Le millésime 2009 : Des primeurs avant les primeurs


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Le millésime 2009 : Des primeurs avant les primeurs

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 16/03/2010 PAR Joël AUBERT

Un système imaginé, à la base, pour permettre aux propriétaires de vignobles de faire entrer au plus tôt de la trésorerie afin d’investir et de développer leurs exploitations. Depuis, les primeurs ont évolué vers un système avant tout spéculatif, les producteurs concernés fixant, à partir d’avril, les prix de leurs produits en fonction des données recueillies lors des dégustations. Le comportement des acheteurs vis-à-vis de ces prix dessinera l’avenir du millésime. Mais cela ne va concerner que quelques dizaines d’étiquettes, entre 70 et 100 selon les années et la qualité supposée du millésime. De ce point de vue, 2009 s’annonce favorablement.

Avant première
Mais, depuis plusieurs années, les Primeurs sont aussi devenus un moment fort de communication, y compris pour des vins qui ne sont pas vendus en primeurs. Des négociants proposent, ainsi, à la dégustation des vins d’autres régions et parfois d’autres millésimes. C’est le cas notamment chez Jean-Luc Thunevin à Saint-Emilion, qui dans la partie négoce de son activité, présente tous les vins qu’il commercialise ainsi que ceux qu’il réalise dans des propriétés où il a pris des participations.
Un autre phénomène se développe aussi depuis plusieurs années. Celui des pré-primeurs. Des dégustations sont ainsi organisées depuis déjà plusieurs jours, principalement pour des négociants ou des journalistes qui préfèrent anticiper la date officielle et éviter la foule des dégustateurs venus du monde entier.
Le château Lanessan, cru bourgeois Haut Médoc, à Cussac-Fort-Médoc, a ainsi fixé un premier rendez-vous au jeudi 18 mars pour présenter son 2009 en avant-première. L’occasion aussi pour Paz Espejo, œnologue et nouvelle directrice de la propriété, qui a succédé à Hubert Bouteiller, de communiquer sur le travail amorcé depuis son arrivée dans le courant de l’été 2009.

Une date en débat
On pourrait citer ainsi de nombreux autres exemples. « C’est vrai que le temps des primeurs a beaucoup évolué », constate le docteur Alain Raynaud. Président fondateur du cercle rive droite des grands vins de Bordeaux, qui rassemble près de 130 propriétés de différentes appellations girondines situées sur les rives droites de la Garonne et de la Dordogne, il fut aussi, dans les années 90, l’initiateur d’une première et importante évolution des primeurs.
« Jusque en 1994, les Primeurs n’étaient ouverts qu’aux journalistes, rappelle t-il. J’étais alors président de l’Union des grands crus. Nous avons, cette année là, décidé de les ouvrir aux autres acteurs tels que les mandataires, les distributeurs et même les détaillants. Afin qu’ils se forgent leur propre idée et ne s’en tiennent pas uniquement à l’opinion des journalistes. »
L’idée se souvient-il, n’a guère plus au négoce bordelais sur le moment, mais a incontestablement donné un élan. Les lieux de dégustation se sont multipliés et le débat s’est animé autour de la date où il fallait fixer les primeurs. Certains souhaitant qu’ils aient lieu plus tôt dans l’année, d’autre préférant les repousser afin de permettre au vin, alors en barrique depuis seulement quelques mois, d’évoluer un peu plus. « La période du début avril marque la fin des fermentations malolactiques. Il aurait peut être était mieux de fixer les Primeurs un peu plus tard. Mais se pose le problème des dégustations organisées dans la foulée, notamment en Italie et en Allemagne, mais sans vente à la clé, puisque cela reste une spécificité très bordelaise », relève Alain Raynaud.
Le cercle rive droite, pour sa part, a déjà effectué des déplacements il y a quelques jours, aux Etats-Unis et Angleterre, également pour faire découvrir le 2009 de ses adhérents. « Parce que tout le monde dit que le 2009 est un millésime intéressant. Nous avons souhaité que nos interlocuteurs anglo-saxons qui ne se déplaceraient pas pour les Primeurs en jugent par eux même. »

Pas de deuxième chance
Une démarche fondée sur l’idée que crise oblige, les dégustateurs se déplacent en moins grand nombre à Bordeaux et qu’en allant sur place on peut aussi toucher des décideurs intermédiaires qui ne feraient pas nécessairement le déplacement. Il reste que certains acheteurs de premiers plans, les fonds d’investissement spécifiques nés depuis que les grands vins s’étaient affirmés comme de bons produits spéculatifs, ne sont plus au rendez-vous depuis la crise financière.
Dès lors, Alain Raynaud regrette que Bordeaux n’ai pas su, depuis les années 90, mettre en place une structuration commerciale permettant de vendre les vins après les primeurs. Une sorte de deuxième chance pour les années où le millésime ne dispose pas d’une image porteuse.

Légende : Alain Raynaud, président du Cercle rive droite

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