L’accès au foncier, ce n’est bientôt plus ce que vous croyez


A l'occasion de la Conférence départementale du foncier rural dans les Landes, la Safer appelle à la multiplication des partenariats et de nouvelles sources de capitaux pour faciliter l'accès à la terre des porteurs de projets en agriculture.

Des jeunes dans un champ de maïscottonbro

Parce que nombre des installations d'aujourd'hui ne ressemble plus à celle d'hier, de nouveaux acteurs vont de plus entrer dans le jeu de l'accès au foncier des porteurs de projets - image d'illustration

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 23/11/2023 PAR Solène MÉRIC

Les Conférences départementales du foncier rural (CDFR), à l’image du rendez-vous landais qui s’est tenu en début de semaine à Haut-Mauco, c’est l’occasion pour les Safer de rencontrer leurs partenaires et interlocuteurs agricoles, forestiers, élus de collectivités locales, représentants de l’État, ou notaires, banquiers et partenaires associatifs. Des CDFR qui fêtent cette année leurs 15 ans sur l’ancien territoire aquitain et dont l’organisation, bien calée, revient dans un premier temps sur les chiffres du marché foncier rural local avant de laisser la place à des interventions et tables rondes, permettant d’évoquer les enjeux liés au foncier, à commencer par celui de l’installation agricole.

En France, le prix moyen du foncier agricole varie entre 6 000 et 6 500 euros l’hectare. Chez nos voisins européens, on est plutôt sur des moyennes entre 20 000 et 70 000 euros l’hectare.

Comme le souligne Jean-Michel Anaclet, président du comité technique Safer des Landes, « les installations d’aujourd’hui sont très diversifiées, on n’est plus dans le schéma traditionnel landais de l’installation avec maïs et canards ». Des exploitations souvent différentes, mais aussi des projets d’installations de plus en plus portés par des gens non issus du milieu agricole que ledit milieu aime qualifier de « hors cadres familiaux ». Pour ceux-là, engagés par « passion pour ce métier » mais aussi souvent avec « une forme de militantisme », les obstacles sont nombreux.

Beaucoup se lancent là dans une seconde vie, nécessitant des formations et compétences nouvelles, et surtout font face à la difficulté de l’accès à la terre. Et cela malgré les efforts payants d’observation et de régulation du marché foncier menés depuis des décennies par la SAFER. « En France, le prix moyen du foncier agricole varie entre 6 000 et 6 500 euros l’hectare. Chez nos voisins européens, on est plutôt sur des moyennes entre 20 000 et 70 000 euros l’hectare. C’est un gain de compétitivité qu’il nous faut garder », rappelle Philippe Tuzelet, directeur général de la SAFER Nouvelle-Aquitaine.

Renforcement de la préemption

Un engagement qui justifie, ces derniers temps, « un renforcement de la préemption foncière  des Safer », reconnaît le directeur régional. Utilisée jusque-là avec grande parcimonie, notamment dans le cadre de préemptions en révision de prix, l’ambition n’est pas bien sûr d’en faire l’outil principal de la structure foncière. S’il fallait illustrer dans le département landais, Bruno Lacrampe compte une augmentation de 50 % des préemptions réalisées au cours de l’année 2022 par rapport à 2021. Dans la réalité des 79 acquisitions foncières réalisées par la Safer des Landes en 2022, 3 seulement sont passées par le biais de la préemption. Il reconnaît d’ores et déjà cependant, que le chiffre devrait être un peu plus important en 2023.

Pour faire face à une pyramide agricole des âges qui s’effrite presque aussi vite que l’attractivité du métier pour les enfants d’agriculteurs, la question de l’accès à la terre reste plus que cruciale pour ceux qui tentent l’aventure hors cadre familial. Bien des dispositifs existent pour faciliter l’installation sur le plan foncier, sachant qu’outre la terre, les jeunes (ou moins jeunes) installés doivent aussi financer les bâtiments et outils de production, ainsi qu’un toit à se mettre sur la tête, à proximité de l’exploitation.

Un des outils phare de la SAFER est le portage foncier, qui permet aux jeunes de s’installer en décalant de 10 ans maximum l’achat du foncier, via le paiement d’un fermage à la SAFER, déductible au final du prix d’achat. Même dans ces conditions, l’essai de l’installation n’est pas toujours transformée. « Dans les Landes, nous arrivons au terme des premiers portages réalisés par la Safer pour le compte de jeunes installés. On constate qu’un tiers d’entre eux rachète, un tiers abandonne, un tiers ne rachète pas », liste Bruno Lacrampe.

De nouveaux partenaires indispensables au portage foncier

Or, l’opération n’est pas indolore pour la Safer, qui au bout des 10 ans de portage vend le solde du prix de la propriété au prix initial (moins les fermages) et non au prix du marché actuel. « Au niveau national, les SAFER ont pour 50M€ de stock de foncier dont 25M€ pour l’installation », illustre Philippe Tuzelet qui souligne par ailleurs que la SAFER subit elle-même les aléas actuels des taux d’intérêts des banques. Dans les Landes, « 177 ha sont en portage au profit de 12 jeunes agriculteurs pour un montant de total de près d’1,5 M € ».

La Safer vide le Titanic à la petite cuillère.

Face au besoin de soutien en capitaux des jeunes installés hors cadre familial, potentiellement nombreux _et tant mieux au regard de l’immense enjeu de la relève agricole_ « la Safer vide le Titanic à la petite cuillère, reconnaît Philippe Tuzelet. Il est indispensable d’aller chercher de nouveaux partenaires : l’État, les filières économiques qui pour certaines contribuent déjà, à l’image de coopératives viticoles en Gironde, la SCAR en Dordogne encore Océalia plus au nord de la région. Les nouveaux partenaires avec lesquels travailler se sont aussi les foncières de type Terres de liens, Fermes en vie et d’autres… »

En d’autres termes, l’époque est à la transition vers une nouvelle culture des dispositifs d’aide à l’installation, en recherche constante de besoins financiers, mais qui « va dans le sens du renouvellement des générations.»

Pour illustrer cette idée et ses réussites, le couple d’agriculteurs landais formé par Julie et Vivian Santos, est venu témoigner lors de la table ronde de son installation à Parleboscq, accompagnée par la Safer 40 et la foncière agricole et solidaire Fermes en vie. Un parcours pétri de détermination pour ces hors cadre familiaux qui forcent l’admiration, à relire dans les pages d’Aqui.

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