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PUBLIÉ LE 28/11/2008 PAR Joël AUBERTRama Yade, entrée au gouvernement en juin 2007 en tant que secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme a profité de l’occasion pour préciser les contours de sa fonction. Quand David Szymczak, professeur à Sciences Po Bordeaux qui animait le débat, lui demande si son portefeuille se résume à un ministère de la parole, elle répond, en récitant une leçon bien apprise, que sa mission constitue « un combat permanent »
« Comme un chef »
Dans un premier temps, Rama Yade donne en effet l’impression d’une élève appliquée, très attachée à ses notes préparées à l’avance. La secrétaire d’Etat se plie à un éloge convenu de Bordeaux, terre de Montesquieu, tout en rappelant le passé négrier de la ville. Elle cite pêle-mêle le général De Gaulle, Sœur Emmanuelle, la résistante Germaine Tillon ou encore…Alain Juppé.Mais la novice en politique parvient à briser la glace quand elle rappelle aux étudiants qu’elle a passé avec succès le concours d’entrée à Sciences Po Bordeaux en 1997 et fait mine de regretter d’avoir privilégier Sciences Po Paris. Pour le maire de Bordeaux, retardé par les discussions sur l’avenir du tram, Rama Yade « se débrouille comme un chef » à la tête de son ministère.
Applaudissements de la salle
Les questions des étudiants permettent à la secrétaire d’Etat de sortir de son discours appris par cœur. Un étudiant demande si la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme a des scrupules à soutenir la politique d’immigration de Brice Hortefeux. Applaudissements de la salle. Sans se démonter, Rama Yade répond sur la nécessité de faire respecter la loi dans un Etat de droit. Mais quand un étudiant, plus véhément, interpelle l’invitée sur la question israélo-palestinienne, la secrétaire d’Etat se réfugie aussitôt dans une langue de bois diplomatique. Pendant une heure et demie, Alain Juppé et la secrétaire d’Etat abondent dans le même sens, se confirmant l’un l’autre. De concert, les deux conférenciers défendent l’universalité des droits de l’Homme contre la montée du relativisme en la matière. Les attaques visent la Chine qui présente les droits de l’Homme comme un concept occidental. Alain Juppé et Rama Yade admettent ensemble l’impossibilité de choisir entre la défense des droits de l’Homme et la préservation des intérêts économiques. « Je ne veux pas opposer intérêts et valeurs, toutes les cordes tirent en même temps », explique la secrétaire d’Etat, en précisant que la voix de la France ne peur porter sur la scène internationale que si le pays conserve sa puissanceéconomique.
Roublard
Visiblement plus roublard devant un amphithéâtre qu’il connaît bien pour y donner régulièrement des cours, Alain Juppé convoque son expérience de ministre des affaires étrangères, de premier ministre, et d’exilé au Québec. Pour dénoncer le modèle de société communautaire à l’anglo-saxonne, le maire de Bordeaux raconte qu’il n’a jamais réussi à converser avec son voisin juif hassidique à Montréal. Au milieu des louanges réciproques, Alain Juppé a quand même émis des réserves sur la politique gouvernementale. Il a d’abord dénoncé la surpopulation carcérale, tout en reconnaissant qu’il n’avait pas pu régler la question lorsqu’il était premier ministre.L’ancien ministre des affaires étrangères a également pointé les atermoiements de Nicolas Sarkozy sur la question tibétaine. Il a répété que les retournements successifs de la diplomatie française nuisent à son crédit.
Photo : Hanna Zaworonko
Simon Carraud
