C’est l’histoire d’un cabinet médical en Dordogne…


Au Fleix, commune de 1 500 habitants, l'année 2023 n'a pas été de tout repos pour le cabinet médical, en situation délicate. Une solution a finalement été trouvée avec les collectivités locales. Un exemple de la filière santé dans le département.

Le cabinet médical situé à l'entrée du Fleix. Racheté par la communauté d'agglomération de Bergerac, l'activité va s'y maintenir sous la forme d'une maison de santé pluridisciplinaire. Disposant déjà de larges emplacements de parkings juste devant, il peut aussi être agrandi, puisqu'il est entouré de champs sur les côtés et derrière.Droits réservés

Le cabinet médical situé à l'entrée du Fleix a vu son destin changer face au départ de deux des trois médecins libéraux qui l'occupaient. Racheté par la communauté d'agglomération de Bergerac, l'activité va s'y maintenir sous la forme d'une maison de santé pluridisciplinaire.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/12/2023 PAR Sylvain Desgroppes

Non, le cabinet médical du Fleix, petite commune de 1 500 habitants située au sud-ouest de la Dordogne, ne fermera pas ses portes en 2024. Pourtant, le contexte a été tendu en 2023. Pour comprendre la situation, il faut remonter l’histoire de ce cabinet. Il a été créé par le docteur Bernis, auparavant associé d’un autre cabinet de la commune (son ancien associé, le docteur Waquier, est d’ailleurs parti à la retraite en octobre 2023).

Le docteur Bernis crée donc son propre cabinet, et recherche des associés. Le docteur Dausques, une ancienne interne de ce professeur de la faculté de Bordeaux, arrive. Plus tard, en février 2019, c’est le docteur Cantiran, autre ancien interne, qui complète le cabinet. « J’avais rencontré le docteur Bernis à la faculté, j’ai fait mon stage d’internat avec lui, je voulais du rural, tout en étant proche d’une ville comme Bergerac », résume Victor Cantiran.

Le docteur Bernis détient la SCI propriétaire du cabinet, chacun des trois médecins participe à un tiers du loyer, et via une société civile de moyens, les trois embauchent une secrétaire et une femme de ménage. Mais en 2023, le docteur Dausques annonce son départ (elle a finalement repoussé l’échéance et devrait partir exercer au Québec en avril 2024). Dans le même temps, le docteur Cantiran annonce aussi son souhait de départ.

Une situation délicate

En cause, l’envie de faire de la médecine autrement. « La question s’était déjà posée dans ma tête en 2021, après une mission Covid en Guadeloupe. J’ai eu envie de voir d’autres missions, de varier ma pratique », commence le médecin de 33 ans. Il s’inscrit alors à la réserve sanitaire, un ensemble de médecins volontaires, mobilisables par l’État français pour des missions sur le territoire national, comme le docteur Cantiran l’a fait à Mayotte par exemple.

Le docteur Victor Cantiran, 33 ans, installé au sein du cabinet médical du Fleix depuis l’obtention de sa thèse en février 2019, a souhaité exercer la médecine sous d’autres formes qu’en libéral.

« J’ai aimé faire les deux à la fois, du libéral et des missions, mais cela devenait lourd à gérer », confie celui qui arrêtera son activité au 31 décembre 2023. « Je vais partir travailler six mois dans un dispensaire en Nouvelle-Calédonie. J’y retrouve aussi un désert médical, mais je vais varier mon activité, les cas à traiter… Et pour la suite, je ne ferme aucune porte, du libéral, de l’humanitaire, de l’hospitalier… », termine-t-il.

Au Fleix, le cabinet est donc en tension. « Il fallait trouver une solution. Le docteur Bernis ne pouvait pas absorber toute notre patientèle, ni assumer seul les charges du bâtiment et les charges de personnel », explique Victor Cantiran, en charge de 900 patients en tant que médecin traitant, et de 1 500 patients en fil actif. « Avec une proportion importante de personnes âgées, et souvent polypathologiques. Le travail est plus lourd, plus valorisant aussi », précise-t-il.

Quelles solutions ?

Le cabinet se trouvant dans l’impasse, avec un propriétaire des lieux contraint de partir si aucune solution n’était trouvée, la Communauté d’Agglomération de Bergerac (CAB) va intervenir. « Nous avons de bonnes relations de travail avec la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS) du Bergeracois, qui regroupe tous les professionnels de santé ayant un ordre. Nous avons été alertés du problème qui se posait », indique Olivier Dupuy.

Le vice-président de la CAB chargé de l’accès aux soins évoque la stratégie de la collectivité : « La solution a été que la CAB rachète le foncier, le cabinet devenant une maison de santé pluridisciplinaire. Cela nous permet d’avoir une MSP à l’entrée ouest du territoire, après celles de Creysse à l’est et de Sigoulès au sud. Ces dernières étaient pleines, si un professionnel se présentait, nous ne pouvions pas l’accueillir ».

La CAB a racheté le bâtiment de 158 m² pour 320 000 euros, identifiant aussi une possibilité d’extension future. Le docteur Bernis reste exercé, s’acquittant désormais d’un loyer à verser à la CAB, comprenant le loyer du bâtiment et une part de la rémunération des deux salariés. « MSA Services va rembaucher les deux salariés, prenant en charge les deux parts de salaires restantes », termine le docteur Cantiran.

Quel avenir ?

« Pour créer une MSP, il faut écrire, comme nous l’avons fait au Fleix, un projet de santé. Cela permet à un médecin arrivant d’avoir plus de contacts avec les autres professionnels de santé du territoire », détaille Olivier Dupuy, qui évoque aussi l’attractivité du territoire, de la mobilité au logement en passant par les services (travail pour le conjoint, éducation pour les enfants…)

Le docteur Cantiran s’en réfère de son côté à sa thèse, qui lui avait permis d’être reçu en 2019. « J’ai travaillé sur les conditions d’installation des médecins en Dordogne. C’est principalement la venue sur le territoire lors d’un stage qui joue un rôle favorable. Car l’étudiant se fait un carnet d’adresses, il rencontre des spécialistes, il sait comment chacun travaille. C’est cela qui compte avant tout le reste, les aides financières, les services », abonde-t-il.

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