Filières Bio : les nouveautés 2017 en Nouvelle-Aquitaine


Anne-Lise Durif

Filières Bio : les nouveautés 2017 en Nouvelle-Aquitaine

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 21/01/2017 PAR Anne-Lise Durif

Une nouvelle association interprofessionnelle

Avec la réforme territoriale et la création de la grande région, les trois associations interprofessionnelles Bio des anciennes régions, Arbio Aquitaine, Interbio Limousin et Croissance Bio Poitou-Charentes, ont fusionné au 1er janvier en une seule et même association, Interbio ALPC. Cette nouvelle fédération, qui compte dix salariés, aura son siège à Bordeaux mais garde des antennes locales à Saint-Jean d’Angely et à Limoges pour conserver des liens de proximité. L’association rassemble 2675 acteurs du bio, dont 2500 producteurs. Pour mieux représenter les différents métiers du Bio, l’association a constitué quatre collèges : un pour les producteurs et les coopératives ; un pour les transformateurs ; un pour les distributeurs ; un pour les organismes associés (fédérations régionales, centres techniques, etc.). Interbio ALPC a également créé des commissions par filière, pour accompagner ses acteurs au plus près en les faisant bénéficier d’un réseau « d’experts » dans chaque domaine : apiculture, fruits et légumes, cultures céréalières, lait, plantes, viande et viticulture.

Globalement, les missions restent les mêmes que celles des associations initiales, à savoir la promotion des produits régionaux bio et l’accompagnement des acteurs du Bio, de la conversion en Bio au montage de projet d’entreprise, en passant par l’accès à des salons de l’agroalimentaire. En 2017, Interbio compte en particulier accroitre ses propositions de formations aux professionnels, par exemple sur la transformation des produits bruts à la ferme, la vente en directe, les tables d’hôtes, l’hygiène dans l’industrie agroalimentaire, etc., pour les producteurs qui souhaiteraient diversifier leur activité.

Le plus gros challenge d’Interbio pour 2017 ? Développer des solutions pour répondre à la demande en Bio de la restauration collective (restauration scolaire, maisons de retraite, cantines de collectivités ou d’entreprise), qui peinent souvent, faute de réseau, à s’inscrire dans une démarche pérenne de consommation Bio. La Région manque surtout de transformateurs dédiés au Bio.

Une étude en cours à l’échelle du territoire

« Avec une demande de consommation qui a bondit de 10% en 2015, puis de 20% en 2016, un chiffre d’affaires de 7 milliard d’euros en France, dont un milliard estimé pour 2017 pour la seule Nouvelle-Aquitaine, on ne peut plus parler d’un marché de niche », estime Philippe Lassalle Saint-Jean, président d’Interbio. En rassemblant les trois régions Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, la région devient la 2e productrice de Bio la plus importante de France, avec 20% des terres agricoles dédiées (ou en conversions). Grâce à ce fort développement, par la grandeur de son territoire et par la diversité de ses productions, la Nouvelle-Aquitaine a été choisie comme territoire test dans le cadre d’une étude menée par l’Europe dans 8 régions de pays européens (dont la Suisse) impliquées dans le développement du Bio. Baptisé SME Organics, ce programme a pour objectif de dresser un diagnostic des méthodes de développement de chaque contrée. « On va regarder l’évolution des techniques et des stratégies mises en place dans les différents pays, voir ce qui marche ou pas, pour ensuite appliquer ce qui fonctionne au niveau local », explique Philippe Lassalle Saint-Jean, qui fait partie du comité d’expertise, piloté par la Navarre et son Agence de développement régionale (SODENA). « Bien sûr, il faudra prendre en considération les spécificités de territoire : certaines cultures ne sont adaptées qu’à certains terroirs, ce n’est pas la peine d’essayer de les exploiter ailleurs. Mais il y a forcément des techniques, des outils ou des stratégies à mettre en commun. »

Pour le président d’Interbio, les enjeux de cette enquête vont bien au-delà des stratégies de production. « Il faut comprendre les problématiques de chacun pour mettre en place une filière durable, où les agriculteurs sont justement rétribués, pour pérenniser leur emploi et garder leur terre. […] L’autre objectif du projet, c’est d’arriver à expliquer aux politiques l’ensemble des alternatives qui existent, pour qu’ils se réinvestissent dans le développement des filières du bio.»

Les résultats de l’enquête seront connus en 2020, et déboucheront sur un plan d’action régional. Ce projet est financé à 82% par l’Europe, pour un budget global de 2.289.834 €.

Un schéma territorial à venir

En attendant les résultats de l’enquête SME organics, la Nouvelle-Aquitaine met en place un nouveau « plan d’action régional pour le développement et la structuration de l’agriculture biologique ». « Avant, chaque région de l’ALPC avait son plan d’actions régional, avec ses spécificités », explique Jérôme Orvain, élu en Limousin et conseiller régional délégué à l’agriculture biologique. « La commission agricole de la Nouvelle Aquitaine a réuni des acteurs de la Bio de longue date pour en établir un nouveau, à l’échelle de la grande région. » Des partenaires comme Interbio, la Frab ou les chambres d’agriculture ont participé au groupe de travail, co-présidé par la Région. Il en est ressorti une proposition de schéma territorial comprenant trois volets, économique, écologique et social. Ce plan régional sera soumis au vote des élus régionaux le 10 avril. « En attendant, il reste modifiable », précise Jérôme Orvain. Dans l’ensemble, ce schéma territorial reprend les grandes lignes des ex schéma territoriaux, avec des nuances et quelques ajouts. Ce plan prévoit par exemple de favoriser le contrôle du foncier par les collectivités, qui pourraient préempter pour mettre de côté puis à disposition des terres pour répondre à une demande de production locale, comme cela se fait déjà dans les agglomérations de Saint-Jean d’Angely, Périgueux et Pau, précurseurs. Il prévoit aussi un accompagnement des entreprises voulant se diversifier, ou d’imposer une part de terres cultivées en bio dans tous les lycées agricoles d’ALPC. Il favorise la recherche à la biodiversité, pour trouver les variétés adaptées au changement climatiques. Est prévu également l’accompagnement des agriculteurs en conventionnel vers une pratique vertueuse, avec une forte réduction des intrants. L’aide financière à la conversion serait maintenue, et l’aide au maintien en activité, étendue, en particulier à tous les professionnels qui seraient dans une démarche de développement durable et de protection de leur environnement (qualité du sol, de l’eau, de l’air).

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