La Coursive : « Jimmy et ses sœurs », une pièce qui interroge la représentation de la femme


Anne-Lise Durif

La Coursive : « Jimmy et ses sœurs », une pièce qui interroge la représentation de la femme

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 09/03/2019 PAR Anne-Lise Durif

« Tout est parti d’une de mes propres interrogations, suite à ma dernière création, Le Garçon à la Valise (2017) », explique Odile Grosset-Grange, « Je me suis rendue compte qu’au théâtre comme dans la littérature, le héros est généralement un garçon, et même la littérature jeunesse n’y échappe pas. Les filles y sont les copines, les mères, les adjuvants, mais rarement le héros de l’histoire. Paradoxalement, je me suis rendue compte que les filles n’ont aucun problème à s’identifier à des héros masculins, alors que c’est très compliqué à envisager pour les garçons de s’identifier à une héroïne. Pourquoi ? Et surtout, qu’est-ce que cela signifie pour nous, homme ou femme, en terme d’identification, de la place que nous nous accordons dans notre société ?»

Voulant interroger le spectateur sur le droit des filles à être représentées, la metteuse en scène s’attelle à trouver une pièce jeune public évoquant le sujet : « J’ai trouvé des tas de choses sur les violences faites aux femmes ou abordant des questions du genre, comme a-t-on le droit d’être une fille et d’être masculine ou a-t-on le droit d’être un garçon et d’être fragile ? Mais rien sur la représentation en elle-même. Or, je ne voulais pas rattacher la problématique à des questions de religion, ni l’aborder en opposition avec les garçons.» Elle finit par confier l’écriture d’une pièce sur le thème à l’auteur anglais Mike Kenny, avec lequel elle a déjà collaboré à plusieurs reprises. Un travail mené en étroite collaboration durant de longs mois. « On lisait chacun des livres, des essais, des articles, sur le sujet et on se les échangeait, on en parlait, et la pièce est née de nos réflexions communes », explique Odile Grosset-Grange. « De mon côté, j’ai été assez inspiré par le film Mustang (2015), de Deniz Gamze Ergüven » poursuit Mike Kenny. L’auteur a également été influencé par le livre The Underground Girls of Kabul, de Jenny Nordberg, sur les bacha posh, ces filles déguisées et considérées comme des garçons jusqu’à leur puberté, avant d’être cantonnée à la maison et aux tâches domestiques en tant que jeune femme. « Le cas des bacha posh pose la question de la construction de l’identité : comment on se construit quand on doit s’envisager comme garçon quand on est une fille, puis en tant que femme après avoir été considéré comme un garçon, en particulier en passant d’un genre synonyme de liberté à celui synonyme d’enfermement et de contraintes? », s’interroge la metteuse en scène.

De ces réflexions est née l’histoire de trois sœurs vivant heureuses auprès de leurs parents jusqu’à ce qu’une règle sociétale, au nom de leur sécurité, interdise à toutes les personnes de sexe féminin de sortir de chez elles, non accompagnées d’un homme. Confrontées à l’absence du père, les filles vont devoir trouver une solution pour sortir. L’une d’elle se déguise alors en garçon et découvre la liberté, tandis que dehors la rumeur courre que les garçons se transforment un par un en loup…  

Mine de rien et avec humour, cette dystopie interroge « l’ordre caché des choses », tel que le conceptualisait Françoise Héritier. Une pièce destinée en premier lieu au jeune public (à partir de 8 ans), mais dont l’intelligence et la finesse en font un spectacle tout public. Présentée fin mars à Bethune, elle sera jouée au théâtre de Thouars le 17 mai, puis du 21 au 24 mai à La Coursive de La Rochelle.

Les autres dates : les 14 et 15 novembre 2019 au Gallia Théâtre à Saintes (17) ; du 19 au 23 novembre 2019 à La Coupe d’Or – Théâtre de Rochefort (17); du 5 au 7 février 2020 au Théâtre d’Angoulême (16); le 11 février 2019 au Théâtre Georges-Leygues à Villeneuve-sur-Lot (47); les jeudi 13 et vendredi 14 février à Billère (64)

Une coproduction de La Comédie de Béthune – Centre Dramatique National des Hauts de France ; La Coursive – Scène Nationale de La Rochelle ; Le Théâtre de l’Agora à Billère ; Le Théâtre de Thouars – Scène Conventionnée ; l’Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine (OARA) ; Le Théâtre de la Coupe d’Or à Rochefort ; Centre Culturel La Caravelle à Marcheprime ; La Comédie Poitou-Charentes – CDN de Poitiers. Cette pièce a obtenu une bourse à l’écriture dramatique de l’Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine (OARA).

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