Décentralisation : après la Corse, la Nouvelle-Aquitaine ?


En cette rentrée Alain Rousset, se montre offensif sur deux de ses thèmes de prédilection, la décentralisation et la LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, allant jusqu'à annoncer deux initiatives visant à mettre la pression sur le Gouvernement.

Alain Rousset fait face à Guillaume Riou. Ils sont assis l'un en face de l'autre dans le bureau d'Alain Rousset jonché de dossiers.Région Nouvelle-Aquitaine- Sébastien Blanquet-Rivi

Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine et son vice président en charge des transitions écologique et énergétique Guillaume Riou.

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 03/10/2023 PAR Solène MÉRIC

Du côté du budget de la Région les années se suivent et les difficultés s’aggravent. « Nous n’avons jamais eu autant de difficultés à établir un budget, jamais !», la phrase et le ton convaincu étaient exactement identiques l’an dernier à la même époque. Alain Rousset pointe une diminution des ressources fiscales et une baisse de plus de 6 % des dotations, alors qu’en parallèle la collectivité a « des sollicitions de plus en plus importantes de l’État sur des actions à mener ». Résultat, le prochain budget sera marqué par une dette régionale accentuée, prévient le président. « Il y aura un recours trop important à l’endettement à mon goût, avoue-t-il, mais il y a tellement de projets portés par un écosystème extrêmement dynamique ici… Après avoir travaillé à structurer ces écosystèmes, et à porter de grands chantiers, je ne peux pas dire « j’arrête ! » ».

Il n’aime pas les Régions

Et de pointer la faute du manque de ressources de la Région (et des Régions en général) sur Emmanuel Macron, et « le mouvement de centralisation » depuis son arrivée au pouvoir. « Il n’aime pas les Régions, il y a une volonté de ne pas travailler avec les corps intermédiaires », appuie celui qui annonce, à la suite des propos du président de la république sur le statut de la Corse à faire, au côté de la Région Bretagne, « des propositions concrètes sur des transferts de compétences ». Un texte, dont l’ambition est de le faire adopter voter par les deux assemblées régionales avant de le soumettre au gouvernement qui « aura un mois pour y répondre », lance-t-il.

Après tout à Saintes, en mai dernier, le Président lui aurait dit ne pas s’opposer à de nouveaux transferts de compétences, mais « à condition qu’il y ait les ressources derrières », précise le patron de la Nouvelle-Aquitaine. Un sujet de la décentralisation chère à Alain Rousset dont la rentrée automnale ne semble pas avoir tari les ambitions, bien au contraire.

Moi, j’aime le train

Mais à celui qui dit « j’adore la bagnole », Alain Rousset répond, sûr de son effet « Moi, j’aime le train ». Pointant que « concernant le train, les Régions vont bien au-delà de leur compétence », il ne goute qu’assez peu la proposition de pass rail à 49 euros du président Macron. Pour la qualité et l’attractivité du train, « le problème urgent c’est les infrastructures », dit-il, partageant ici les propos de Carole Delga, présidente des Régions de France, et d’ajouter par ailleurs que « pour les trajets de moins de 100 km le prix de l’abonnement mensuel en Nouvelle-Aquitaine est de moins de 49 € ».

Des ambitions ferroviaires toujours au rendez-vous aussi sur le sujet de la LGV Bordeaux Toulouse et Bordeaux Dax qui n’en finit pas de rebondir. Le récent avis de l’Autorité environnementale, pourtant un brin sévère sur le dossier GPSO, n’inquiète pas Alain Rousset outre mesure. « L’avis, c’était sur la méthode et pas sur le fond, donc il ne faut pas que mon ami Pierre Hurmic se réjouisse », glisse-t-il. Quant aux éventuels impacts des conséquences de cet avis sur le délai de réalisation du projet, là aussi l’heure est à la sérénité. « La réactualisation des études demandées prendra plusieurs mois ou semaines, mais le projet ne sera pas retardé », estime-t-on à la Région.

Une grande manif pro LGV à Mont-de-Marsan

Il a bien pourtant un sujet d’inquiétude « on ne va pas assez vite en direction de l’Espagne. L’Europe est furieuse après le gouvernement français et je partage l’inquiétude de Bruxelles. » Autre voisin mécontent selon lui : le Pays basque Sud. Manière de mettre plus de pression au gouvernement, « avec Guy Kaufman, directeur général de la société GPSO, on est en train de fomenter une grande manifestation avec le Pays basque espagnol à Mont-de-Marsan » annonce-t-il. À venir aussi « une campagne d’information sur le projet ».

L’inquiétude: « Si on n’a pas la LGV on ne pourra pas mettre un TER supplémentaire dans le RER métropolitain. Il y a là un problème de capacité : un train n’en double pas un autre. Ça ne signifie pas qu’il ne faut pas régénérer les voies », appuie-t-il citant le chantier envisagé par SNCF réseaux sur la liaison Bordeaux Dax Bayonne. Un exemple pouvant apaiser en partie certaines angoisses du président des Pyrénées-Atlantiques, Jean-Jacques Lasserre, qui ne lisait pas cela dans les propositions en cours du volet Mobilités du Contrat de Plan Etat Région.

Un nouveau comité des mobilités

Un CPER Mobilités pour lequel la veille, le préfet de région Etienne Guyot précisait avoir pour mandat une enveloppe de 740 millions d’euros dont « au moins 150 millions d’euros pour les projets de RER métropolitains qu’ils soient autour de Bordeaux, Bayonne, Pau et la Rochelle. Sur la période 2023-2027, je redis bien que c’est un minimum » insistait-il, appuyant lui aussi par ailleurs, sur le caractère « essentiel » des aménagements ferroviaires au Sud de Bordeaux pour les RER métropolitains. A propos des mobilités, Etienne Guyot annonçait également la création d’un Comité des mobilités mi-octobre, pour « tomber d’accord sur les priorités » à développer pour faciliter les déplacements : covoiturage, RER Métropolitains, transports urbains… A l’issue : « des objectifs partagés et une feuille de route à 5 ans, pour être plus efficace », promet-il.


Et la planification écologique ?

Là aussi le sujet est « aigu » pour Alain Rousset. « Nous n’avons pas attendu que le Gouvernement nous fixe des objectifs de planification écologique pour agir dans ce domaine », lâche-t-il et de citer en exemple Acclimaterra, un comité de plus de 400 scientifiques qui ont travaillé à analyser et anticiper les conséquences du réchauffement climatique dans la région depuis plus de 12 ans, ou encore la feuille de route régionale Néo Terra. Son ambition depuis 2019 est d’intégrer l’objectif de transition environnementale et écologique dans toutes les politiques régionales. « 46 % du budget de la région concernent directement ces transitions » appuie Guillaume Riou, Vice-président aux transitions écologique et énergétique.
Face à l’accélération du réchauffement et l’ambition de la prise en compte de la dimension sociale de ce dernier et de ses conséquences, Néo Terra est en pleine ré-actualisation. Sa nouvelle version sera présentée et votée en assemblée plénière le 13 novembre prochain.


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1 Commentaire

Un commentaire

  • LEGROS, le 11/10/2023 à 19h38

    Notre bon Duc rêve toujours. Il confond ses souhaits, et la dure réalité. Nous allons vers des crises systémiques, et lui reste coincé dans les trente glorieuses triomphantes de sa jeunesse.Réveillez-vous Monsieur Rousset, le monde a changé, il faut optimiser l’existant, éviter les gaspillages, aller à l’essentiel. En matière ferroviaire l’important n’est pas de perdre 2 minutes entre Bordeaux et Dax en construisant une LGV qui fera passer 13 TGV par jour, pour moins de 7% des utilisateurs du train. La priorité ferroviaire c’est de faire circuler des trains sur la ligne existante qui est utilisée à 30% de ses capacités. C’est de faire revenir les trains de fret: ils ne sont plus sur Dax Bordeaux que 14/jour, alors qu’ils étaient 32 en 2006. Qu’avez vous fait pour diminuer le fret ferroviaire, alors que vous claironnez que c’est une priorité ?


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