Pyrénées-Atlantiques : le barrage anti-FN se profile


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Pyrénées-Atlantiques : le barrage anti-FN se profile

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/04/2017 PAR Jean-Jacques Nicomette

Caracolant largement en tête, Emmanuel Macron rafle en effet la mise avec un score sans appel de 26,27%. En Béarn, l’appui que lui a apporté François Bayrou, président du Modem, maire de Pau et sans doute ministrable en cas de victoire,  a dû peser dans la balance. L’affaire Fillon et les remous qu’elle a provoqué chez Les Républicains ont également joué leur petite musique. Le ralliement de diverses personnalités et l’attrait de la nouveauté dans une société très critique pour une classe politique donnant le sentiment d’être coupée de ses bases ont fait le reste.

Le chef de file de « En marche » a eu la partie d’autant plus facile que ses concurrents de gauche se sont lancés en ordre dispersé dans la bataille. Dans les rangs socialistes, Benoît Hamon n’obtient que 7,73% là où François Hollande avait été crédité de 29,9% des voix il y a cinq ans, lors du premier tour de la présidentielle. Pour les anciens frondeurs, la réalité est cruelle. Ce score-là  sonne comme un glas.

Mélenchon, battu mais gagnant

Jean-Luc Mélenchon est lui aussi distancé par l’ancien ministre de l’économie, mais avec les honneurs. Les 19,92% des voix récoltés par le candidat de « la France insoumise » sont supérieurs de 8 points au score que celui-ci avait obtenu en 2012 dans les Pyrénées-Atlantiques. Petite cerise sur le gâteau, le tenant de la 6e République  s’offre notamment le luxe de passer en tête à Oloron-Sainte-Marie, une cité oscillant entre droite et gauche et dont le maire, Hervé Lucbéreilh, porte l’étiquette CNIP. Bref, chez Mélenchon, il y a peut-être défaite, mais surtout progression.

Fillon hors-jeu

A l’inverse, les affaires pèsent de tout leur poids sur les épaules des partisans de François Fillon, crédité de 18,16% des suffrages. Soit 5% de moins que ce qu’avait obtenu jadis Nicolas Sarkozy au pied des Pyrénées. « Il aurait dû se retirer » continue à penser le biarrot Max Brisson, auquel Nicolas Patriarche, le jeune maire de Lons, a succédé au secrétariat départemental des Républicains.

Le FN fait du sur-place

Dans un département attaché à son indépendance d’esprit, qu’elle soit basque ou béarnaise, l’extrême droite continue pour sa part à ne pas faire florès. Le parti de Marine Le Pen marque  le pas et ne progresse que légèrement par rapport au précédent scrutin. Ce qui le cantonne aux alentours des 13,7% alors que le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, lui, double son score (3,72%).

Au sein de la gauche ouvrière,  ce n’est pas le cas de Philippe Poutou (1,61%)  et de Nathalie Arthaud (0,45%) qui se maintiennent à leur niveau d’étiage habituel.

Lassalle, le local de l’étape

Si François Asselineau (0,70%) et Jacques Cheminade (0,13%) occupent le bas du tableau, reste « le » cas Jean Lassalle, candidat atypique s’il en est, parti à la conquête de l’électorat après avoir été à sa rencontre à pied.

Bénéficiant d’une indéniable cote de sympathie et de la main que l’on tend volontiers au « local de l’étape », l’ancien berger devenu député moissonne 7,55% des suffrages départementaux. Ce qui représente tout de même 29 882 voix. Quand on vous dit que les gens d’ici aiment également les chemins de traverse !

 « Ce que nous avons fait est considérable » a-t-il confié devant un micro parisien avec sa voix où les « r » roulent comme les galets du gave. On veut bien le croire.

Front contre front

L’avenir – c’est-à-dire le second tour – devrait prendre les allures d’un front. Mais pas de celui que l’on croit. A gauche comme à droite, plusieurs voix ont commencé à se faire entendre dimanche pour appeler à « faire barrage au FN » et donc à voter Macron. Celle de la sénatrice Frédérique Espagnac, porte-parole de Benoit Hamon. Car, explique-t-elle, c’est l’avenir de notre République qui est en jeu, ses valeurs, ses piliers ».

Celles des députés socialistes Martine Lignières-Cassou et David Habib aussi, même si ces derniers ne partagent pas forcément les mêmes options au sein de leur parti.

Celle du communiste Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, qui ne laissera pour autant rien passer à Emmanuel Macron si ce dernier « porte atteinte au monde du travail ».

Celle, enfin, de Nicolas Patriarche, secrétaire départemental LR, qui souhaite que le patron de « En marche » saura se souvenir des gens qui l’ont soutenu sur le terrain. Même s’ils ne partagent pas toutes ses idées.

L’ affaire mérite d’être suivie quand, dans le même temps,  on entend François Bayrou plaider pour la « majorité nouvelle » que le pays devrait se donner lorsque sonnera l’heure des législatives. « Le temps de cette fracture entre des supposées droite et gauche, même éclatées en leur sein, n’est plus le temps que nous vivons » affirme-t-il.

En d’autres termes, le paysage a beau changer, la politique restera toujours une affaire de billard à trois bandes.

Les résultats du département et par commune :

http://elections.interieur.gouv.fr/presidentielle-2017/075/064/index.html

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