L’Agence Régionale de Santé, le département et la préfecture au chevet de la médecine lot-et-garonnaise


Sybille Rousseau

L'Agence Régionale de Santé, le département et la préfecture au chevet de la médecine lot-et-garonnaise

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/03/2012 PAR Sybille Rousseau

« Non, la France ne manque pas de médecin ! » Le message est clair, net et précis. Le député maire du Villeneuvois, et également médecin, Jérôme Cahuzac, veut tordre le cou aux idées reçues. En revanche, « la répartition de l’installation médicale, médecine générale et de spécialité confondues, est profondément inégalitaire et inhomogène. Les généralistes et les spécialistes manquent cruellement dans les territoires ruraux comme le Lot-et-Garonne. » Et tout spécialement dans le Villeneuvois. En effet, la neurologie et l’ophtalmologie sont en pénurie, « même si les ophtalmologistes installés font tout leur possible pour satisfaire les demandes et les besoins des patients. » Jean-Marc, lui, a 47 ans et habite Astaffort depuis trois ans. Autant pour trouver un médecin généraliste, il n’a rencontré aucun problème autant pour l’ophtalmologiste, c’est une autre histoire. En effet, depuis toujours, il se rendait à Lectoure dans le Gers, pour voir son spécialiste. Mais, le 31 décembre dernier, cette dernière a pris sa retraite. « Depuis, j’ai essayé à Nérac, raconte-t-il, mais sans réponse, et puis à Agen c’est au minimum 6 mois d’attente. » Il n’a donc pris aucun rendez-vous pour l’instant…

110 des 277 médecins généralistes ont plus de 60 ans

Si le Lot-et-Garonne compte 3 médecins généralistes supplémentaires en 2011 par rapport à 2010, il faut noter que 110 des 277 médecins généralistes ont plus de 60 ans. Et les prévisions annoncent le départ d’un quart des médecins généralistes dans les trois ans à venir. « Notre taux de médecins est le plus faible de France avec une population de praticiens dont l’âge moyen est l’un des plus élevés de France ! », explique Joël Hocquelet, conseiller général et vice-président de la commission « Action sociale, Insertion et Habitat ». Et ça, Rolande le sait bien. Agée de 92 ans, elle a vu le changement. Pour elle, c’est simple « aujourd’hui c’est extrêmement difficile de se faire soigner ! Avant, se rappelle-t-elle, on passait un coup de fil et il y avait toujours un médecin de libre. Aujourd’hui, c’est vraiment pénible. En plus, j’ai la malchance de toujours tomber malade le week-end ! Je dois attendre le lundi pour me faire soigner. »

Les maisons de santé pluridisciplinaire :
une solution pour lutter contre cette désertification médicale ?

Le Conseil général et la préfecture de Lot-et-Garonne, et l’Agence Régionale de Santé ont bien compris l’urgence de la situation. En 2009, ils ont décidé de créer la Commission départementale de la démographie médicale, la Coddem, pour lutter contre cette désertification médicale. Réunie régulièrement, elle travaille à la réorganisation de l’offre médicale dans le département. Un département qui a été découpé en 15 aires de santé pour mieux garantir cette action dans chaque territoire, « afin qu’ils ne soient pas en concurrence et pour que les professionnels dialoguent et travaillent ensemble », précise Pierre Camani, le président du Conseil général. En clair, il s’agit d’organiser les soins de premiers recours par le biais d’un cabinet de médecine généraliste ou d’une maison de santé pluridisciplinaire (MSP). Une MSP va d’ailleurs prochainement sortir de terre dans l’aire de Miramont-Duras-Lévignac. Et neuf autres projets sont en réflexion, dont six bien avancés.

Attirer et garder les jeunes médecins de Bordeaux :
une autre solution ?

« Ces MSP sont une réponse partielle au problème de la désertification médicale », modère Henri Dubois, médecin inspecteur de santé publique à la délégation territoriale de Lot-et-Garonne de l’ARS. En effet, « il est vrai qu’elles permettent une organisation plus collective du travail, un partage de l’agenda et un dialogue entre médecins praticiens. Elles permettent aussi une continuité dans la prise en charge du patient. Mais j’y mets quand même une réserve, car il faut voir ce qu’on met derrière ces MSP. Si le financement ne suit pas, si la contractualisation entre Etat et pôle de santé ne fonctionne pas, on aura perdu une grande partie des bienfaits de ces structures ». Aussi, dans certaines zones, les professionnels de santé n’étant pas assez nombreux, la question de l’intérêt de ces maisons se pose donc.
Pour Henri Dubois, la lutte contre cette désertification médicale passe aussi et surtout par l’attractivité du territoire. Le Département a mis en place des aides au logement et au transport pour attirer les internes bordelais. « Notre travail avec la faculté de Bordeaux commence à porter ses fruits. L’université arrive à laisser partir ses internes. Aussi, le nombre de médecins enseignants a augmenté. Du coup, nous pouvons recevoir plus de stagiaires. » Le nombre de stagiaires en hôpital est passé de 27 à 45 entre 2007 et 2011 et chez les généralistes de 2 à 9 pendant la même période. « Et puis on sait par expérience que les jeunes médecins qui goûtent au métier dans nos campagnes, sont convaincus de la route à prendre… », conclut, optimiste, Henri Dubois.

Crédit photo : SR

Sybille Rousseau

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