Transmission des exploitations : Maïsadour s’y met aussi


Le renouvellement des générations est un, si ce n’est le, principal défi pour l’avenir de l’agriculture. Face à l’urgence du temps qui passe, les acteurs économiques s’en saisissent à leur tour, à l'image de la coopérative Maïsadour.

Solène MÉRIC | Aqui

La signature du partenariat entre Maïsadour et les MFR d'Aire-sur-l'Adour et de Mont s'est fait en présence d'apprenants des deux MFR.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/05/2024 PAR Solène MÉRIC

Au sein de la coopérative landaise, 33 % des agriculteurs adhérents et clients de Maïsadour, ont plus de 55 ans. Les filières animales sont les plus concernées par ces départs à la retraite à anticiper. « Sur une centaine d’entretiens que nous avons réalisés au sein de ces filières, 51 % des adhérents de cette génération n’avaient pas de repreneur identifié », pointe Leslie Vives, cheffe de projet installation pour le groupe coopératif.

Booster l’installation et l’attrait pour le métier agricole

De son côté, la formation agricole de la MFR (Maison Familiale Rurale) d’Aire-sur-l’Adour, forme environ 100 jeunes par an. Parmi eux « 70 % veulent s’installer en tant qu’exploitant agricole », évalue le directeur de la structure Théo Oosterlaken. Or sur la centaine d’apprenants « 85 % ne sont pas issus du milieu agricole », poursuit-il. 85 % qui ne pourront donc pas compter sur une exploitation familiale antérieure pour pouvoir s’installer. Pour ceux-la particulièrement, « c’est un véritable challenge que de passer du rêve à la réalité », admet-il. Et pourtant, ces profils comptent sacrément dans la dynamique de l’installation. Ils représentent désormais 40 % des installations en agriculture.

C’est bien dans le but de faciliter la rencontre entre ces jeunes et les cédants ou futurs cédants que les MFR d’Aire-sur-l’Adour (40) et de Mont (64) viennent de s’engager dans un partenariat auprès de Maïsadour. Objectif, selon Daniel Peyraube, Président du groupe coopératif : « booster l’installation et l’attrait pour le métier agricole grâce à un dispositif de stage de découverte pouvant se muter en contrat d’apprentissage ».

40 exploitations qualifiées recherchent apprentis

Ici chacun son rôle. Les MFR identifient des apprenants, entre la seconde et le BTS, ayant formulé un vœux d’installation sous 10 ans. Le groupe Maïsadour sélectionne quant à lui, « des exploitations qualifiées, c’est à dire sans repreneurs identifiés, économiquement viables, dont les produits sont valorisés par le groupe. Des exploitations dont le chef d’exploitation aura émis le vœux de former un jeune dans le but de transmettre sous 3 à 8 ans », détaille Christophe Bonno, le Directeur général. Dans ce cadre, « 40 exploitations qualifiées ont déjà été identifiées », complète Leslie Vives. Les fiches profil de ces exploitations sont en cours de rédaction et seront transmises au fil de l’eau aux MFR qui les diffuseront auprès de leurs étudiants.

Au-delà d’une simple mise en relation entre jeunes et futurs cédants, le biais d’un stage découverte permet « à l’apprenant de savoir si cette exploitation peut lui convenir mais également au cédant de s’acclimater à travailler avec un jeune et à le former. La découverte est double » insiste Théo Oosterlaken. Le stage, sans conséquence financière pour l’exploitant, peut dans une deuxième étape se transformer en un contrat d’apprentissage. Le tout, suivi de manière ponctuelle, mais dans la durée, par la MFR et le groupe coopératif pour que les choses se déroulent au mieux. Trois mois avant la fin du cursus de l’apprenant, une hypothèse de reprise pourra être valider entre le jeune et le cédant. Dans ce cas, le lien sera poursuivi entre Maïsadour et le jeune pour un accompagnement technico-économique de la coopérative, renforcé par la Charte Jeunes adhérents, dispositif interne dédié aux jeunes installés.

Informer, anticiper, accompagner

Cela dit, ce déroulé idéal, de l’école à l’installation, ne pourra sans doute pas être automatique, car malgré tout, par exemple, la barrière financière pour l’accès à la terre perdurera. Si l’ambition du partenariat est de pouvoir au maximum transformer l’essai de l’apprentissage à l’installation du jeune, le moteur de ce partenariat reste surtout qualitatif. Tant pour la formation du jeune, que pour l’attractivité des MFR et de leur formation agricole. Une dimension qualitative aussi pour la notoriété de la coopérative auprès de jeunes non issus du milieu agricole et du point de vue de la prise de conscience des adhérents cédants à anticiper le plus tôt possible le moment de la transmission, et la nécessité de maintenir des investissements sur leurs exploitations.

Notre rôle n’est pas de remplacer les acteurs de la transmission, nous voulons nous inscrire dans une démarche de coordination auprès de nos adhérents

Un message d’anticipation de la transmission sur lequel la coopérative compte encore accentuer auprès de ses adhérant. Une étape que bon nombre d’entre eux semblent appréhender. « Sur la centaine d’agriculteurs adhérents que nous avons rencontrés, la moitié d’entre eux souhaite que nous les accompagnons dans cette phase de transmission. Parmi ceux-là, la moitié ont pourtant déjà un repreneur identifié », souligne la cheffe de projet.

Paradoxalement, les acteurs travaillant sur ce sujet, et tout prêts à informer et accompagner les futurs cédants, sont nombreux, à commencer par les Chambres d’agriculture. La jeune femme insiste d’ailleurs sur ce point, « notre rôle n’est pas de remplacer les acteurs de la transmission, nous voulons nous inscrire dans une démarche de coordination auprès de nos adhérents. Savoir les conseiller, leur indiquer le bon interlocuteur au bon moment et leur apporter un premier niveau d’information. » Complémentarité plutôt que concurrence au service de la transmission et de l’installation en agriculture.

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