Une université populaire pour parler de la biodiversité à tous


Anne-Lise Durif

Une université populaire pour parler de la biodiversité à tous

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 09/06/2018 PAR Anne-Lise Durif

Rencontre avec Sarah Lelong, coordinatrice scientifique du programme Esprit de Velox, et Jérôme Spitz, directeur adjoint du laboratoire Pelagis à La Rochelle, qui animent avec deux autres scientifiques une table ronde « Océan et biodiversité », ouverte à tous.

@qui! – « En tant que scientifique, quel est l’objectif de cette rencontre avec le grand public ? »

Sarah Lelong : « On se rend bien compte que les deux concepts, océan et biodiversité, sont très larges, donc on avait envie de rappeler ce que l’on sait, en tant que scientifique, de voir ce que le public sait de son côté, de rétablir quelques vérités si besoin, d’expliquer où en est le monde scientifique dans l’avancée de ses connaissances et quelles sont les moyens déployés pour en savoir plus, revenir sur les enjeux environnementaux, mais aussi sociétaux, économiques et politiques. L’objectif, c’est de leur donner matière à réflexion pour trouver des solutions ensemble et faire avancer les choses. »

Jérôme Spitz : « Quand on regarde bien, la pression et l’érosion de la biodiversité sont assez peu prises en compte par le grand public, alors que la majorité s’est plutôt bien appropriée les problématiques et les débats autour du changement climatique. Les actions et la communication autour de la biodiversité restent très confidentielles. On a l’impression que le sujet s’est cantonné au militantisme et à la recherche scientifique, en particulier concernant le monde marin, dont on constate qu’il est relativement méconnu du grand public. »

@qui! – : « Comment s’explique cette méconnaissance du milieu marin ? »

Sarah Lelong : « Il y a sans doute une part de raison historique : le monde des marins a toujours été un milieu de taiseux. C’est également plus facile de donner à voir les changements sur terre qu’en mer. N’importe qui peut constater, près de chez lui, dans son jardin, qu’il y a moins d’oiseaux, moins d’insectes, etc., alors que c’est une réalité concrète très compliquée à voir quand c’est dans l’eau.  D’autant plus qu’aujourd’hui, il n’y a plus la culture du milieu, comme Cousteau avait pu la populariser par exemple, alors qu’il y a toujours de grands explorateurs qui communiquent, comme Laurent Ballesta. »

Jérôme Spitz : « C’est en effet un milieu difficile à appréhender. La preuve, il y a davantage de personnes aujourd’hui qui sont montés sur le toit du monde que de gens ayant été au fond des océans !  Paradoxalement, il y a de plus en plus d’usagers de la mer, avec des enjeux économiques toujours plus importants. […] D’ailleurs, en parler, c’est aussi devoir accepter de remettre en cause certaines pratiques, et tout le monde n’y est pas prêt… »


« Si l’on considère que la forêt Amazonienne est le poumon de la planète, alors l’Océan en est le cœur. »

 

@qui! – : Pourquoi cette prise de conscience de l’état de la biodiversité des océans est importante ?

Jérôme Spitz : « On a longtemps cru – et on l’entend encore parfois – que la mer et les océans étaient un milieu sans fond avec une ressource sans fin, capable de tout absorber… On commence à se rendre compte que ce n’est pas la réalité. Les récifs de coraux meurent, des continents de plastiques apparaissent, des espèces disparaissent, des fonds marins sont labourés par des pratiques de pêche… Mais une majorité de gens continuent de considérer que la mer peut encore tout supporter. Et ça devient un énorme problème car les écosystèmes marins sont au centre du fonctionnement de notre planète : régulateurs du climat et du cycle de l’eau, sources de nourriture d’une majeur partie de la population mondiale. Si l’on considère que la forêt Amazonienne est le poumon de la planète, alors l’Océan en est le cœur. L’existence humaine même en dépend. »

Sarah Lelong : « Si les gens ne prennent pas conscience de ces aspects, ils ne peuvent pas réagir. Et si on ne réagit pas très vite, on va droit dans le mur. Il faut agir maintenant avant que les impacts d’aujourd’hui ne deviennent irréversibles. En sachant que si on peut réussir à arrêter un schéma, ce ne n’est pas pour autant que la dégradation va s’arrêter nette, ni même la garantie de réussir à inverser la tendance. Mais les gens doivent prendre conscience que le changement ne peut provenir que de la masse des individus : les populations sont le meilleur levier pour que les politiques suivent et non l’inverse. Protéger l’environnement, ça peut commencer par des petits gestes comme ne pas utiliser de paille en plastique (qui se retrouvent en mer et sont nocives pour les animaux marins, qui s’étouffent avec, à l’instar des sacs plastiques, ndrl), ne pas jeter son mégot sur la plage, jeter ses bouteilles dans les bacs appropriés, etc. »


Entrée gratuite, au Palais des Congrès de Rochefort samedi 9 juin toute la journée. Les autres conférences débats de la matinée, de 10h à 12h : « Impact des activités humaines sur la biodiversité », par Nature Environnement 17 ; « Valorisation et protection des zones humides », sur la convention Ramsar et son application aux zones humides (pour les professionnels de la mer) ; « Moins de déchets, c’est plus de biodiversité », par l’association Pays Rochefortais Alert’, sur l’impact de nos gestes quotidiens sur l’environnement, avec des trucs et astuces pour limiter son impact personnel au quotidien par de petits gestes. Conférence de clôture (libre et gratuite) de 15h à 17 h « Perspectives et venir de la biodiversité » pour échanger sur les solutions à venir ou à trouver, avec la députée Dominique Tufnell, l’agence française pour la biodiversité et l’association Humanité et Biodiversité. Visite en extérieur à la station de lagunage de Rochefort pour découvrir l’épuration des eaux usées par le principe naturel d’auto-épuration (gratuite, sur réservation au 05 46 89 42 92 ou sur https://www.tuffnell.fr/universites-de-la-biodiversite)

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Charente-Maritime
À lire ! ENVIRONNEMENT > Nos derniers articles