Un accès à la terre par la solidarité et l’innovation !


Cette exploitation dans les Landes était « aussi difficile à vendre qu’à acheter », mais l’intervention de la Safer, et l’innovation dans le dispositif d'accès à la terre ont ouvert tous les possibles.

Vivian Santos et Gérard-Michel CourtecuisseSafer NA

Le repreneur Vivian Santos et le cédant Gérard-Michel Courtecuisse, ancien gérant de l'exploitation, complices d'une même passion pour l'agriculture

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 18/07/2023 PAR Solène MÉRIC

Oriella Belasco, conseillère Safer dans les Landes, se rappellera longtemps de ce rendez-vous de juin 2021 avec cinq des sept frères et sœurs de la famille Courtecuisse, dans la cuisine de la grande maison familiale de l’exploitation que la fratrie tentait de vendre depuis plusieurs années. Un dossier atypique, en ces terres de Parleboscq où le vignoble du Bas Armagnac est roi : 190 ha, dont 20 ha de forêt et 170 ha de terres irriguées ou irrigables d’un seul tenant, accompagnés d’une grande demeure, d’une unité de stockage et séchage, de matériels et d’une retenue collinaire. Le tout, géré par l’indivision des sept frères et sœurs depuis 1992.

Ce jour de juin il y avait aussi une certaine appréhension pour les cédants. « La Safer a parfois une mauvaise image, à tort. Pour ce premier rendez-vous, c’est vrai nous étions méfiants. Cette rencontre nous a permis de démystifier la SAFER. », sourit Gérard-Michel Courtecuisse un des indivisaires qui en a été le gérant jusqu’en 2019, date de sa retraite. « Dans ce dossier, je suis entrée par la petite porte. On n’a pas signé une promesse de vente mais une autorisation de publicité sur notre site propriété-rurale.com. De cette manière, les vendeurs et la SAFER ne sont pas liés contrairement à la promesse de vente qui est un mandat exclusif », détaille la conseillère foncier.

Soulagement pour les uns et rêve pour les autres

Cette première rencontre, c’est aujourd’hui avec le sourire qu’ils y repensent. Les sourires sont d’autant plus partagés, que désormais deux autres s’y ajoutent : ceux de Vivian et Julie Santos, nouvellement installés sur cette exploitation céréalière. Si la vente de l’exploitation, achetée par leurs parents en 1966, est « un soulagement » pour la fratrie Courtecuisse, elle est pour le couple de repreneurs et ses deux enfants, « la réalisation d’un rêve », et d’une longue recherche, après plusieurs désillusions dans le Gers et en Aveyron.

Cette propriété, ils l’ont repérée sur le site propriétés-rurales.com de la Safer, attirés par l’offre de location avec option d’achat qui l’accompagne. L’annonce est émise par Fermes en vie, entreprise à mission qui mobilise l’épargne citoyenne solidaire pour acheter des fermes et les mettre à disposition de candidats à l’installation. « C’était une propriété à 7 chiffres, inaccessible par la voie classique », commente Vivian Santos. Après une première visite, le couple parvient à convaincre Fermes en vie de son projet et sa viabilité économique en tant que potentiel repreneur. « Une fois cet accord obtenu, nous sommes entrés en contact avec la Safer, pour faire d’autres visites », explique l’agriculteur de 41 ans.

Les deux frères Gérard-Michel et François-Xavier CourtecuisseSafer NA

Les frères Gérard-Michel et François-Xavier Courtecuisse, ont le sourire. L’aboutissement de la vente est un véritable soulagement pour eux et l’ensemble des indivisaires

Soucieuse « d’éviter que les cédants soient envahis de sollicitations », la conseillère foncière concentre les informations pour les transmettre aux personnes intéressées. « Il y a aussi de très nombreux points à vérifier en amont. C’est notre métier de le savoir, mais les cédants souvent l’ignorent. Contrôle technique sur les tracteurs, diagnostics immobiliers et professionnels, police de l’eau, etc. Notre expertise technique permet à l’acheteur d’arriver sur une propriété où tout est en règle, il sait ce qu’il achète. C’est une sécurité ».

« D’un montant à 7 chiffres on passe à un montant à 6 chiffres »

Au total « un rôle de facilitateur, pour accompagner les cédants et les repreneurs ». De ce point de vue, « Fermes en vie, après avoir demandé notre accord pour faire entrer cette propriété dans leur dispositif, devient pour la Safer, un candidat comme un autre, signale Oriella Belasco. Mais derrière, c’est moi qui gère ». A l’issue du comité technique Safer, c’est la candidature portée par Fermes en vie, en tant que propriétaire bailleur allié au projet agricole du couple qui fait mouche. Devant le notaire, Fermes en vie rachète le foncier, les bâtiments et la maison, et le couple Santos tout le matériel : « traction, travail du sol, irrigation et stockage/séchage » liste-t-il. « D’un montant à 7 chiffres on passe à un montant à 6 chiffres », plus facile à négocier auprès de la banque.

Pour l’heure, c’est donc un fermage qui lie Fermes en vie et le couple, mais ça ne va pas durer. « Aujourd’hui on est locataire, pour 7 ans minimum. Ensuite, quand nous aurons payé le matériel, on peut dire à Fermes en vie qu’on bifurque le montant du loyer et de l’annuité, sur l’acquisition du foncier, du bâtiment et de la maison. Ça nous permet de rester linéaires en termes de charge financière » détaille, Vivian Santos qui espère enclencher l’option d’achat d’ici 8 ans.

Outre un accès à la terre facilité, « la chaîne des partenaires bienveillants » est l’autre point fort de ce dossier, selon le jeune installé : « Du moment où un cédant est référencé par une OPA comme la Safer qui elle-même est en contact avec Fermes en vie, qui amène un porteur de projet, c’est une chaîne et tous les maillons communiquent ». Une vision partagée par la conseillère. Elle en est d’ailleurs persuadée, « ce sera avec l’agrégation de dispositifs comme celui-ci, que l’on facilitera l’installation et l’accès au foncier, car aujourd’hui tout est cher, même le matériel ».

Photo de groupe: les nouveaux installés, Vivian et Julie Santos, deux des cédants : François-Xavier et Gérard Michel Courtecuisse et la conseillère foncier Oriella Belascosafer NA

Photo de groupe devant l’outil de stockage et séchage : les nouveaux installés, Vivian et Julie Santos, deux des cédants, François-Xavier et Gérard Michel Courtecuisse, et la conseillère foncier Oriella Belasco

Le cédant une présence essentielle

Dans cette chaine solidaire, les cédants ont un rôle tout aussi essentiel, avec à Parleboscq, la volonté de maintenir une exploitation « en parfait état de fonctionnement et avec un bon niveau de rentabilité jusqu’à la vente », pointe Oriella Belasco. Des cédants toujours là, même après la signature de l’acte. Une présence, jamais intrusive, particulièrement incarné par Gérard-Michel, l’ancien gérant. « Il est joignable, accessible, et gentil. Un lien s’est noué, il se poursuit et on va le préserver le mieux possible, car on a besoin de lui. Les choses se font naturellement entre nous, on parle de passion », témoigne Vivian. « Je pense qu’il va me supporter au minimum pendant un an, un an et demi, rit le cédant. Entre le semis, l’irrigation, le séchage, il faut bien compter un cycle complet au moins. Il y a beaucoup de choses à absorber quand on arrive sur un nouveau projet ». Et pour le « service-après vente » auprès des autres partenaires agricoles, Oriella Belasco l’assure « je suis là aussi pour ça si besoin ! »

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