Sandrine Derville, la révélation basque des élections régionales


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Sandrine Derville, la révélation basque des élections régionales

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Temps de lecture 8 min

Publication PUBLIÉ LE 19/02/2016 PAR Felix Dufour

@qui ! Bayonnaise, installée depuis douze ans à Anglet, racontez-nous votre itinéraire jusqu’à cette nomination à ce poste de vice-présidente de Région chargée du tourisme…
Sandrine Derville – J’ai été d’abord secrétaire de la section PS depuis 2008, puis je me suis retrouvée 4e sur la liste de Jean Espilondo aux élections municipales d’Anglet en 2014 remportée par  Claude Olive, le candidat les Républicains. Mais compte tenu des résultats j’étais éligible. Pour me situer, politiquement parlant, je suis plutôt à gauche de l’échiquier du PS.. A succédé la campagne des Régionales. j’y ai découvert que les compétences de la région m’intéressaient et le profil d’Alain Rousset, sa capacité à faire des discours sans note sur tous les sujets m’a impressionné. J’ai donc fait acte de candidature à la Fédération départementale. Un jury s’est réuni avec les différentes sensibilités du Parti et à l’issue, j’ai été retenue comme deuxième de liste. Il y avait d’autres listes alternatives mais c’est notre liste conduite par Bernard Uthurrry,  maire d’Oloron jusqu’aux municipales de 2014 ( NDLR. le divers droite Hervé Lucbereilh l’a battu de 8 voix) qui l’a emportée.

@qui ! Troisième étape, entrée au comité exécutif de la Région. Plutôt inattendue…
S D – Le cabinet d’Alain Rousset m’a appelé deux jours avant la première séance plénière pour me demander de faire partie du comité exécutif de la nouvelle Région. C’était mon premier mandat, autant je me voyais bien m’impliquer sur des sujets locaux mais quand on m’a téléphoné pour participer à une réunion de l’exécutif, j’étais complètement « flippée ». Je me suis interrogée: est-ce que ça n’allait pas trop vite? Ce sont quand même des dossiers énormes. Et le dimanche soir, j’ai appris qu’Alain Rousset me confiait le tourisme.

@qui ! Comment avez-vous plongé dans ce nouveau bain? Cette semaine, vous avez un agenda chargé avec des rencontres tous azimuts…
S D – Tout d’abord, avec cette nomination j’ai pris un 3/5 pour mon travail. Les lundi et mardi sont consacrés à mon travail d’élue pour la Région. Puis j’ai réservé ma première visite à mon prédécesseur à la Région, Renaud Lagrave, de Mont-de- Marsan qui, depuis 2010, à ce poste avait fait un énorme travail. C’est la première personne que je suis allée voir et il m’a expliqué les contours de ce secteur et les dossiers qu’il faudra continuer d’accompagner, la Cité de l’Océan de Biarritz, le projet de Center Park en Lot-et-Garonne, la station thermo-ludique des Eaux-Bonnes qui est en chantier et devrait être inaugurée à la fin de l’année. Ça permettrait d’apporter un complément au ski loisir dans les stations du Haut Ossau.

@qui ! Vous avez sûrement rapidement noté à quel point cette grande Région était multiple. En matière de tourisme particulièrement…
S D – Tout à fait. Dans le nord de la Région, si on prend Poitou-Charentes, c’est là qu’il y a les sites les plus fréquentés de la région, le Futuroscope, l’aquarium de La Rochelle, Le Marais poitevin. Poitou-Charentes faisait quasiment exclusivement la promo de ces cinq grosses destinations. Le Limousin est un tourisme différent notamment en matière d’hébergement, plutôt un tourisme rural. Je fais le tour des agents pour voir comment on peut harmoniser tout ça. L’Aquitaine faisait beaucoup de choses pour l’aménagement et le développement touristique. Via une politique d’appels à projet, soutien des projets appelés structuration touristique des territoires; un soutien afin que les agglomérations prennent la compétence du tourisme. C’était la condition avec ces territoires pour qu’ils soient soutenus. C’était des projets de modernisation d’Offices de tourisme. On étudie comment étendre ou adapter ce genre d’appel à projet. Comme il nous faudra harmoniser toutes nos aides à l’hébergement (hôteliers, camping). Nous avons aussi en Aquitaine un schéma vélo route et voie vertes. On va désormais réaliser ce schéma au niveau de la Grande Région.

@qui – ! Au delà de ce schéma, il y a quand aussi un grand chantier d’harmonisation, non?
S D – À la fin de l’année, il faut qu’on ait ce règlement d’interventions voté et harmonisé à l’échelle de la Grande Région. Puis en 2017, on va se lancer dans une démarche collaborative avec les départements, les socio-professionnels pour élaborer ensemble le schéma de développement touristique de la Région. Ce sera un document qui précisera les grands enjeux de développement et l’organisation. Le tourisme est l’affaire de tout le monde et j’ai rencontré, et je continue de rencontrer, les vice-présidents en charge du tourisme dans les 12 départements afin que nous parvenions ensemble à porter les projets touristiques du territoire au-delà des clivages politiques.

La revendication de la nécessaire complémentarité entre les territoires

@qui – Comment cette nouvelle région peut-elle grossir un bas de laine touristique déjà opulent ?
S D – Avec la nouvelle région, le tourisme sera encore plus une composante majeure de l’économie régionale avec 12,5 milliards d’euros générés chaque année. Nous serons ainsi la 3e région touristique de France qui génère 87.000 emplois permanents. Nous serons un territoire d’attractivité touristique, accueillant chaque année 27 millions de visiteurs, 2e plus grand littoral français, avec ses 720 km de côtes, et des îles à forte notoriété, mais aussi des territoires de montagne, territoires urbains et ruraux variés, allant du marais poitevin aux Pyrénées Béarnaises en passant par les contreforts du Massif Central, le tout agrémenté de terres de vignobles mondialement connus, du plus grand estuaire d’Europe et d’un patrimoine culturel et identitaire unique. Au-delà du classement des régions, nous souhaitons avoir une vision prospective à consolider et à affirmer, afin d’attirer de nouvelles clientèles, le tout en s’appuyant sur les identités fortes qui caractériseront la Grande Région.

@qui ! Comment organiserez-vous des filières qui vont de la préhistoire au nord au surf ou au golf au sud?
S D
–  Faire le choix de filières prioritaires et majeures, comme le littoral ou le patrimoine, mais aussi des filières différenciantes telles la préhistoire, le golf, le surf, l’oenotourisme, la gastronomie ou le bien-être que nous partageons pour partie entre les trois régions. Pour cela, il nous faut une méthode et la mise en œuvre d’une véritable politique concertée à travers un règlement d’intervention Tourisme, clair et adapté aux besoins des entreprises et des territoires, complété par un Plan marketing partagé entre la Région et les Départements et les destinations touristiques. CEla nécessite la définition d’orientations stratégiques co-construites. Nous revendiquons la nécessaire complémentarité de l’offre entre les territoires et voulons travailler sur des logiques de destinations touristiques et de territoires de découverte (loisirs de proximité) en créant les liens entre eux, qu’il s’agisse de l’intermodalité, de package touristique ou de stratégie de promotion commune et complémentaire.

« L’EPCI Pays basque? La deuxième intercommunalité de la Région »

@qui ! Que pensez-vous de ce séisme provoqué par l’EPCI Pays basque qui a conduit à la démission le président de l’Agglomération Côte basque Adour et maire de Bayonne Jean-René Etchegaray, en minorité face aux quatre autres maires de son importante agglo?
S D -Je ne suis pas vraiment étonnée par la démission de Jean René Etchegarray, vu sa position, minoritaire par rapport à celle de ses 4 collègues de l’agglo. Personnellement, je suis pour car d’abord ce projet répond à une demande de simplification administrative: en passant de 10 intercommunalités à 1 seule, de 90 vice-présidences à une quinzaine, de 93 syndicats mixtes à 22 à partir de 2020, nous ne pouvons nier qu’il s’agit là d’une vraie simplification administrative, voulue par nos concitoyens.  Ensuite, il répond à la demande de reconnaissance institutionnelle d’une partie des élus et de la population – qui semble majoritaire – dans le cadre du droit commun de la République. Et c’est là un point majeur pour moi: l’Etat répond à cette demande dans le cadre du droit commun de la décentralisation, sans créer d’exception, nous permettant ainsi d’allier à la fois notre attachement à nos identités locales et notre attachement à la République et ses principes.

Sandrine Derville Claude Olive

@qui ! – Comment les voyez-vous ces futures intercommunalités?
S D
Les intercommunalités de demain ne seront plus le prolongement des communes, elles seront plus fortes, auront plus de compétences, et deviendront de véritables intermédiaires entre les Régions et les communes, qui mèneront des politiques publiques essentielles et stratégiques (logement, développement économique, aménagement du territoire). Ensemble on est plus forts! Le Pays Basque est riche de ses expériences collectives passées, il a déjà montré sa capacité à s’organiser, à se structurer pour porter des projets collectifs via la dynamique de Pays Pays Basque. L’EPCI unique à l’échelle du Pays Basque serait la deuxième intercommunalité de la nouvelle Région, après la communauté urbaine de Bordeaux, et pourrait être cet intermédiaire pour mener ces politiques stratégiques. Je pense que c’est en cela qu’Alain Rousset s’est déclaré séduit par ce projet.

@qui ! – Ses adversaires pointent du doigt quand même bien des imperfections…
S D
Bien sûr, le projet présente des imperfections, certaines questions restent ouvertes, et il faudra trouver collectivement des solutions pour y répondre. Je pense en particulier à la question de la gouvernance et de la représentation démocratique: nous ne pouvons pas avoir une assemblée où les territoires les plus peuplés comme c’est le cas d’Anglet, seront sous-représentés. Cette question doit impérativement être résolue, le législateur doit la prendre en considération, adapter la loi, et nous faire des propositions. Et je suis convaincue que seul le Suffrage Universel Direct – qui s’impose selon moi pour désigner nos représentants dans une collectivité chargée de lever l’impôt – nous permettra de solutionner ces problèmes de gouvernance et de représentativité démocratique (et d’avoir une représentation paritaire dans le conseil communautaire!). La question de l’harmonisation de la fiscalité est également essentielle, et devra être réglée de façon progressive et en prenant en compte les disparités actuelles entre les territoires. C’est l’enjeu des groupes de travail qui sont à pied d’œuvre actuellement, et ce sera l’enjeu demain des élu(e)s qui auront à créer et à faire fonctionner cet EPCI.

@qui ! – Beaucoup des opposants au projet évoquent aussi la question du bassin de vie, et du Seignanx en occurrence.
S D – Elle est réelle certes, et des coopérations devront être mises en place à cette échelle sur les problématiques essentielles de transports et de logement, c’est d’ailleurs déjà aujourd’hui le cas avec notre SCOT, et heureusement! Ce n’est donc pas incompatible, et d’ailleurs, le périmètre de l’EPCI n’est pas figé, et pourra s’élargir, si les collectivités le souhaitent. Cela dit, je ne peux que constater – et regretter – que personne n’a réellement porté de projet de regroupement à cette échelle, y compris parmi les opposants aux projets d’EPCI unique qui mettent en avant cet argument… Donc, malgré les imperfections de ce projet, qu’il nous faudra résoudre – et sans doute encore après sa mise en œuvre – je pense qu’il nous faut saisir cette occasion qui ne se représentera sans doute pas, et que ce que nous avons réussi collectivement dans le cadre associatif du Conseil des élus et du Conseil de développement, pourquoi ne le réussirions-nous pas dans le cadre institutionnel de l’EPCI?

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