« 2021, l’année de tous les excès »


La Chambre d’agriculture 17-79 s’est réunie en session le 1er octobre.

Jean-Marc Renaudeau, Cédric Tranquard, Vincent Poudevigne et Pol Lefebvre à l'issue de la session du 1er octobre 21 à la chambre d'agriculture de La RochelleAnne-Lise Durif | Aqui

Jean-Marc Renaudeau, Cédric Tranquard, Vincent Poudevigne et Pol Lefebvre à l'issue de la session du 1er octobre 21 à la chambre d'agriculture de La Rochelle

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/10/2021 PAR Anne-Lise Durif

Les chambres d’agriculture de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres se sont réunies en session le 1er octobre à La Rochelle. Parmi les points à l’ordre du jour, la mutualisation des chambres interdépartementales. Cette session a également été l’occasion de faire un point sur l’état de la filière agricole, entre les restrictions sanitaires et les conséquences climatiques. Moins que la crise sanitaire, c’est la météo qui a eu le plus d’impact sur l’activité ces derniers mois.

« 2021 a été l’année de tous les excès : gel, sécheresse, précipitations importantes, avec un printemps humide et des conséquences sur les fourrages d’été comme des moissons tardives », analyse Jean-Marc Renaudeau. Résultat : des récoltes hétérogènes, en quantité comme en qualité, en fonction des localités. Les conséquences s’en sont ressenties jusque dans les exportations. « On sort de la campagne la plus difficile qu’on ait eu à gérer, avec une baisse de 40 à 50% des exportations, faute de matière première et des rentrées tardives », affirme Vincent Poudevigne, le directeur général de la SICA Atlantique. « D’habitude, on charge les premières récoltes d’orge mi-juin et les premiers bateaux de blé quelques semaines après. Là, on a eu presque trois semaines de retard ». Ces contretemps auraient eu une incidence dans les pays importateurs que sont les contrées de l’Afrique du Nord et de l’Ouest, possédant peu ou pas de production locale céréalière. « C’est la première fois depuis neuf ans qu’on a eu des fils de dizaines de bateaux en attente dans la rade de la Pallice », constate Vincent Poudevigne.

En moyenne, le grand port Atlantique de La Rochelle brasse dix millions de tonnes de céréales par an, dont 5 millions partent à l’export, dans lesquels se trouvent 3 millions de tonnes de blé de meunerie. « Trois millions, c’est la ration annuelle en pain de 20 millions d’Africains. C’est pour vous dire combien nous sommes attendus », observe le directeur avant de préciser, « En Algérie, 80% de leur blé est d’origine française. Le Maroc a une production locale mais importe des compléments en fonction de sa récolte, on est à 40, voire 50% d’export. L’Egypte en importe 10% ». Avec ses 47% d’exportation vers l’Afrique, La Pallice n’est pourtant pas le seul port à alimenter le nord ouest du continent, de la Mauritanie au Gana. Si les Etats-Unis ont longtemps été un concurrent en la matière, aujourd’hui, le bras de fer se joue avec la Russie, qui a décroché l’essentiel des marchés de l’Est de la méditerranée et du Moyen-Orient.

Si en cet automne La Pallice « a retrouvé un régime de croisière », les conséquences des retards de production et la baisse des rendements en céréales pourraient avoir des conséquences dans les prochains mois au niveau des consommateurs. Selon la Chambre, industriels et distributeurs n’auraient pas, pour l’instant, répercuté le coût de la hausse du prix des céréales. Mais l’impact de ce coût sur la filière élevage devrait mathématiquement entraîner des hausses de prix d’ici la fin de l’année.

Bientôt la fusion officielle des chambres interdépartementales

Commencée depuis trois ans avec une organisation commune des services, un décret attendu du ministère de tutelle devrait permettre de passer à l’étape suivante, une fusion sur le plan juridique. Concrètement, le personnel, aujourd’hui salarié de l’une ou l’autre chambre, passera alors sous contrat avec les deux chambres réunies.

A terme, les élus de la Chambre se laissent la possibilité d’aller plus loin, en se rapprochant de la Vienne et de la Charente. « A l’époque de la Région Poitou-Charentes, on avait mutualisé un certain nombre de services comme l’administratif, les ressources humaines et la formation des agriculteurs », rappelle  Jean-Marc Renaudeau, le président de la Chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. Les membres du conseil d’administration constatent un intérêt croissant pour un retour à la mutualisation des moyens, à une époque où il est nécessaire de se démarquer au sein d’une super région. Le modèle de fusion des chambres 17-79 serait même regardé de près par d’autres départements de France. « Dans les régions où sont restés trois ou quatre départements de l’ex-région, ils y viennent parce qu’ils se connaissent déjà », observe le président deux-sévriens.

Pour autant, les élus de la Chambre ne veulent pas se précipiter dans la conception d’une chambre picto-charentaise. « On voudrait s’éviter de vivre ce qu’ont vécu d’autres chambres consulaires comme la Chambre des Métiers », où la régionalisation s’est faite à marche forcée, « avec un budget régionalisé et des antennes départementales » devenues dépendantes de la structure régionale. « Notre originalité, c’est que c’est la base, dans les localités, qui pilote et non l’inverse. Si on ne conserve pas ça, on aura perdu ce qui fait notre richesse », note le directeur des deux chambres Pol Lefebvre. « Il faut construire une entité régionale à travers les départements.»

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