Reportage – Après la tempête, l’économie forestière landaise en suspens


Aqui.fr

Reportage - Après la tempête, l'économie forestière landaise en suspens

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/02/2009 PAR Solène MÉRIC

De nombreuses parcelles encore inaccessibles
Tous les acteurs de la filière bois sont d’accord : le bilan est catastrophique. Si, jusqu’à présent, le chiffre officiel des dégâts forestiers tablait sur 300 000 ha de forêt sinistrée et 30 millions de m3 de bois à terre, la situation s’aggrave de jour en jour et le bilan final devrait être plus proche du chiffre de 400 000 ha de forêt touchée et de 40 voire 50 millions de m3 de bois à terre. Ce chiffre est impressionnant au regard des 7,4 millions de m3 de pin maritime consommé chaque année par l’industrie. Klaus a donc mis « environ 7 ans de récolte par terre » se désole Serge Derbot, un des trois associés de la scierie La Montoise du Bois, à Mont-de-marsan. Yves Lesgourgues, directeur du Centre régional de la propriété forestière et responsable de la cellule de crise mise en place par l’interprofession forestière confirme : « il faudra au moins cinq années pour dégager les arbres chablis et une quinzaine d’année pour la reconstitution éventuelle de la forêt ». Cela dit ces chiffres ne sont encore que des estimations car de nombreuses parcelles restent inexplorables en raison de leur inaccessibilité, il faut donc les envisager comme un seuil minimum des dégâts.

« Une course contre la montre »dégâts forestiersLe plan d’urgence préconise d’abord un ensemble de mesures juridiques et fiscales concernant les parcelles endommagées. A ce titre figure, par exemple, le dégrèvement de l’impôt sur le revenu des bois et forêts 2009 et 2010. Mais le cœur des propositions en termes d’indemnisation concerne la mise en place d’un Fond Spécial d’Indemnisation et de Restauration couplé à un mécanisme d’aide au nettoyage et à la reconstitution des forêts. En effet, même si les forêts sont juridiquement assurables, elles le sont à des coûts prohibitifs. Ce constat est à double tranchant, d’une part les forêts ne sont, dans la pratique, pas assurées et d’autre part, étant juridiquement assurables, leurs propriétaires ne peuvent prétendre aux indemnités dues au titre de catastrophe naturelle, qui couvre les dommages sur les biens non assurés. Pour contrer cette double impasse, le plan d’urgence préconise que ce fonds, soit doté d’un fonds de départ de 500 millions d’euros afin de permettre l’indemnisation des propriétaires par rapport au préjudice subi (défini en fonction de l’âge des arbres touchés et du pourcentage de dégâts sur la parcelle) ainsi que le nettoyage et le reboisement des parcelles sinistrées. Concernant le financement du fonds d’indemnisation, il pourrait être étatique ou européen.
Concernant plus particulièrement les communes, pour lesquels l’exploitation de leur bois est une source de revenus importants pour leur budget, le Conseil général des Landes a, dès le 5 février, débloqué un fonds de 5 millions d’euros destiné à couvrir les dommages non assurables.

Un nécessaire soutien de l’industrie
Outre le volet indemnisation des sylviculteurs, le plan d’urgence du comité interprofessionnel insiste sur le nécessaire soutien de ces demandes par l’industrie, via les solutions de stockage mais aussi par l’engagement des industries locales à consommer un maximum de bois de pin maritime. Le plan d’urgence préconise également un soutient massif à l’exportation. Il recommande en effet la nécessité de « rentrer momentanément dans une économie administrée pour garantir la meilleure efficacité des fonds publics et protéger le système forêt-bois-papier ». Sur le point des exportations, Serge Derbot confirme : « même s’il est difficile de stimuler la demande en période de crise, l’Etat devra mettre en place des aides pour vendre plus de produit finis à l’exportation » Dans cette veine, Alain Rousset propose par exemple que la construction en bois bénéficie des avantages fiscaux de la loi de Robien.

« Une appréhension certaine pour le futur »
Si Serge Derbot est inquiet pour la gestion de la crise au présent, il ressent également « une appréhension certaine pour le futur » et s’interroge sur les conséquences de cette tempête sur le moyen terme : « quel va être l’avenir de la filière une fois que les stocks sous arrosage seront épuisés ? ». Il craint que cela n’arrive plus tôt que prévu, est que d’ici « 7 ou 8 mois, il soit de nouveau nécessaire d’acheter du bois sur pied pour la manufacture de parquet par exemple. Mais alors, les prix du pin maritime vont être très élevés, puisque rare, ce qui se répercutera sur le prix final payé par le consommateur. Nous serons alors dans une situation très délicate, puisque les prix de la concurrence, seront naturellement restés stables. Comment dans ce cas convaincre le client d’acheter ?» Il craint véritablement que la tempête ait pour conséquence de « faire disparaître la moitié des scieries »
Lucides sur la situation catastrophique de l’économie forestière des Landes, les acteurs reconnaissent volontiers que « ce défi ne sera pas simple à relever». Pour autant, et ce dès le lendemain de la tempête l’heure n’était pas à l’apitoiement mais à la mobilisation permettant ainsi à l’interprofession de se présenter comme une force de proposition incontournable à la remise à flot de l’économie. A l’Administration maintenant de relayer leur demandes avec la mise en place d’aides cohérentes.

Solène Méric

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Landes
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles