Faire de l’avion un engin plus durable et moins polluant. Tel était l’objectif des trois fondateurs de l’entreprise rochelaise Elixir Aircraft, créée en 2015. Ensemble, Arthur Léopold-Léger, Nicolas Mahuet et Cyril Champenois ont créé un petit avion léger bi-places novateur, l’Elixir. Ils ont surtout développé une technologie innovante dans la création et la forme des ailes, le Oneshot.
« La structure traditionnelle d’une aile se compose d’un squelette de métal sur lequel on vient envelopper la structure de l’aile. Elixir Aircraft a créé un moule permettant d’obtenir une pièce en carbone d’un seul tenant, qui fait à la fois l’enveloppe et le squelette », explique Adrien Pinot, responsable administratif et financier de l’entreprise. Avec des composants plus légers et un design plus aérodynamique, cette technologie inspirée du nautisme a permis de réduire le bruit du moteur, les coûts de maintenance et surtout la consommation d’essence – 12 litres/ heure, soit 67% de moins par rapport à la moyenne des avions monomoteurs à pistons.
« Le renouvellement total de cette flotte par des avions de 4ème génération ferait gagner chaque année 162 millions de kg d’émission de CO2 », estime l’entreprise. Pour les trois cofondateurs de la société, « la complexité des anciennes technologies de l’aéronautique est aujourd’hui la raison pour laquelle les avions d’ancienne génération souffrent de défaillances, techniques ou humaines, et coûtent cher à exploiter, en consommation et en maintenance ». La PME s’est fixée comme objectif de réaliser « des appareils plus sûrs, plus économes et plus polyvalents ». « Si on n’innove pas aujourd’hui, l’aéronautique n’a aucune chance d’obtenir des avancées […] à l’heure où il y a une réponse à apporter en matière de transition énergétique et de changement climatique », estime le dirigeant Arthur Léopold-Léger.
Un début d’industrialisation
L’entreprise vient d’obtenir une aide dans le cadre du plan France Relance pour s’agrandir et s’industrialiser. Après avoir inaugurée un nouveau hangar de 2300 m2 près de l’aéroport de La Rochelle, dédié à la fabrication de ses bi-places, l’entreprise compte prochainement installer une usine de fabrication de ses pièces en One Shot, jusqu’à présent sous-traitées. Objectif : devenir autonome dans sa confection, à la fois pour conserver ses secrets industriels et faire évoluer plus facilement sa technologie. Basée à Périgny, cette seconde usine permettra d’embaucher une vingtaine de personnes d’ici la fin 2022, portant les effectifs de la société à près de 80 personnes.
Une dizaine d’avions sont en cours de fabrication sur le site de l’aéroport, une centaine d’autres sont en précommandes. Entre les commandes fermes et les pré-réservations, l’entreprise a une visibilité de trois ans devant elle. Parmi les 15 modèles vendus, six sont destinés à des aéroclubs souhaitant moderniser leur flotte, à La Rochelle, mais aussi dans l’Aisne et en région parisienne. Après avoir mis sur le marché son unique modèle bi-places de 100 CV, la société compte prochainement sortir sa version « sport » avec un moteur de 140 CV.