Fanny Madrid et Lucie Le Bouteiller, les reines du houblon


Hopen Terre de Houblon

Fanny Madrid et Lucie Le Bouteiller, les reines du houblon

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 21/02/2020 PAR Sybille Rousseau

Un grand café au lait entre les mains, le téléphone portable pas très loin, Fanny Madrid est une femme de challenge. Ingénieur agronome elle s’est lancée avec Lucie Le Bouteiller dans l’aventure du houblon. Depuis deux ans, et l’obtention de leur premier prix au concours national « Innovations pour l’Agriculture » d’Agrinove, ces deux entrepreneuses n’ont pas chômé. Tout d’abord, grâce à ce prix elles ont intégré la pépinière de la technopole néracaise il y a quelques mois de cela. « La technopole est un de nos partenaires privilégiés, confie Fanny. Grâce à elle nous disposons d’un réseau territorial et politique riche. Les autres incubateurs ne sont pas autant liés aux politiques et c’est un vrai plus ». Autre bienfait de la technopole, la mise à disposition des acteurs du territoire « ainsi, nous avons pu être mis en contact avec Cerfrance par exemple pour des problématiques d’expertise comptable. Le 13 mars prochain, un café de la création qui aura lieu dans les locaux de la technopole sera organisé par le Crédit Agricole et cet événement nous permettra d’échanger avec tous les acteurs de la création d’entreprise. Cette technopole a vraiment contribué à la reconnaissance de notre activité auprès des sphères économiques et agricoles du territoire ».

Une production de bon augure
En mars 2019, une parcelle d’expérimentation a été mise en place sur un hectare au lycée agricole Etienne Restat de Sainte-Livrade, signe de la première étape du lancement de cette filière. Sur ce terrain trois variétés incontournables ont été mises en productions sur 0,8 ha. Des protocoles précis d’observations et de mesures ont été proposés par une équipe pluridisciplinaire de Bordeaux Sciences Agro. Ces tests permettent de guider les choix des exploitants pour leur propre houblonnière. « 300 kg de houblon ont ainsi été récoltés et ont été vendus en quelques jours auprès de différents brasseurs, précise Fanny Madrid. Un résultat qui est plutôt de bon augure car habituellement 300kg de houblon sont récoltés sur un ha et non sur 0,8 ha. Aussi, en septembre dernier, deux agriculteurs se sont installés à Ychoux dans les Landes et à Nojals-et-Clotte en Dordogne. « Tous deux sont des néoruraux, leur famille n’est pas issue du monde agricole. Notre mission est de les accompagner au mieux pour développer leur activité et les aider également à commercialiser leur récolte. Nous sommes en quelque sorte des facilitateurs. Notre mission est multiple. Nous sensibilisons les agriculteurs à la production de houblon. Nous les accompagnons et les conseillons pour la mise en place de leur culture et nous les mettons en lien avec les brasseurs ». Et le marché existe car aujourd’hui les brasseurs artisans importent plus de 80 % du houblon qu’ils utilisent, car ils ne trouvent pas d’offre locale adaptée. Grâce à leur innovation, Fanny Madrid et Lucie Le Bouteiller répondent bel et bien à un réel besoin. Le Lycée Etienne-Restat de Sainte-Livrade plantera un nouvel hectare de culture en mars prochain et dans le même temps une femme d’agriculteur s’installera dans le Tarn-et-Garonne.

Xavier Canal, directeur de l'exploitation du lycée agricole Etienne Restat à Sainte livrade sur lot


Un conseil aux petits oignons
« Il est vrai qu’aujourd’hui bon nombre d’agriculteurs se lancent dans la culture du houblon. Mais, pour la plupart, sans réelle technique alors que certains préceptes sont absolument à connaître avant de plonger dans cette aventure. Par exemple, même si les brasseurs utilisent entre quinze et vingt variétés de houblon par an, l’agriculteur, sur une parcelle, ne peut en cultiver que quatre afin de changer plus facilement de variété si besoin. Un accompagnement technique est indispensable et l’accompagnement que nous prodiguons auprès de nos agriculteurs garantit aux brasseurs une qualité du produit fini. » Lucile Le Bouteiller et Fanny Madrid sont devenues en quelque temps à peine des expertes incontournables de la filière houblon. Dernièrement elles se sont rendues à Lausanne et à Barcelone pour témoigner de leur expérience et bien sur parler de la filière. « Du reste, deux agriculteurs espagnols nous ont demandé conseil pour commercialiser leurs produits auprès de brasseurs français », précise Fanny. Aujourd’hui, identifiées comme des expertes de la discipline, elles commencent à avoir « une belle influence ». En permanence en déplacement pour répondre aux besoins du monde agricole, prochainement Fanny se rendra en Bretagne à la demande d’un agriculteur pour l’aider à commercialiser sa récolte.

Une filière en devenir
Afin de se développer, aujourd’hui, trois gros enjeux pèsent sur la structuration de la filière. Tout d’abord, concernant le suivi technique auprès des premières installations. « A l’automne 2020, nous attendons sept nouvelles installations, idem au printemps 2021 mais quid du financement pour mener à bien nos missions de suivi ». Autre enjeu : l’automatisation des installations. « Nous misons sur le digital afin de nous aider à nous organiser au mieux et suivre nos agriculteurs qui passeront de quatre à vingt ». Enfin, le troisième enjeu est la définition d’un véritable modèle économique en incitant les brasseurs à signer des contrats pluriannuels avec l’agriculteur et Terre de Houblon. « Aujourd’hui, nous mettons en place des contrats tripartite sans réelle visibilité. Notre objectif est d’engager le brasseur sur plusieurs années afin de pouvoir positionner nos agriculteurs. » Avec ce contrat, Fanny et Lucie souhaitent valoriser la notion d’entrepreneur auprès des houblonniers, « une notion qu’ils ne s’approprient plus malheureusement. »
Pour mener à bien toutes ces missions, Lucie et Fanny viennent de recruter deux stagiaires pour six mois. L’une pour le suivi technique et l’autre pour la communication. Un commercial va grossir les rangs en juin prochain. Concernant les finances, le Crédit Agricole soutient l’activité via un emprunt fin 2019. Une levée de fonds d’un montant de 120 000€ est également en cours. « 90 000 € sont déjà assurés grâce à des partenaires comptable, agricoles et relevant de l’économie sociale et solidaire. Nous aimerions bien avoir un partenaire brasseur pour se joindre à l’aventure » …

Plus d’informations : https://www.hopenhoublon.fr/

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