Pyrénées-Atlantiques : la vague Macron passe, deux îlots résistent


Aqui et Félix Dufour

Pyrénées-Atlantiques : la vague Macron passe, deux îlots résistent

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 19/06/2017 PAR Jean-Jacques Nicomette - Félix Dufour

1re circonscription : l’ADN de Josy Poueyto

Josy Poueyto et son suppléant, Benoit Roullet

Sur un terrain où Martine Lignières-Cassou, députée socialiste sortante, avait décidé de ne pas se représenter, le phénomène Macron a tout emporté. Josy Poueyto, adjointe de François Bayrou à la mairie de Pau,  s’est imposée sans coup férir (62,7%) devant sa collègue LR Pauline Roy, qui siège également au conseil municipal.

En fait, le deuxième tour a presque pris l’allure d’une promenade de santé pour cette élue Modem qui sillonne depuis des lustres cette partie urbaine du Béarn. Ce qui ne l’a pas empêchée,  après l’annonce de sa victoire, d’avoir une pensée pour ceux qui lui ont montré la voie.

André Labarrère d’abord, l’ancien et emblématique maire socialiste de la capitale du Béarn. Celui-ci lui a appris  le métier  tout en lui enseignant à « être proche des gens ». François Bayrou aussi, qui l’a « incitée » à présenter sa candidature à une élection à laquelle elle ne songeait pas forcément.

Désormais parlementaire, Josy Poueyto envisage de rester conseillère municipale, et donc conseillère communautaire au sein de la vaste agglomération paloise. Car, explique-t-elle, la proximité fait partie de son ADN. Elle est comme ça. On ne la changera pas.

2: Jean-Paul Mattéi revient et gagne

Le centriste Jean-Paul Mattéï

Jean-Paul Mattéi,  notaire palois et maire de Ger, a lui aussi joué sur du velours.

François Bayrou, dont il était le suppléant, avait été battu il y a cinq ans par la socialiste Nathalie Chabanne. 2017 aura été l’année de la revanche. Ce dimanche, l’ex-suppléant centriste parti sous la bannière de La République En Marche a été crédité de 60,93% des suffrages devant la députée sortante.  

La déroute vécue par la gauche lors de l’élection présidentielle est passée par là. Un taux d’abstention de 52% a fait le reste. Jean-Paul Mattéi n’en demeure pas moins modeste. « Je mesure la tâche qui m’attend » confie le nouveau parlementaire, prudent et respectueux de l’adversaire.

3e : David Habib, le « boulot » face au « logo »

Le socialiste David Habib obtient un quatrième mandat

Un autre climat a régné ces dernières semaines sur la circonscription qui englobe le nord Béarn et le cœur industriel du département que constitue le bassin de Lacq.

 David Habib, député socialiste sortant et vice-président de l’Assemblée nationale briguait ici un quatrième mandat. Mais il avait fort à faire face à l’ampleur de la déferlante Macron. Au point que beaucoup se demandaient s’il tiendrait le choc.

La nette victoire qu’il vient de remporter avec 53,94% sur Michel Bernos, le maire « En marche » de Jurançon, tient à plusieurs éléments.

Tout d’abord le travail de longue haleine mené depuis belle lurette sur un terrain difficile, marqué aussi bien par la crise agricole que par la délicate reconversion du bassin de Lacq. Des dossiers qui demandent de la pugnacité et de la combativité.

Ensuite, il faut bien le dire, le tempérament de son adversaire. Souvent agressif, celui-ci a limité son discours à des généralités liées au programme du nouveau président de la République. Un comportement qui a amené le député sortant à estimer que face au « logo Macron », il convenait d’opposer le « boulot » réalisé au profit d’un territoire.

De toute évidence, le message est passé. D’autant plus que les électeurs de Mourenx, ville ouvrière  dont David Habib a jadis été le maire, paraissent avoir pardonné à l’intéressé de les avoir quittés pour présenter sa candidature en 2014 aux municipales sur Pau.

Une chose n’en est pas moins certaine.  Cet élu, qui a aussi été le président de la puissante communauté de communes de Lacq (devenue par la suite Lacq-Orthez), revient de loin.

 4e : Sacré Jean Lassalle !

 Comme on le dit souvent, il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Jean Lassalle, ex-Modem et député  fondateur du mouvement « Résistons ! », vient de le démontrer.

Parfois gaussé pour ses propos peu compréhensibles et sa façon très « vieille France » de passer de la pommade à tous ses interlocuteurs, l’ancien berger devenu maire de Lourdios-Ichère avait apparemment fort à faire avec le candidat de « La République En marche » : Loïc Corrégé, un militaire de carrière arrivant du 1er RPIMa de Bayonne.

Au premier tour des législatives, le nouveau venu a mis le parlementaire en ballotage défavorable. Puis, tout en prenant l’avantage dans les débats qui l’opposaient à Jean Lassalle, il a réussi le tour de force de faire trembler sur ses bases le « local de l’étape ». 

C’était compter sans la capacité du parlementaire béarnais à remonter les pentes les plus raides. Chose que Jean Lassalle avait déjà prouvée en 2012 en rattrapant les 3 000 voix de retard qu’il avait sur  le socialiste François Maïtia.

La fibre terroir du berger a de toute évidence perturbé  l’atterrissage du para. Rendant hommage à un adversaire qu’il « ne fallait pas sous-estimer », Jean Lassalle explique aujourd’hui le phénomène de manière fort simple. Les Basques de l’intérieur et les Béarnais qui peuplent la circonscription sont tout sauf « gouvernables », affirme-t-il. Autrement dit, Macron ou pas, ce n’est pas de Paris ou d’ailleurs qu’on leur tiendra la main.

5e :  Florence Lasserre largement en tête

Florence Lasserre s'impose avec 57,03% des suffrages (photo Félix Dufour)

 Dimanche, il suffisait de se rendre sur les plages de Biarritz, d’Anglet, Saint-Jean-de-Luz ou Hendaye inondées de soleil sous 34° pour comprendre le taux d’abstention qui aura accompagné cette consultation. Au point qu’un adjoint au maire biarrot, Guillaume Barrucq, proposait d’installer des bureaux de vote sur le promenoir.  Mais les urnes moins emplies encore qu’au premier tour ont délivré leur verdict. Sur la lancée de dimanche dernier sans « remontada » aucune.

Robe noire, très « tenue de soirée »; Florence Lasserre, accompagnée de son suppléant Philippe Jouvet, s’est rendue en début de soirée dans une mairie d’Anglet qu’elle connaît bien pour en être l’adjointe à l’Environnement après avoir assuré la présidence du bureau 18 du Centre Haitz Pean pendant la journée.

Les chiffres qui s’affichent sur le grand écran sous le regard du maire Claude Olive ont de quoi la rassurer. « Mais nous n’avons pas encore Bayonne », commente-t-elle en tapotant  le nerveusement sur les touches de son portable. Et elle se refuse à tout commentaire tant que les chiffres définitifs de sa circonscription ne seront pas tombés.

A 21 heures, dans un restaurant du marché de Quintaou, « L’avant-scène »,-le bien nommé-; elle apprend en présence de son père, Jean-Jacques Lasserre le président du Conseil départemental des Pyrénées Atlantiques,  le score définitif: 57% contre 43% la députée sortante.

La « der » de Colette Capdevielle

Colette Capdevielle pour sa dernière cérémonie en tant que députée, à Anglet (photo Félix Dufour)

C’est au monument aux morts d’Anglet pour la commémoration de l’appel du 18 juin par le général de Gaulle que cette dernière a accompli  dimanche en fin de matinée, le dernier acte officiel de sa mandature.

Sous une forte chaleur, vêtue d’une veste blanche et d’un pantalon noir, visiblement très émue, elle a déposé une gerbe au pied de ce monument du souvenir. Comme le maire Claude Olive. En cette journée du deuxième tour des élections législative les deux élus se sont entretenus bien au-delà du protocole.

 Le maire n’a pas fait mystère de son soutien à Florence Lasserre, candidate LRM, son adjointe et binome au Conseil départemental tout en regrettant que la Républicaine Caroline Oustalet ait été privée des 3;5% de l’UDI. Yves Ygalde, l’adjoint à la culture de Bayonne avait choisi de marcher seul.

Mais en cette matinée, il  n’a pas caché l’estime et le respect qu’il avait pour cette adversaire politique. Quelques heures plus tard, en proclamant les résultats d’Anglet en présence de la vice-présidente socialiste du Conseil régional chargée du tourisme et conseillère municipale, il annoncera qu’elle n’aura pas pu réussir la remontada impossible.


6e :  Maïder Arosteguy, victime du tsunami


Comme dans la cinquième circonscription anglo-bayonnaise, on aura constaté un resserrement des scores dans la sixième biarrot-hendayo-luzienne et rurale, à Biarritz, épicentre des résultats sans reversement de table.

Avec 43,46% des voix; contre 56;54% à Vincent Bru, le maire de Cambo élu sous la bannière LRM avec l’onction de François Bayrou, Maïder Arosteguy, la Républicaine aura la consolation d’avoir les moyens de prendre date pour les prochaines élections municipales de la plage des Rois.

 « Nous sommes parvenus à résister à un Tsunami Macron », commentait-elle dans la soirée en présence de son ex suppléant Henri Levrero. Déçue mais pas désespérée après cette première…..

Entre cinquième et sixième, au_delà des résultats, une nouvelle génération s’est mise en marche.

 Jean-Jacques Nicomette et Félix Dufour

 

Les résultats par commune et dans le département :

http://elections.interieur.gouv.fr/legislatives-2017/064/index.html

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