Interview: Jean-Luc Soulé président du festival du Périgord Noir: Place aux Dames


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Au coeur du financement d'un festival avec Jean-Luc Soulé

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 07/07/2016 PAR Joël AUBERT

@qui ! – Vous attachez toujours beaucoup d’importance à accueillir des jeunes interprètes, à côté d’autres très confirmés. La programmation de cette année ne déroge pas à cette ambition, je pense au concert « Interdit au plus de 18 ans.
Jean Luc Soulé
– D’abord, pour moi il s’agit toujours de trouver un fil rouge dans une saison ; il ne suffit pas d’avoir une rigueur telle que l’épure écarte les muisiciens qu’on a envie d’inviter pour leur seul talent mais nous sommes très attentifz à trouver une dimension. Cette année, celle qui m’est chère, est féminine. D’où, ce choix de « Drôles de Dames ». De fait, il y a tout à la fois de grandes figures de l’histoire de la musique qui sont présentes : ça va de la Salomé du Saint-Jean Baptiste de Stradella, de cet oratorio que va donner l’Académie à la « Loulou » de Georg Wilhelm Pabst que Karol Beffa va intérpréter, en improvisant, au piano sur ce film mythique du cinéma muet, jusqu’à Joséphine Baker qui fait l’objet d’un concert spécifique, « Joséphine mon amour » et d’un programme, avec la grande soprano Magali Léger, au Manoir d’Eyrignac.

Donc, des héroïnes, des compositrices, des interprètes – je citais Magali Léger – mais, à l’inverse des toutes jeunes, des gamines les soeurs Berthollet qu ont seize et un peu moins de 18 ans qui se produiront à Saint-Léon-sur-Vézère. Mais aussi Dana Ciocarli, la grande interpète schumanienne aujourd’hui. Elle interprétera deux femmes Karla Schumann et Mary Jaëll, une compositrice du post romantisme que l’on a un peu redécouverte.

Ce choix des femmes irrigue toute cette saison 2016 puisque vous y trouvez aussi bien les lauréates du Concours international de chant piano des Soeurs Boulanger et, à Auriac, un « Trio des Grâces » avec deux sopranos et théorbe, à Ajat un programme autour du luth et du oud iranien. Donc une diversité d’instrumentistes, de figures de la vie musicale féminine qui jouent un rôle extraordinaire dans l’histoire de la musique et de l’interprétation.

Inaki Encina Oyon succède à Michel Laplénie

@aqui ! – L’Académie de Musique ancienne tourne une page avec l’arrivée d’une nouvelle équipe, à sa tête…
J.L S
– Nous avons fait des créations extraordinaires avec Michel Laplénie… On se souvient d’un Mamamouchi d’anthologie qui continue, au cours de cette saison 2016, à faire des petits. Car avec le grand prix de la Fondation Audiens 2015-16 nous avons pu monter des ateliers autour du Mamamouchi, de la gestuelle baroque, du maquillage, de l’apprentissage des règles du baroque. Nous l’avons monté, hors été, dans des classes sur des lieux pour handicapés avec Michel Laplénie à partir de son spectacle; ce furent des moments très forts.

Nous avons choisi de monter une toute autre équipe avec à sa tête un basque espagnol qui, dans les milieux internationaux de la musique baroque, jouit d’une réputation qui va grandissante, Inaki Encina Oyon. A la fois chef d’orchestre et directeur musical, il a fait appel à un autrichien du Tyrol, Johannes Pramsohler, un immense violoniste que nous avions entendu l’an dernier dans un programme clavecin et violon, au claveciniste Philippe Grisvard un jeune français comme chef de chant, responsable du continuo. C’est une génération de quadras qui fait des étincelles où l’on retrouvera, aussi, une bordelaise Maryse Castets, une chanteuse que l’on connait bien à Bordeaux et deux autres musiciens, un turc Gulrim Choi et un espagnol Roldan Bernabé…donc une équipe internationale jeune qui a décidé de monter une œuvre assez peu connue d’un musicien qui ne l’est pas non plus, Alessandro Stradella une des vedettes de la vie musicale romaine à la fin du XVII°siècle. Il était proche d’Alessandro Scarlatti, de Domenico Scarlatti, de Corelli et tous étaient les divas de la vie romaine de cette époque, une des plus brillantes qui soit.

Nous avons donc décidé de monter cet oratorio, « San Giovanni Battista », une œuvre extraordinaire sur un passage de la Bible que l’on connait bien où Salomé danse sa fameuse danse des sept voiles pour avoir la tête de Saint-Jean Baptiste, une histoire a la fois horrible et fascinante qui a inspiré l’histoire de la peinture et de la musique. Une œuvre qui va décaper avec une grosse trentaine de musiciens et chanteurs dont une quinzaine de musiciens et chanteurs internationaux.

Les 10 ans de l’Académie d’orgue de Sarlat

@aqui !  – une présence également très internationale dans l’autre Académie, celle d’orgue de Sarlat…
J.L S
– En effet, on va retrouver cela dans l’autre Académie, celle d’orgue de Sarlat qui fête ses 10 ans, avec Michel Bouvard ! Sur la douzaine d’instrumentistes présents il y a autant de nationalités que d’instrumentistes…

Quelque part, le Périgord a cette capacité à attirer, à travers ses académies musicales, un public très large de professionnels. Nous accueillons Bernard Foccroulle, le grand organiste du Festival d’Aix . Nous sortons un CD que Michel Bouvard a enregistré dans la cathédrale de Sarlat qui s’intitule « Folies Française »… La musique française baroque pour orgue correspond très bien à l’orgue de Sarlat.

A Saint-Amand-de-Coly et à Sarlat, les deux Académies sont bien ancrées dans leur public et leur territoire…Ce sont les deux éléments du trépied avec une saison de concerts permettant vraiment que les jeunes artistes invités puissent développer leur talent.

Demarquette et les Petits Concerts entre Amis

@qui ! Et puis cette saison est marquée, aussi, par cette programmation dite des « Petits Concerts entre Amis ». avec, en figure de proue , Henri Demarquette.
J.L S
– J’en avais parlé déjà, depuis plusieurs années avec Henri Demarquette. Brigitte Engerer nous avait présentés, il y a vingt ans. C’est la grande famille des musiciens…Gérard Caussé m’avait présenté les Capuçons il y un peu plus de 20 ans, des générations de musiciens qui se tapent dans la main. Henri, avec la mémoire de Brigitte en tête, m’a proposé, voilà deux ans, soit d’assurer une série de concerts, soit d’inviter des amis… Nous créons, ainsi, une oeuvre de Thierry Escaich, en première mondiale, ce grand compositeur français dont la réputation n’est plus à faire. Il a écrit une œuvre pour la formation d’Henri Demarquette qui a crée une structure « Vocello » visant à promouvoir la voix et le violoncelle… Cette idée qu’il a de mettre en regard cet instrument, un des plus proches de la voix humaine, et l’ensemble Sequenza 9.3, dirigé par Catherine Simonpietri, s’annonce comme un temps fort du Festival.

Henri Demarquette va aussi se produire avec le pianiste Thomas Enhco qui est la quatrième, sinon cinquième génération de Casadesus.Thomas est à la fois un jazzman et un classique. Donc on l’entendra plus sur le classique cette fois mais en même temps avec l’extraordinaire Vassilena Serafimova au marimba dans un premier concert le 16 août. C’est à la fois l’amitié qui les a réunis et le talent de Henri Demarquette qui sait tendre la main aux plus jeunes générations. Je suis très intéressé à entendre ces sonorités très diverses et à renouveler l’esprit de la musique de chambre.

@qui ! Des « Carte blanches », les années passées aux « Petits Concerts entre Amis » cette année il n’y a jamais qu’un fil que vous tirez …
J.L S
– Exactement ; il y a cette idée qui m’est chère de faire signe à des amis qui connaissent bien le Festival et ont cette relation avec Saint-Léon-sur-Vézère et de pouvoir dire aux artistes qui ne sont jamais venus : «  vous allez jouer dans un endroit qui porte l »esprit de la musique »

@qui ! – il y a aura aussi la soirée lauréats de la Fondation Safran et du concours Nadia et Lili Boulanger
J.L S
– J’aime beaucoup ce que fait la Fondation, ses choix sur sur le plan musical. Je connaissais Fedor Rudin qui a eu le prix cet automne et Selim Mazari aussi, deux artistes que j’admire beaucoup. Tout le monde de l’aéronautique viendra et je tiens beaucoup à saluer l’action que mène Safran en ce domaine. Et puis nous aurons deux petites jeunes dans un concert « Interdit aux plus de 18 ans » , les sœurs Berthollet, avec des œuvres de Haendel, Ravel, Saint-Saëns, Dvorak et Beethoven. Un sacré programme et un sacré défi pour ces deux gamines qui me rappellent, quelque part, les frères Capuçon à la même époque, même si elles ne jouent pas des mêmes instruments. Décennie après décennie, au fond nous tentons d’inventer au sens où l’on découvre une grotte; nous sommes quelque part les inventeurs des nouveaux talents qui, certes sont connus, démarrent dans la carrière, mais dont les professionnels savent saluer les talents. Nous leur donnons la chance de venir se produire dans un Festival de belle notoriété.

Retrouvez toute l’actualité du Festival du Périgord Noir

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