Simon Thirot, président du MJS 33 : « il faut remettre le PS au travail »


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Simon Thirot, président du MJS 33 : "il faut remettre le PS au travail"

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 12/11/2008 PAR Joël AUBERT

@qui! : On sent chez les militants socialistes une lassitude du combat des chefs. Cette lassitude se retrouve-t-elle également chez les jeunes socialistes ?
Simon Thirot :
Au MJS, on parle assez peu du combat des chefs en lui-même. Mais c’est vrai que les militants sont assez moroses en ce moment parce qu’on se rend compte que les socialistes ne sont plus tellement audibles ni très crédibles dans leurs propositions. On retrouve aussi cette lassitude chez les jeunes mais dans une moindre mesure, parce qu’on retrouve l’envie de la jeunesse de faire bouger les choses. Dans la période de la rentrée scolaire, on a mené une campagne de recrutement sur toute la Gironde qui a vraiment bien marché. On a eu une dizaine de demandes d’adhésion au MJS par semaine. En fait, les débats internes sont très intéressants. C’est l’image qui en est donnée à l’extérieur qui n’est pas forcément très jolie.

@! : Le partage des voix des militants en quatre quarts n’est-il pas le pire scénario pour le Parti socialiste ?
S. T. :
On a aujourd’hui quatre motions au coude-à-coude. Il n’y a donc pas de majorité claire au Parti Socialiste. Ce qui signifie que les socialistes devront jouer la carte de l’unité. Mais le partage des voix n’est pas un problème dans la mesure où les congrès socialistes sont toujours le lieu de compromis, un moment où on fait bouger les lignes ensemble. Par exemple, François Mitterrand est arrivé à rassembler une majorité autour de lui au congrès d’Epinay en faisant des compromis avec l’aile gauche du parti et notamment les chevènementistes.

Il y a toujours eu des courants au PS et ils sont toujours arrivés aux congrès avec des proportions équivalentes. Que quatre motions soient au coude-à-coude n’est ni une nouveauté, ni un véritable problème. Je suis persuadé qu’on arrivera à sauvegarder l’unité des socialistes et qu’une équipe se mettra en marche. Par ailleurs, même si la majorité sortante du PS est aujourd’hui divisée en trois motions, celle de Martine Aubry, celle de Bertrand Delanoë et celle de Ségolène Royal, l’aile gauche du parti reste relativement forte. Le score de Martine Aubry, considérée comme l’une des motions les plus à gauche, est élevé. Ce qui signifie qu’il y a une volonté chez les militants socialistes que le parti reste ancré à gauche et reste au contact du mouvement social. Il ne faut pas regarder uniquement les scores moyens de Ségolène Royal et de Bertrand Delanoë.

@! : Au plan national, c’est la motion de Ségolène Royal qui est arrivée en tête. En Gironde, c’est la motion signée par Bertrand Delanoë, soutenue par Alain Rousset, président du Conseil régional, et Philippe Madrelle, président du Conseil général, qui s’est imposée. Ce résultat signifie-t-il que les socialistes girondins seraient  » caporalisés » ?
S. T. :
Le soutien des grands élus à la motion de Bertrand Delanoë a sans doute joué. Mais il y a aussi un changement d’attitude chez les militants qui avaient besoin d’une certaine liberté de choix pour exprimer un ras-le-bol et la crainte que le Parti socialiste ne parvienne plus à exprimer une opposition crédible à la politique gouvernementale.

@! : Quel rôle le MJS a à jouer dans le contexte actuel ?
S. T. : J’ai surtout envie qu’on soit une piqûre de rappel permanente pour le PS. Pour rappeler d’abord que chez les socialistes, il y a plus de choses qui nous rassemblent plutôt que de choses qui nous divisent. Et rappeler aussi que la principale opposition doit se faire en réaction à Nicolas Sarkozy. On doit rappeler en permanence que nos opposants ne sont pas au sein du Parti socialiste. Notre principal opposant doit être la droite, qui est actuellement en train de tout défaire en profitant de la crise actuelle. D’un côté le gouvernement prône un retour de la puissance publique ; de l’autre il poursuit le démantèlement des services publics. Je dirais même qu’en réalité il profite de la crise pour continuer sa politique de réforme et imposer sa vision politique et culturelle aux Français. La droite a gagné une bataille culturelle aujourd’hui. Le problème du PS dans ce contexte, c’est qu’il n’arrive plus à parler à l’électorat traditionnel de la gauche. En s’appropriant des valeurs et un discours de gauche, Nicolas Sarkozy arrive à parler aux ouvriers, aux salariés, aux retraités, c’est-à-dire l’électorat traditionnel du PS. Si on arrive à parler à nouveau à ces gens, le score du PS remontera.

@! : Que propose le MJS pour redonner au Parti socialiste son crédit ?
S. T. : On veut absolument rappeler au PS que si on se déconnecte des mouvements associatifs ou des syndicats, les socialistes ne pourront plus apporter de réponses crédibles. Il faut rester au contact du mouvement social ; il en va de la crédibilité du parti. C’est quelque chose qui ne doit pas être perdu de vue à l’issue du congrès de Reims. Après avoir tranché en interne, on doit devra s’ouvrir vers l’extérieur. Les jeunes socialistes restent sur une ligne plus à gauche que le parti. Sur la question des alliances, on a une position très claire au MJS : pas de contrat de gouvernement avec le MoDem. Le MoDem a aujourd’hui 3 députés, ce n’est pas une force politique, hormis les 17% réalisés par François Bayrou aux élections présidentielles. Et au niveau local, le MoDem est partout allié avec l’UMP. Nos partenaires sont à gauche. Besancenot ne doit pas être un problème : à gauche il y a aussi les Verts, le MRC, le PC etc.

@! : Le congrès de Reims permettra-t-il de faire émerger un leader en mesure de rassembler le PS ?
S. T. :
Il doit y avoir une vraie majorité au PS, plutôt qu’une grande synthèse qui contente tout le monde pour des postes. Mais je ne suis pas certain qu’on ait besoin, dès aujourd’hui, d’un leader présidentiable. On devra trancher des questions politiques, et beaucoup de choses seront plus claires. J’espère qu’à l’issue de ce congrès, le PS sera en état de se mettre au travail et d’avoir une crédibilité encore plus importante. Aujourd’hui, le PS a un temps de retard sur toutes les questions importantes. La droite impose son calendrier pendant qu’on se regarde le nombril. Il faut remettre le parti au travail et réformer les pratiques militantes : il faut que les militants se rendent compte qu’ils ont tous un rôle à jouer dans le parti pour le faire bouger. Il ne faut pas attendre que ceux qui occupent des responsabilités agissent ; il faut que les militants prennent les choses en main. Le Congrès de Reims peut servir à ça.

Propos recueillis par Simon Carraud

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