Jeunes acteurs en résidence cherchent public à Calabre


Pampa

Jeunes acteurs en résidence cherchent public à Calabre

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 05/08/2016 PAR Joséphine Duteuil

On croirait à des vacances entre amis, mais ces jeunes-là travaillent dur. Les 16 membres du collectif Pampa, qui quittent, le temps d’un été, tournages et scènes parisiennes, exportent en Aquitaine leur passion pour le jeu. Cette année, ils reviennent avec 4 spectacles, le parrainage de l’acteur Pierre Cassignard, foyen d’origine, deux partenariats avec le TNBA et le Jeune Théâtre National, et le désir de se faire connaître.

 « Nous avons avant tout envie que ce soit un moment de fête » sourit Loyse Delhomme, administratrice du festival. Pour elle comme pour ses amis bénévoles, le plaisir partagé de cette parenthèse estivale, qui leur offre une liberté de création rarement possible/ressentie à Paris, est au centre du projet. Il n’en est pas moins éprouvant. Entre séquences de travail intensives et acrobaties financières, les efforts à fournir sont énormes.

 Alice au pays des vignes

 Pampa naît d’une amitié toute simple. Quand Matthieu Dessertine entre au Conservatoire, il commence à écrire ses propres textes. Son ami Anthony Boullonnois, dont la mère possède une maison de famille au lieu-dit de Calabre, à la frontière entre Gironde et Dordogne. Rapidement, le lien est tissé. Chaque été, les deux comédiens encore étudiants rejoignent le Sud-Ouest accompagnés de leurs camarades et montent des spectacles dans le jardin. Pendant près de 7 ans, le projet vit, grandit, puis sommeille. Il reprend en 2015 sous une forme plus solide.

Pampa 2016

 A la mi-juillet, l’équipe se rassemble près de la tour de Montfaucon, au milieu des collines, entre les forêts et les vignes « C’est très beau » s’émeut Loyse « Et très fatigant, aussi ». Tous les jours, les 14 acteurs-metteurs en scène-auteurs, aidés de deux régisseurs, entament à 9h du matin un cycle de répétitions qui dure jusqu’à la nuit. Ils adaptent, jouent, organisent, construisent le décor. Le cadre est spartiate – budget serré oblige – mais reste esthétique. Surtout, il vise à rapprocher le spectateur. Les pièces montées par Pampa se déroulent en plein air, sur terre battue, au milieu d’un public qui entoure l’espace de jeu.

L’expérience du collectif est radicale. La vie en communauté, cimentée par des amitiés déjà anciennes et une passion commune pour le théâtre, s’éprouve au fil de semaines de travail intensif et de partage minutieux des tâches : « Les rôles sont donnés en amont et tout est soumis au vote, même le pôle ménage. Pendant l’année scolaire, on a décidé de se voir deux fois par mois en réunion. Autant dire qu’à 16, la réunion prend toute la journée. » s’amuse Loyse.

700 € de subventions pour 16

 Si le moral est bon, les finances le sont moins. « Très vite s’est posée une vraie question » se souvient Loyse : « Comment est-ce qu’on monte un spectacle quand on est 16 et sans grands moyens ? » Les jeunes organisateurs, « joyeux créanciers d’un emprunt de 10000 € » comme elle s’en amuse, peinent à trouver des soutiens. Partout, les budgets dévolus à la culture se réduisent.

 Pour Pampa, cela signifie 700€ de subventions annuelles, pour 20 représentations et 16 bénévoles à temps plein. « Je pense que c’est le problème de notre génération » regrette Loyse, sans pour autant se laisser abattre : « Il faut qu’on se débrouille par nous-même. Ca signifie inventer totalement autre chose »

 Malgré ces difficultés, elle insiste sur le prix modique des billets. 5 €, pas plus. « Cela nous tient vraiment à cœur, parce que nous voulons rester accessibles à tous » explique-t-elle, déterminée à attirer les habitants de la campagne environnante et à les convaincre d’envoyer leurs enfants aux représentations jeune public prévues dans la journée. « Mais le plus étonnant, c’est que la réaction des gens est souvent de nous dire « 5€ ? Mais vous êtes du théâtre amateur » Comme si la valeur du spectacle dépendait de son prix.

 Ils ne sont pourtant pas les seuls. A Villeréal, le collectif La vie brève fixe à 10 € l’entrée de ses spectacles. Pour le Nouveau Théâtre Populaire, c’est 5€. Et chers ou non, les acteurs de Pampa, actifs sur des scènes nationales, au cinéma et à la télévision, se défendent de toute façon de faire preuve d’amateurisme. « Certes, nous jouons pour des entrées à 5€ et sans vrai décor, mais nous sommes des professionnels. Et nous avons une vraie exigence de créativité et d’écriture »

 Soigner ses mots, parler à tous

 L’amour des textes – les leurs comme ceux des autres – est central. La programmation éclectique du festival est un choix. Les grands classiques (Ivanov, de Tchekhov, Comme il vous plaira, de Shakespeare) côtoient des œuvres contemporaines et plusieurs cartes blanches à des compagnies locales. Cette année, Pampa fait aussi le choix d’ouvrir sa scène à des spectacles « pour enfants » : Pinocchio, et Alice ou quel genre de problème te pose le fait d’être un lapin. L’occasion d’une vraie redécouverte : « Les gens ramènent toujours ces pièces aux dessins animés » s’amuse Loyse « Mais avant d’être des Disney, c’était de la littérature, des romans très bien écrits »

 Ce désir de retrouver les textes en intégrant jusqu’aux plus jeunes rejoint l’idée du tarif bas : Pampa refuse d’exclure. Pour les acteurs, la vraie victoire serait d’attirer jusqu’au théâtre ceux qui auraient d’ordinaire passé leur chemin. Ce désir d’ouverture ne va pas sans une conscience aïgue du territoire qui les accueille.

 Les difficultés économiques et sociales de Sainte-Foy-La-Grande, la ville voisine, « sinistrée » selon Loyse, les pousse à s’engager. « Au-delà de l’art » confie Loyse, « on partage une envie politique et sociale de faire bouger les choses à notre petit niveau, avec nos petits moyens. On se rend compte de la détresse de certains, et on a envie de lutter contre leur isolement. Voire, plus tard, de les faire écrire avec nous » Un projet d’atelier-théâtre avec les habitants de la Bastide est aujourd’hui dans les cartons. Comme le reste, il exigera d’eux un peu de moyens matériels, et beaucoup d’énergie.

Pampa 2016
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