Qui est cette Angela dont le prénom apparaît sur la devanture de certains commerces, y compris des bars, des restaurants et des hôtels et parfois même dans les transports en commun ? C’est une nouvelle bonne copine. Le dispositif Angela est national et vise à lutter contre le harcèlement de rue. Si une personne ne se sent pas en sécurité, elle peut trouver refuge dans l’un des établissements partenaires – identifié grâce au sticker sur sa vitrine – et demander Angela, elle sera accueillie, écoutée, aiguillée, car le commerçant volontaire aura reçu une formation pour être en capacité de répondre. Voilà l’un des nouveaux outils dont s’équipent aujourd’hui les villes en France, pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes, à l’instar de La Rochelle, mais aussi en région, Pau, Poitiers, Bordeaux…
Des violences protéiformes
Celles-ci sont protéiformes : cyber-harcèlement, violences conjugales ou intrafamiliales, violences psychologiques, financières, physiques, la liste est non exhaustive. Mais depuis 2019 et le Grenelle contre les violences faites aux femmes, les femmes victimes ne sont plus seules et les lignes ont bougé.
Un arsenal d’outils existe aujourd’hui, des outils qui fonctionnent grâce à une collaboration étroite entre les différents interlocuteurs que sont les associations d’aide aux victimes comme le Centre d’information des femmes et des familles (CIDFF) de La Rochelle, le parquet, la gendarmerie, le commissariat, les services d’insertion et de probation et les collectivités territoriales. Le partage des informations se fait en temps réel, surtout quand il y a danger pour la victime. Ces dispositifs comme le bracelet anti rapprochement ou le téléphone grave danger montrent un fléchissement sensible des chiffres sur la récidive et sur les féminicides en Charente-Maritime.
Plus de 500 plaintes reçues en 2022
Si Charles Hervé, vice procureur auprès du tribunal de La Rochelle/Rochefort avoue avoir traité plus de 500 dossiers en 2022, il relativise : « c’est aussi parce que la parole des femmes s’est libérée, elles hésitent moins à venir porter plainte aujourd’hui ». En Charente-Maritime en 2022, plus de 100 téléphones grand danger ont été distribués, c’était zéro en 2018.
Au-delà des chiffres, Emlilie Sandoval du service d’aide aux victimes du CIDFF de La Rochelle souligne que le recueil de la parole de manière confidentielle et par des professionnels formés reste la première étape de parcours souvent longs et tortueux, où il faut accepter que la victime revienne sur sa parole, sur sa plainte, retourne auprès du compagnon violent, mais sans jamais la lâcher. Là est toute la difficulté, surtout pour les violences intrafamiliales qui par définition sont internes au foyer, donc peu visibles. La prise en charge des auteurs de violence fait aussi partie des dispositifs, outre la sanction pénale, ainsi que celle des enfants témoins.
Des actions toute la semaine
C’est dans ce contexte que Aurélie Bourgoignon, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité a coordonné des actions toute la semaine dans tout le département de la Charente-Maritime, de Jonzac à l’île de Ré, sans oublier Surgères, Saint-Jean-d’Angely, Saintes ou encore La Rochelle. De la journée de débats et d’échanges, aux cours de self-défense dans les établissements scolaires, à la pièce de théâtre. Pendant le match de rugby La Rochelle-Castres, samedi 26 novembre à 15h au stade Deflandre, une vidéo sera même programmée à la mi-temps. Pour que les femmes n’ignorent plus qu’elles ne sont pas seules.