Bourse agricole : un pré bilan en demie teinte


La 7ème bourse agricole a permis de de faire le point sur ces filières et de dresser des perspectives.

Bourse agricole maritime Quai Lomabrd du Port Atlantique La RochellePort Atlantique La Rochelle

Bourse agricole maritime Quai Lomabrd du Port Atlantique La Rochelle

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 30/06/2022 PAR Virginie Valadas

Le 17 juin, la filière agricole était à nouveau à l’honneur sur le parvis de la Maison du Port avec le retour de la Bourse Maritime Agricole La Rochelle – Pallice. Après deux années d’interruption pour cause sanitaire, cette 7e édition confirme, avec plus de 350 participants, le besoin de rencontres entre les professionnels des filières céréales, engrais et nutrition animale. Cette manifestation était l’occasion de faire le point sur ces filières et de dresser des perspectives.

Avec près de 4 millions de tonnes traitées sur les terminaux de Port Atlantique La Rochelle (+50 % par rapport à la campagne précédente), le bilan estimatif de la campagne céréalière 2021-2022 redonne du baume au cœur à la profession, malgrè des difficultés. Vincent Poudevigne, directeur général du groupe Sica Atlantique, premier opérateur du port de La Rochelle Port Atlantique a dressé un pré-bilan à mi campagne pour 2022-2023 : « Après une campagne 2020-2021 qui était une des plus faibles en volume depuis près de vingt ans, la campagne 2021-2022 s’annonçait sous les meilleurs auspices. Malheureusement perturbée par les pluies estivales abondantes, la moisson 2021 a été retardée et s’est étalée jusqu’à fin août pour les céréales à paille. Ces pluies ont réduit les volumes espérés et ont compliqué la logistique de préacheminement vers les ports. Et puis, cette campagne a été marquée par la guerre en Ukraine qui a grandement bouleversé les flux et les marchés ».

L’impact de la guerre en Ukraine

Pour Jean-François Lepy, directeur général de Soufflet négoce évoque lui aussi l’impact du conflit en Ukraine: « La véritable interrogation concernant l’Ukraine n’est pas de savoir ce qu’elle va produire, mais comment les grains vont être commercialisés. On nous parle ici et là de sécuriser des corridors pour les sorties par voie maritime, mais attendons de voir. Pour l’heure, les sorties d’Ukraine se font uniquement par voie terrestre au rythme de 1 à 1,5 million de tonnes par mois. Avant la guerre, elles étaient de 7 millions de tonnes par mois. Les semis de la nouvelle campagne ukrainienne sont en baisse de seulement 20 % ce qui est plutôt positif au vu du contexte. Avec des ports fermés, les grains ukrainiens auront du mal à toucher le marché mondial. » Un manque estimé de 35 à 40 millions de tonnes de grains, entraînant une tenue des cours extrêmement élevée pénalisant de fait nombre d’acheteurs, dont les pays d’Afrique subsaharienne habitués jusque-là à produire la farine nécessaire à leur population à partir d’un blé bon marché. 

Puis les impacts d’une météo versatile

Au groupe Sica Atlantique, la nouvelle récolte est attendue avec impatience : les volumes ne seront connus qu’après la collecte du fait de l’incroyable versatilité de la météo de ces dernières semaines. Les chiffres masquent globalement une disparité entre les différents produits exportés. En effet, les sorties d’orges, focalisées sur la Chine, sont au rendez-vous mais avec une baisse significative sur les orges de brasserie. Les expéditions de blé dur sont en hausse sensible (+40 %) malgré une qualité hétérogène. On note également une hausse des transports de maïs en intra-communautaire (190 000 tonnes) ainsi que des graines de tournesol. La sécheresse et les fortes chaleurs du printemps 2022 ont rappelé que rien n’est jamais acquis. 

Pour la Socomac groupe Soufflet, la prudence est aussi de mise pour anticiper sur la fin de la récolte 2022. La longue et précoce sécheresse fat envisager à son directeur que le potentiel de récolte s’annonce à la baisse de 10 à 15 % en raison des conditions climatiques de ces derniers mois. Il a ainsi estimé : « On peut se réjouir d’une belle campagne sur l’orge fourragère et le maïs, mais on aurait pu espérer mieux sur le blé en raison d’un manque de compétitivité de la place rochelaise, et plus globalement française, de novembre à mars. Nous avons été concurrencés sur l’Afrique de l’Ouest par l’origine sud-américaine, en particulier l’Argentine qui a connu une belle récolte.»

Déchargement de tourteaux de soja à l'anse Saint-Marc2Port Atlantique La Rochelle

Déchargement de tourteaux de soja à l’anse Saint-Marc2

Vracs agricoles : situation contrastée

Les vracs agricoles incluent la nourriture animale et les fertilsants. Si la situation s’est avérée délicate pour l’alimentation animale, impactée par les taux de fret, la crise ukrainienne et la grippe aviaire, les fertilisants ont su tirer leur épingle du jeu dans un marché mondial très tendu, grâce à des stocks importants. 

Selon Francis Grimaud, directeur d’EVA : « Les statistiques sont en retrait à nouveau sur La Rochelle avec, depuis le début d’année, uniquement des arrivées de tourteaux de soja. Lesquels connaissent une campagne bien morose jusqu’ici. Face à la hausse continue des prix des tourteaux de soja et du fret sur le deuxième semestre 2021, les fabricants d’aliments ont procédé à de nombreux arbitrages en formulation. La crise ukrainienne a contribué à la poursuite de l’aggravation des prix. A cette crise des prix, s’est ajoutée une crise de la demande avec la grippe aviaire qui a provoqué l’abattage de 30 millions de volailles, réduisant de fait les besoins en alimentation animale. » Il a également évoqué les récoltes de tournesol : « La Russie et l’Ukraine ont produit respectivement 16 et 17 millions de tonnes, des volumes qui font partie des records. Là aussi le fret maritime a été pénalisant. Les flux se sont concentrés sur Montoir et Lorient. La Pallice s’est concrètement trouvée enfermée entre Bordeaux et Montoir qui recevaient de gros bateaux. Le conflit en Ukraine est ensuite arrivé et tout s’est arrêté. » 

Une bonne année pour les fertilisants 

Sébastien Hamon, directeur du Pôle Solides de la Sica Atlantique a lui dressé un bilan très positif de l’année : « L’année 2021 marque un nouveau record des importations de fertilisants. En effet, 470 000 tonnes de fertilisants vracs solides (non classés) ont transité par les installations d’Atena, soit une augmentation de 15 % par rapport à l’année précédente. Dans un contexte de marché mondial très tendu impliquant une multiplication par quatre des prix à la tonne, la place portuaire de La Pallice a su tirer son épingle du jeu avec des niveaux de stocks importants défiant ainsi la rumeur d’une pénurie de fertilisants sur le territoire français. Le conflit entre l’Ukraine et la Russie bouleverse les flux, cependant le marché semble se réorganiser et trouver des solutions logistiques, afin d’apporter aux agriculteurs les fertilisants nécessaires à la production céréalière.. » 


Infos pratiques !

La Bourse Maritime Agricole La Rochelle-Pallice est pilotée par les acteurs portuaires rochelais :
Port Atlantique La Rochelle, Union Maritime La Rochelle, Groupe Sica Atlantique, Socomac Groupe Soufflet, AMLP, EVA.
Pour sa 7e édition, elle poursuit la promotion de la filière agricole en réunissant à La Rochelle les acteurs majeurs du secteur : céréaliers, producteurs, négociants, stockeurs, fournisseurs d’intrants, courtiers, transporteurs routiers et ferroviaires, commissionnaires de transport, laboratoires d’analyses, contrôleurs, traders, opérateurs et agents maritimes… 

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