Interview : Alain Lamassoure: c’est le Parlement qui va choisir le commissaire européen


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Interview : Alain Lamassoure: c'est le Parlement qui va choisir le commissaire européen

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 25/04/2014 PAR Joël AUBERT

@qui! –  Au moment d’aborder ce grand rendez vous européen, où vous conduisez la liste de l’UMP en Ile de France quel bilan faites-vous de ces années où vous avez représenté la grande circonscription du Sud Ouest ?
Alain Lamassoure –
J’ai été très heureux d’avoir l’honneur de représenter cette grande région; à la différence d’autres circonscriptions européennes elle est assez homogène et a un certain nombre de problèmes et de projets clairement identifiés au niveau européen.

L ‘Europe pour cela peut apporter beaucoup : des fonds, des décisions, des encouragements. C’est la grande région européenne de production aéronautique et spatiale. Nous avons consacré beaucoup de moyens financiers sur le budget européen pour les projets spatiaux de réseaux transatellite comme Galiléo dont la moitié sont en orbite qui va mettre en place le GPS européen, le projet Clean Sky, « Ciel propre » qui intéresse à la fois les avionneurs les motoristes pour avoir des moteurs et des avions qui consomment moins et polluent moins, le projet Sesar, d’automatisation complète de la navigation aérienne… et bien d’autres encore.

D’autre part, nous avons beaucoup oeuvré en faveur des grands projets de recherche et d’infrastructures et, par exemple, je suis heureux que le grand projet de Ligne à grande Vitesse Paris-Madrid, par l’Aquitaine et le pays basque, continue de figurer parmi les neuf priorités européennes, les neuf grands couloirs européens malgré les retards qui ont été pris au niveau national. De la même manière, l’autre liaison Paris-Madrid par la Catalogne qui est maintenant complètement achevée coté espagnol et dans la jonction entre Perpignan et Barcelone, et a été pris en compte pour ce qu’il reste à faire entre Nîmes et Parpignan. J’ai beaucoup travaillé, aussi, sur les productions agricoles, la défense des droits de plantation en matière viticole, la défense des appellations IGP porc du sud ouest, Agneau de Lait des Pyrénées, le lancement de l’IGP Sel de Salies mais, aussi, face à certaines attaques, à la défense du gavage ou des traditions régionales comme la corrida. J’ai pris très grand plaisir à être l’ambassadeur du Sud Ouest à Bruxelles.

Avoir quitté le sud ouest: un crève coeur

@! – Une page se tourne, vous conduisez la liste UMP dans une autre grande région plus peuplée certes L’ïle de France. Cette campagne vous la vivez avec quel état d’esprit ?
A.L. –
Je ne vous cache pas qu’avoir quitté le sud ouest était un crève cœur. Je suis entré en politique en 1986 au Pays Basque et toute ma carrière s’est faite au Pays Basque en Aquitaine et dans le sud ouest. Je n’envisageais pas de quitter le sud ouest. En même temps, être tête de liste dans la région capitale pour les européennes ça veut dire être le principal porte drapeau de l’UMP pour les européennes. C’est un symbole de l’engagement européen fort de mon parti car j’y suis considéré comme un des européens les plus fervents. C’est un choix fait par les dirigeants du parti, proposé par les trois anciens premiers ministres et l’accord de l’ancien président de la République ; c’est une responsabilité qu’on ne peut pas refuser.

@! – Comment abordez vous cette relation Europe Ile de France ?
A.L. –
La relation Europe-Ile de France est très différente ; c’est une région mégapole qui a douze millions d’habitants, deux millions seulement dans Paris intra muros mais pratiquement neuf millions dans la première couronne. Une région aussi avec son monde rural, la Seine et Marne entre autres avec le grenier à blé et betterave de France, les Yvelines qui ont une agriculture très riche. C’est la seule région française dont le revenu moyen est supérieur à 120% du revenu moyen communautaire. Evidemment ses relations avec l’Union Eurppnne sont très différentes ; ce dont la région Ile de France a besoin par rapport à l’Europe c’est moins des fonds pour mettre à niveau des services publics que des moyens pour conforter ses points forts et notamment à l’échelle européenne et à l’international. Notre campagne est de proximité comme partout, mais c’est surtout les grands thèmes nationaux et européens qui donnent lieu à débat.

Un changement très important…

@! – Vous évoquez fréquemment depuis plusieurs mois l’importance de ce scrutin par rapport à la désignation du futur président de la Commission européenne… 
A.L. – 
C’est un changement très important dont les dirigeants politiques nationaux, les médias, l’opinion publique commencent à peine se rendre compte. Dans le traité de Lisbonne a été prévu, et cela va s’appliquer pour la première fois, que le président de la commission change de nature. La Commission est un organe mi-administratif mi-politique qui a une fonction importante puisque elle prépare les décisions et veille ensuite à leur application. Jusqu’à présent, elle est formée de fonctionnaires, y compris son président qui est nommé comme un haut fonctionnaire par un accord entre les chefs d’Etat et de gouvernement. C’est le cas du commissaire actuel M. Barroso. C’est un système qui n’est pas vraiment démocratique et le traité de Lisbonne a comporté deux progrès démocratiques déterminants. Le premier c’est que le Parlement européen, élu par les citoyens, possède désormais le pouvoir législatif dans tous les domaines et le partage avec les ministres compétents. Exemple: la poltique agricole: autrefois elle était entièrement définie par les ministres… Le parlement européen était saisi pour avis et on ne tenait pas compte de son avis. Maintenant, tous les détails de la Politique agricole doivent être entièrement approuvés par le Parlement européen. Premier progès démocratique dont nous rendons compte à la fin de notre mandat.
Le second progrès tiendra à ce que le chef du pouvoir éxécutif, en quelque sorte un Monsieur Europe, sera élu par Le Parlement, au lendemain de l’élection de celui-ci, c’est à dire en fait, et j’insiste là-dessus, par les citoyens, de la même manière que nous élisons nos maires. J’observe, à ce sujet, un phénomène amusant: les français sont tellement habitués à la V° République que dans notre code génétique l’idée qu’un dirigeant est élu par les citoyens, cela ne peut qu’être un régime présidentiel. ..Il faut bien voir que le régime présidentiel s’applique aux Etats-Unis et en France où, tous les cinq ans, on vote pour des candidats individuels. Dans tous les autres pays européens ce sont les citoyens qui choisissent leurs dirigeants, leur premier ministre, non pas en mettant un bulletin portant un nom mais en votant pour un parti, sachant que chaque parti annonce à l’avance :  » si je gagne l’élection mon candidat sera…  » C’est comme ça que Mme Merkel a été élue trois fois chancelière… C’est le même système. Les partis européens s’organisent cette fois en conséquence : les socialistes (PSE) ont désigné M. Martin Schultz, social-démocrate allemand et l’actuel Président du Parlement qui sera candidat pour être chef de l’éxécutif, les centristes (ADLE) pour leur part ont désigné M. Guy Verhofstadt, l’ancien premier ministre belge, les Verts un couple composé de M. José Bové et Mme Keller, une allemande et le  Parti Populaire, le PPE, le luxembourgeois Jean-Claude Juncker tandis que le grec Alexis Tsipras représentera la gauche européenne (PGE). Nous demandons à ces candidats de faire le tour des 28 pays. Faisant le tour de ceux-ci il faudra qu’ils disent la même chose dans les 28 pays, donc qu’ils aient le même programme.

Il y aura un grand débat dans les locaux du Parlement européen, le 15 mai.  Les citoyens vont se rendre compte que pour une fois c’est eux qui choisiront. Nous allons nous retrouver, si tout se passe bien, avec une personnalité en Europe qui n’existe pas aujourd’hui dans le paysage et sera forte de la légitimité donnée par le vote de 500 millions de citoyens. Et cela va changer les choses, notamment pour les partis pro-européens face aux partis euro-sceptiques qui vont surfer sur la vague de dépression nerveuse collective, de mécontentement, de repli sur soi, de xénophobie qui, hélas, existe dans la plupart de nos pays.

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