Avant « Les Volets verts », Jean Becker en son jardin


Ce mercredi, sortie dans les salles de "Les volets verts", le nouveau film de Jean Becker. Aqui l'a rencontré sur l'île de Ré, son havre de Paix.

Jean Becker vient dans l'île de Ré depuis les années 70. C'est son havre de paix.Virginie Valadas

Jean Becker vient dans l'île de Ré depuis les années 70. C'est son havre de paix.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 22/08/2022 PAR Virginie Valadas

A 89 ans, le réalisateur Jean Becker a fait, cet été, la tournée des salles de cinéma de Charente-Maritime et de Vendée, avec l’énergie d’un jeune homme. Il est allé présenter son dernier long-métrage, le seizième, Les Volets verts, qui sort en salle mercredi 24 août.

Ce monstre sacré du cinéma nous reçoit dans le jardin de sa maison rétaise aux Portes-en-Ré, son « havre de paix » pour évoquer son amour des acteurs, son admiration pour Gérard Depardieu, pour Jean-Loup Dabadie avec qui le film est co-écrit, son goût pour fouiller les rapports humains.

Aqui : Comment est né le projet de réalisation de ce film ?

Jean Becker : Au départ, c’est un livre de Simenon, puis avant sa disparition Jean-Loup Dabadie a commencé à le scénariser et à le dialoguer. J’ai fini ce qui avait été commencé par Jean-Loup car malheureusement, il est décédé. Cela a été une écriture à quatre mains : trois mains de Jean-Loup Dabadie et une de moi. Auparavant, ce sont Gérard Depardieu et mes producteurs qui s’étaient mis d’accord pour me proposer le film.

Retrouver Gérard fut un grand moment, j’aime beaucoup cet homme et son talent. L’histoire m’a touchée car je connais bien le milieu artistique où évolue les comédiens. Je me suis senti comme un poisson dans l’eau. J’ai été content de raconter cette histoire de Simenon avec l’adaptation de Jean-Loup Dabadie. Jean-Loup était mon ami, je l’ai beaucoup fréquenté ici à l’île de Ré où il était mon voisin. Nous avons déjà collaboré sur deux films ensemble. J’ai une grande admiration pour tout ce qu’il a écrit : les films, les chansons…

Que raconte ce film ?

C’est l’histoire d’un acteur dans la force de l’âge, de son talent, de sa renommée. Il lui arrive un accident corporel… Je ne vais pas en dire plus pour les gens qui se déplaceront au cinéma.

Il y a aussi une histoire d’amour entre Gérard Depardieu et Fanny Ardant ?

Oui, il y a la fin d’une histoire d’amour et une autre qui commence.

On ne dirige pas Depardieu

Le rôle semble taillé sur mesure pour Gérard Depardieu, est ce que le Depardieu du film Les volets verts est le même que celui de Elisa il y a quelques années ? Est-ce facile de diriger un Gérard Depardieu ?

On ne dirige pas un comédien et notamment Gérard. Lui aussi a vieilli et je dois dire plutôt… je ne vais pas dire en bien car il a toujours été bon, il est le magnifique comédien que l’on connaît, qui est certainement l’un des plus grands acteurs de ce siècle (le XXe ndlr). Mais aujourd’hui, il a adapté son jeu, sa force à son âge.

Alors comment cela se passe quand on a un casting époustouflant avec Fanny Ardant, Benoît Polevoorde ?

Je laisse libre court à leur talent. Il y a une écriture qui a été faite par Jean-Loup Dabadie et un peu par moi-même, ils ont lu le scénario et ils ont accepté. A partir du moment où un acteur accepte un rôle, il sait comment il va le prendre en main, l’adapter à lui-même. Moi, le seul travail que j’ai à faire avec eux, c’est simplement de les aider de temps en temps, dans certaines scènes, de les guider. Moi j’ai le film en tête mais les acteurs eux aussi, ils ont le film en tête, ils ont en tête leur personnage dans le film. J’ai très peu de choses à faire en tant que réalisateur, si ce n’est de les filmer le mieux possible.

Sentir les choses comme mon père me l’a appris

Où avez-vous trouvé l’énergie de réaliser de nouveau un film ?

On est guidé par un sujet. Quand vous lisez un livre, un scénario, c’est ce qui dicte l’envie que vous avez de réaliser cette histoire. J’ai appris, non pas appris, mais plutôt senti les choses comme mon père (le réalisateur Jacques Becker, ndlr) m’a appris à les sentir. Ce qui m’intéresse le plus dans la vie, ce sont les rapports humains. Ce sont les échanges, les rencontres, qui malheureusement deviennent de plus en plus rares, car les gens se connaissent de moins en moins. Avec tous ces appareils, c’est difficile d’avoir la même force et la même simplicité dans les échanges.  Ce sont les paroles d’un homme vieillissant mais il n’empêche que je suis sincère quand je pense et dis cela. Il y a un philosophe, je ne sais plus lequel qui disait : « je n’aime pas ce siècle et toutes ces inventions », je ressens un peu la même chose.

Ré, l’île qu’on admire encore et encore

Quel est votre relation à l’île de Ré ?

J’y viens depuis 1970. C’est indéfinissable ce pourquoi on tombe amoureux de l’île de Ré. C’est vrai que la platitude de l’île de Ré n’est pas forcément louable en tant que paysage. Et bien si… Je me souviendrais toujours, j’allais à la pêche avec le maçon qui a construit cette maison et qui est devenu un ami. Un jour, nous étions sur le bateau, il venait de jeter l’ancre et il ne bougeait pas. Alors je lui dis « Ben Nono, qu’est-ce que tu fais ? » « Ah ben écoutes, je regarde parce que c’est tellement beau ici ». Cet homme a vécu toute sa vie dans cet endroit et il était toujours dans la contemplation. Alors j’ai compris qu’il y avait vraiment quelque chose de spécial dans cette île pour qu’un homme qui connaissait les lieux depuis sa naissance continue de les admirer comme ça.

Et vous, être vous aussi contemplatif de l’île de Ré ?

Je m’y sens bien. Je m’y sens moins bien qu’à une époque parce qu’il y a un peu trop de monde. Alors je sors de moins en moins de cette maison qui est mon petit « havre de paix » et je m’y sens bien malgré tout.


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