime Cabanne ira voter pour les Présidentielles, les 10 et 24 avril. « C’est essentiel d’exercer ce droit. Ce sera la troisième fois. Je n’ai pas encore fait mon choix. Je suis moins les actualités depuis la période Covid, car c’est anxiogène ». Maxime regrette que le sujet handicap soit très peu abordé par les candidats à l’élection ou de manière caricaturale par un candidat, ce qui l’a mis en colère.

Pour le jeune homme, ce qui doit être la priorité c’est l’accessibilité aux lieux publics, les restaurants, les lieux de loisirs. « Il y a du progrès, mais il y a beaucoup de retard. Une plateforme d’accès en panne dans un bus, c’est assez courant. Quant on parvient à accéder dans un lieu, parfois ce sont les toilettes qui ne sont pas accessibles à une personne en fauteuil. J’arrive à m’adapter à pas mal de situations, mais pour ceux qui ont un handicap plus lourd, c’est très compliqué et cela devient un frein pour sortir pour avoir un lien social »

Simplification administrative

Si Maxime Cabanne mène une vie sociale épanouie, il ne gère pas l’administratif.  » C’est ma maman qui gère encore mes papiers et là c’est un enfer. Il va falloir que je m’y mette, elle ne sera pas toujours derrière moi. Une des priorités, serait la simplification administrative. Là actuellement, ma carte de stationnement n’est plus valide depuis la fin 2021. On a refait le dossier en prenant de l’avance et je n’ai pas encore reçue la nouvelle. Il faut plusieurs années pour qu’elle soit attribuée à vie. Les délais sont extrémement longs et c’est assez complexe. Il manque toujours un papier. Autre aberration du genre, mon dossier MDPH doit être refait régulièrement, comme si ma situation allait changer. Je sais que l’usage de mes jambes est perdu à jamais. Visiblement pas l’administration. »

Le jeune homme souhaite que le futur locataire de l’Elysée s’empare du sujet et que soit actée une vraie simplification administrative. L’enjeu pour les personnes handicapées, estime t-il, c’est l’accès aux droits. « Si j’avais un seul mot à dire au futur Président de la République qui sera élu, c’est lui rappeler que, quel que soit son parcours de vie, nous sommes tous égaux en droits. L’égalité, un des trois termes de notre devise républicaine, doit devenir une réalité pour tous. « 

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