La Science et des lycéens dans le sillage de L’Hermione


Association Le Grand Voyage

La Science et des lycéens dans le sillage de L'Hermione

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/06/2017 PAR Anne-Lise Durif

« A l’époque, tout est parti d’une demande de la Région, suite à l’annonce de la participation de l’établissement au voyage de L’Hermione, de trouver une idée autour de la frégate. On s’est dit : pourquoi ne pas les suivre ? », raconte Thierry Daguzan, professeur d’EPS au lycée. En cherchant ensemble un objectif, l’un des enseignants a une révélation : « Et si appelait l’Ifremer ? On pourrait effectuer des pêches ou des prélèvements… », propose Catherine Dreveau-Hérault, professeure de Cultures Marines et ancienne chercheuse à l’Ifremer. Après tout, les lycéens sont familiarisés avec l’univers marin et il ne peut être que bénéfique de les confronter au terrain… A la base Ifremer de Concarneau, les chercheurs sont ravis : le trajet de l’Hermione colle peu ou prou à celui d’une expédition scientifique sur les phytoplanctons de l’Atlantique nord menée par des chercheurs norvégiens en… 1910 ! Aucun relevé n’a été effectué depuis. « On connaît mal les phytoplanctons », explique Claude Le Bec, responsable de la station Ifremer de Concarneau. « Seule une dizaine de ces micro-algues est exploitée en aquaculture, nous avons encore beaucoup de choses à apporter ».

Bien sûr, pas question de lâcher les élèves sans préparation : l’Ifremer prépare un protocole rigoureux, fourni du matériel, les professeurs dispensent quelques enseignements complémentaires et les jeunes s’embarquent sur une goélette le temps des essais de la frégate de La Fayette. « Mais ils n’ont eu qu’une seule journée pour s’entraîner avec les filets et tester les manipulations du protocole », se souvient Catherine Dreveau-Hérault, qui avoue s’être fait des cheveux blancs le temps du voyage. « Notre plus grande peur, c’était qu’il y ait une erreur dans la réalisation des procédures et que rien ne soit exploitable au retour ». L’histoire viendra lever ses craintes.

De l’art du protocole scientifique

Du 18 avril au 10 août 2015, quatre équipages de huit à neuf élèves et deux professeurs se succèdent à bord du K.VVIII pendant que douze autres lycéens vogue sur l’Hermione. Mission de l’équipage scientifique : effectuer 12 prélèvements en des points géographiques précis à l’aide d’un minuscule filet ressemblant à une épuisette à mailles très denses. « On essayait tous les deux jours, selon les conditions climatiques », expliquent quatre des lycéens, aujourd’hui en terminale. « La première contrainte était technique, car on devait effectuer les manipulations à l’arrêt, ce qui n’est pas facile les jours de houle. La deuxième, c’est qu’on devait nettoyer le plancton avec de l’eau et un produit spécifique pour éviter sa dégradation une fois en boîte, il ne fallait surtout pas se tromper dans les dosages ! » Une tâche d’autant plus complexe que le phytoplancton est parfaitement invisible à l’oeil nu. « On a même croisé des pêcheurs qui nous disaient « mais, y’a rien dans ton filet » ! », s’amusent encore les jeunes. La pédagogie a donc aussi fait partie de la mission… « On est revenu enrichis et plus soudés », constate l’un d’eux.

Des avancées scientifiques inédites

Enrichie de connaissances également, l’Ifremer. Les 21 échantillons rapportés (et exploitables !) par les jeunes ont permis de faire avancer la recherche sur différents points. « En 2014, nous avions observé une dizaine de micro-algues au large de Quimper qui n’ont rien à faire en Bretagne », explique Claude Le Bec. Comparés avec les résultats de l’expédition de 1910, ces nouveaux prélèvements confirment un réchauffement de l’eau de la façade Atlantique, puisque ces espèces sont d’origines subtropicales. Sur les diverses espèces rapportées, trois rares, dont les chercheurs ont pu pour la première fois obtenir une signature génétique. D’autres se sont révélées être inconnues du monde scientifique et sont encore en cours de description. Une chercheuse de l’Université de l’Oregon, Consuelo Carbel-More, spécialiste mondiale d’une variété de micro-algues, les Pololampadaceae, est même venue séjourner quelques mois à Concarneau pour travailler avec l’Ifremer, ces nouvelles découvertes nécessitant de réviser toute la taxinomie de cette famille de plancton. Plusieurs publications communes sont en cours d’élaboration. Objectif : analyser les migrations de ces micro-algues à travers les océans, car leur présence ou non en dit long sur la température, le PH de l’eau et les conditions de vie de la faune et de la flore sous-marine, le phytoplancton y étant l’aliment de base de bien des êtres vivants…


Prélèvements de phytoplancton à bord du K.VIII - fixation de l'échantillon Les lycéens effectuant la fixation de leur prélèvement pour conservation.

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