En Lot-et-Garonne, Jessica, 43 ans, galérienne de l’emploi


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En Lot-et-Garonne, Jessica, 43 ans, galérienne de l'emploi

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/06/2013 PAR Sybille Rousseau

« Entre 30 et 45 ans, on n’existe pas ! » A l’aube de ses 44 ans Jessica* en a « raz-le-bol ». Depuis près de 20 ans, elle passe de petits boulots en petits boulots. Toujours à rebondir, toujours à se battre, aujourd’hui, elle en a assez et veut dénoncer un système qui se soucie peu de cette tranche d’âge.
En fait, pour elle, les ennuis commencent en seconde. Déjà, à l’époque, elle désire être journaliste. Sa matière forte est le français. Mais en arrivant au lycée, son prof de français lui casse tous ses rêves : « votre style est trop fleuri mademoiselle ! ». Le bac en poche, Jessica décide alors de se diriger vers une licence de psychologie. A l’issue de son cursus universitaire et de nombreux rebondissements administratifs, elle se lance sur le marché du travail à 25 ans. « Là, l’ANPE me dit texto ‘qu’est-ce que vous voulez faire avec ça !’ » Elle décide donc de s’inscrire dans les agences d’intérim. Elle essuie maints refus. « Une agence m’a même dit ‘vous êtes trop diplômée. C’est sûr, vous trouverez un emploi et vous nous planterez ! » Elle se dirige alors vers la mission locale qui lui répond « vous avez 25 ans, titulaire d’une licence et vous habitez chez vos parents. Nous avons des jeunes beaucoup plus dans le besoin que vous à nous occuper. Au revoir ! » « A force de me faire jeter de partout, j’ai décidé de reprendre mes études. Chaque semaine, j’achetai le magazine Rebondir. Là, j’y ai vu une publicité pour le Centre d’Ecriture et de Communication de Paris. Je m’y suis inscrite. A la sortie, j’ai travaillé pour un hebdomadaire local en CDD en remplacement d’un salarié. Lorsque ce dernier est revenu, on m’a dit une nouvelle fois ‘au revoir’. J’ai donc choisi de faire des piges, comme on dit dans le métiers, pour des journaux de collectivités. »
CDD, mi-temps, interim, contrat précaire… le quotidien de Jessica sans avenir certain
Mais ces piges ne la font pas vivre. Jessica se lance alors dans une nouvelle formation. Cette fois-ci, en informatique, auprès de la maison des chômeurs et de l’emploi d’Agen. Munie d’une nouvelle corde à son arc, elle espère, à plus de 30 ans, décrocher son premier vrai emploi. Pour tenter de joindre les deux bouts, et payer ses factures à la fin du mois, elle fait de l’administratif : secrétariat, accueil téléphonique… « Ma formation en psychologie m’a pas mal servi lorsque j’ai du travailler dans le social. » Elle a aussi distribué des prospectus, surveillé des classes, aidé à des déménagements… En oscillant entre emplois précaires, CDD à temps plein, mi-temps et chômage, Jessica a pu observer les arcanes du système. « Ce système marche sur la tête. Si, durant un mois, on tente de s’en sortir et de travailler quelques heures, on est certain que jamais on ne nous proposera un contrat aidé. Il vaut mieux ne rien faire ! Là, on nous trouvera des solutions ! C’est lamentable ! Moi, je tente toujours de m’en sortir et, du coup, personne ne m’aide. J’attendais du soutien de Pôle emploi. Je n’en ai jamais eu ! On m’a même dit une fois : ‘on ne traite pas les dossiers au cas par cas’. Je l’ai très mal vécu. »
Même fatiguée et écœurée, Jessica espère toujours…
« Le pire c’est lorsque j’ai postulé à une offre d’emploi au sein d’un organisme d’insertion pour adulte. Je remplissais tous les critères. Eh bien je n’ai jamais eu de réponse, malgré toutes mes relances. Venant d’une entreprise d’insertion c’est un comble !!! » Aujourd’hui, Jessica se dit fatiguée et écœurée. « On n’aide que les jeunes de moins de 26 ans ou les plus de 45 ans. Et les autres alors ?!? J’ai de la colère en moi. De la rage. Ça ne peut pas continuer comme ça. » Correspondante de presse, elle ne vit toujours pas de sa plume et est payée au lance pierre. Même fatiguée elle espère toujours que la roue tournera…
*Nous avons modifié le prénom pour respecter l’anonymat.

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