Le film documentaire américain « Mission régénération », réalisé par Joshua Tickell et Rebecca Harrell Tickell et sorti en novembre 2022, est au cœur de débats organisés par le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement (CAUE) de la Dordogne en ce mois de mars. Six projections ont été organisées à travers le département, dont dernièrement, jeudi 23 mars, à la salle culturelle de Villamblard.
Aux manettes, Salomé Haas, animatrice territoriale du CAUE, en charge de la gestion de l’application mobile « Aux actes » lancée en juillet 2022. « L’objectif est que les habitants du département puissent trouver dans cette application un maximum d’informations sur la transition écologique : qui sont les acteurs privés ou les institutions publiques qui agissent, et comment », glisse-t-elle.
Au-delà du support technique voulant rassembler ces ressources, des événements sont organisés pour réunir justement ces acteurs, fédérer un réseau, et identifier des projets sur le territoire. C’est dans ce cadre que s’inscrit la série des six ciné-débats autour du documentaire. Même si jeudi soir, comme depuis les premières projections, la forme du film a pu interroger, le fond fait consensus.
Le carbone, élément central
La théorie défendue par les réalisateurs du documentaire est simple : le sol est LA solution pour contrer le dérèglement climatique grâce à sa capacité à stocker le carbone. Le carbone, cœur du problème posé dans le film : l’humain, par sa respiration et ses activités, rejette du dioxyde de carbone, qui se stocke dans l’atmosphère, ce qui est en partie responsable de l’effet de serre et du réchauffement climatique.
L’idée ne serait donc plus de réduire les émissions de CO2, mais d’aller plus loin et de réduire le CO2 déjà présent dans l’atmosphère. Le sol entre alors en jeu : pratiquer le semis direct et arrêter le travail du sol, avoir des couverts végétaux en permanence, s’appuyer sur le rôle des prairies en élevage, tout cela permet d’avoir un sol vivant, qui absorbe le carbone et rejette l’oxygène dans l’air.
« Sur la forme, le film est caricatural. Mais sur le fond, dans les constats et la capacité à reconstruire des modèles agricoles fixant le CO2, c’est assez juste », estime Étienne Voisin. Ce dernier est l’un des trois associés du GAEC de Roussille à Douville, un élevage de vaches, moutons et porcs, avec 290 hectares de SAU (2/3 en prairies, 1/3 en cultures pour l’alimentation des animaux), en fin de conversion biologique.
Identifier de nouveaux systèmes de rotation des cultures pour limiter le travail du sol, se passer des herbicides en semis direct, réduire l’utilisation d’intrants ne sont qu’une partie des questions qu’il se pose. « L’agriculture conventionnelle était après la deuxième guerre mondiale une réponse à la demande faite de nourrir les populations. Sortir de ce système est possible, mais cela demande du temps. Et l’agriculture n’est pas la seule à avoir un rôle à jouer », lâche-t-il.