120 millions d’euros de pertes pour la ferme Dordogne


En Dordogne, les productions agricoles ont été durement impactées par les incidents climatiques et la hausse des prix. La Chambre d'agriculture a fait le point.

Un champ de maïs à Grand Brassac après l'épisode de grêleClaude-Hélène Yvard | Aqui

Un champ de maïs à Grand Brassac après l'épisode de grêle

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/09/2022 PAR Claude-Hélène Yvard

L’année agricole n’est pas terminée, mais c’est déjà du jamais vu. Avec la grippe aviaire, le gel, la sécheresse et les orages, la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie, il y en a déjà pour 120 millions d’euros de pertes selon la Chambre d’Agriculture de la Dordogne. Jean-Pierre Granger, son président a fait un état des lieux. Aucune filière ne sortira indemne de cette année particulière, si bien qu’un certain nombre d’exploitants font le choix d’arrêter leur activité ou de décapitaliser leur cheptel, pour pouvoir s’en sortir.

Au sein du bureau de la Chambre d’agriculture de la Dordogne, l’heure est à l’inquiétude. Cette année 2022, restera sans doute comme une des pires pour les exploitants périgourdins entre les aléas climatiques, les épidémies d’influenza aviaire ou de tuberculose bovine, et la hausse des prix de l’énergie, et des aliments.

La chambre d’agriculture a estimé les pertes pour la ferme Dordogne a 120 millions d’euros. Le début d’année a été terrible pour les producteurs de foie gras avec l’épisode de grippe aviaire, plus grave que celui de l’hiver 2015-2016. 450 communes ont directement été affectées et 330 000 volailles ont du être euthanasiées. « On a un impact de 4 millions de pertes directes pour la filière, mais ce n’est pas fini, car les procédures d’indemnisations sont longues et complexes et ne sont pas terminées, notamment pour les élevages qui se trouvaient en zone réglementée et qui n’ont pas eu de production », précise Philippe Granger.

Tous les éleveurs manquent de canetons et il faudra du temps pour atteindre un  niveau d’activité normale. « Pendant un an, on va tourner à 25 % d’une année normale. Il y aura des pertes d’exploitation supplémentaires », estime le président de la chambre. Yannick Frances, le vice-président en charge du dossier s’inquiète d’un retour de l’influenza aviaire, des premiers cas ont déjà été signalés dans l’Ain ou en Vendée, il y a quelques jours. 

45 millions d’euros de pertes avec la grêle et le gel

Les aléas climatiques ont fortement impacté de nombreuses productions. Les épisodes de gel ont détruit pratiquement 100% de la production des pruniculteurs selon le président de la Chambre d’Agriculture, mais il a également abimé les vignes du Bergeracois. Les noix et les pommes ont été touchées, mais les agriculteurs sont en attente des récoltes pour voir l’étendue des dégâts. 

Les orages de grêle de juin ont ensuite fait de très importants dégâts dans le Ribéracois et dans le Bergeracois. Il y en a pour 45 millions d’euros de pertes de chiffre d’affaires pour environ 600 à 800 agriculteurs. « Nous avons eu un fonds d’urgence de l’Etat d’un million. Il en manque beaucoup. Aujourd’hui, concrètement c’est une poignée d’agriculteurs qui ont perdu 40 millions d’euros, si on ne les aide pas, le risque est qu’ils disparaissent. Le seuil de 5000 euros par exploitation, c’est rien pour ces agriculteurs », estime Jean-Philippe Granger. De nombreux exploitants s’inquiètent pour les semis d’automne, car ils n’ont même pas les financements pour les réaliser, donc pour faire repartir la production. 

La forêt a aussi été fortement impactée par la tornade de grêle du 20 juin, c’est 20 000 ha qui sont complètement anéantis, pire que la tempête de 1999. Là aussi, il faudra reconstruire.

L’été venu, c’était la sécheresse et trois périodes de canicule brûlant parfois les plantations sur pied. « Toutes les productions végétales ont été touchées. Ainsi le blé, le maïs, le tournesol et les fourrages… » La Chambre d’agriculture évalue les dégâts à 26 millions d’euros. A ces épisodes de fortes chaleurs et de manque d’eau, tous les agriculteurs sont confrontés à la hausse du coût des carburants (9 millions d’euros estimés pour la ferme Dordogne), des engrais, hausse des matières premières.

Forte inquiétude sur l’élevage

Les responsables de la chambre d’agriculture sont particulièrement inquiets pour les éleveurs qui subissent ces hausses ainsi que sur les aliments qu’ils achètent. « Sur les filières d’élevage, on avait déjà une grosse problématique sur le travail de l’agriculteur pas suffisamment rémunéré. Aujourd’hui, cela ne fait que s’amplifier. On redoute une accélération des départs et des arrêts d’activité », estime Philippe Granger.  Certains éleveurs n’ont en effet pas d’autre choix que de vendre une partie de leur troupeau pour pouvoir nourrir leurs animaux. « Ils sont de plus en plus nombreux à décapitaliser leur cheptel pour faire face aux difficultés. On enregistre une baisse de 9 % du cheptel bovins par rapport aux années précédents et le mouvement tend à s’accélérer »,  explique Yannick Frances. Certains en grande difficulté font le choix de tout arrêter, même s’ils n’ont pas atteint l’âge de la retraite. Certains optent pour une autre activité professionnelle. 

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