Quand le projet de nouvelle route Pau-Oloron sème le doute chez les élus


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Quand le projet de nouvelle route Pau-Oloron sème le doute chez les élus

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 19/12/2011 PAR Olivier Darrioumerle

En cinq ans, sur le tronçon de la nationale 134, de Pau au tunnel du Somport, en passant par Oloron, 16 personnes sont mortes et une cinquantaine ont été blessées. Ce qui a fait dire à David Habib, député PS des Pyrénées-atlantiques, devant l’Assemblée, qu’il est « l’un des tronçons les plus accidentogènes des routes nationales que compte l’hexagone. »  

Selon les services du Conseil général et le cabinet Lavalin, 18000véhicules prennent la nationale 134 chaque jour. Un flux qui devraitpasser la barre des 20000 véhicules par jour en 2017, ce qui serait sonseuil de saturation. La solution serait de construire à travers le Béarnune nouvelle route qui coûterait entre 350 et 400 millions d’euros,mais absorberait 85 % du trafic actuel. Une route dont on ignore si elleest imaginée pour le confort des usagers ou pour camionner desmarchandises, ni comment elle sera financée.

Jean-Jacques Lasserre, président du groupe Modem, a joué la mouche du coche en interrogeant les défenseurs du projet. « L’État nous a versé 60 millions d’euros pour réaliser le contournement d’Oloron, premier maillon de la Oloron-Pau, en échange d’un engagement du Conseil général sur la LGV Tours-Bordeaux. Mais c’est une mystification ! La nationale 134, comme son nom l’indique, est sous la compétence de l’État. Je répète que le contournement d’Oloron n’est pas à notre charge ! »  

Les alternatives au projet de la Oloron-Pau
Jean-Marc Grussaute, conseiller général de Lasseube, qui porte l’idée de réaménager les routes existantes entre Lacq et Oloron plutôt que de se lancer dans des travaux pharaoniques entre Oloron et pau, demande avec David Habib, député-maire de Mourenx, des études comparatives. Il ne croit pas qu’une nouvelle liaison soit dans l’intérêt des usagers. « Les contraintes budgétaires obligent à privatiser au moins une partie de la route et un péage n’est pas compatible avec les migrations pendulaires. Un Palois employé par une entreprise oloronnaise dépenserait-il 1000 euros à 1200 euros par an pour aller travailler ? » Argument auquel Jean-Pierre Domecq, élu PS oloronnais, répond qu’une route Lacq-Oloron serait pour le coup un véritable couloir à camions.

Autre alternative, portée cette-fois par André Duchateau, l’élu PS palois chantre du ferroviaire. Sans se déclarer contre la nouvelle voie Pau-Oloron, il a rappelé devant le Parlement de Navarre qu’il y avait d’autres priorités plus urgentes en temps de crise, avant de mettre en doute les estimations du bureau d’étude qui prévoit le report d’à peine 1% du trafic, soit 200 véhicules par jour, sur le chemin de fer. « Peut-être qu’aujourd’hui seulement 1% du trafic est reporté sur le rail, mais il ne faut pas sous estimer le potentiel de la ligne Pau-Oloron. Je mise sur l’avenir du cadencement pour permettre aux usagers de faire leur trajet quotidien et sur le fret pour transporter les marchandises. » 

Georges Labazée, président du Conseil général, en a conclu que la seule activité économique ne pouvait déterminer la pertinence du projet. Un projet viable devant être imaginé pour l’avenir. « On va mener une enquête sur le budget des ménages avec la problématique de la mobilité », a-t-il déclaré. Le vice-président au transport, Michel Chantre, a aussi assuré que tous les projets seraient étudiés.

Division territoriale au sein du Parlement de Navarre
L’élue socialiste de Lescar, Christiane Mariette, est en première ligne de la contestation paloise. Et pour cause : la nouvelle route traverserait son canton, à Arbus, par un tunnel qui déverserait le flux de véhicules au péage autoroutier de Lescar, au niveau de l’A 64 et de l’A 65. Un tunnel qui cristallise les doutes et les craintes, tant par son coût très élevé ( entre 200 et 300 millions d’euros) que par son impact sur le paysage et l’environnement. Lors de la session du conseil général, elle a appelé à lever l’incertitude pour dégeler les 200 hectares de terrains réservés sur son canton. « Il n’y a aucun argument contre le simple réaménagement de la nationale 134 ! au lieu d’une nouvelle voie  » a-t-elle conclu, suivie par Nathalie Franck, élue paloise, dans la certitude que ce n’est pas le flux de véhicules qui rend la route dangereuse, mais la vétusté de l’installation.

De l’autre côté, les élus du piémont pyrénéen, Jean-Pierre Domecq, élu d’Oloron, Francis Courouau, de la vallée d’Ossau, et Jean Lassalle, de la vallée d’Aspe, défendent le projet d’une nouvelle voie pour désenclaver leur territoire. « Il ne peut pas y avoir deux Béarn, l’un désenclavé, avec un aéroport et des autoroutes vers Bordeaux, Bayonne et Toulouse, et l’autre douloureusement coupé du monde » , a proclamé Jean Lassalle, député-maire modem deLourdios-Ichère. Le tracé traverse 40 % de terres agricoles. Un mal de notre temps pour Jean Lassalle, fils d’agriculteur, qui assiste à la disparition inexorable des terres agricoles. «  Le monde change » a-t-il martelé dans son discours.

Et Jean-Jacques Lasserre d’interpeller André Duchateau, élu à l’agglomération paloise. « Est-ce que l’agglomération paloise est dans l’état d’esprit de réaliser la Pau-Oloron ? » Rappelons que Martine Lignières- Cassou, député-maire socialiste de Pau, a choisi comme suppléant pour les prochaines élections législatives, Didier Larrieu, maire d’Arbus, commune qui est le centre de la contestation citoyenne dans le Béarn.  

photo :  France 64160

Olivier Darrioumerle

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