Pyrénées-Atlantiques : cet électorat FN qu’il faut convaincre


Aqui

Pyrénées-Atlantiques : cet électorat FN qu'il faut convaincre

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 08/12/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

Maire de Mazères-Lezons et tête de liste départementale, Monique Semavoine n’a pas entendu Virginie Calmels ce soir-là. «Je ne pense pas qu’elle ait voulu récupérer les gens du FN » dit-elle. « Par contre, on ne va pas s’empêcher de parler aux électeurs qui ont apporté leur voix à ce parti ».

« Par colère ou par rejet »La formation d’extrême droite comprend son lot « de xénophobes et de racistes » , reconnait Monique Sémavoine. Mais le Front  National a également attiré à lui des personnes vivant pour certaines d’entre elles dans des situations très précaires. 

Monique Semavoine, maire Modem de Mazères-Lezons :

« Elles ont voté FN par colère, par  rejet. Loin de les juger, leurs difficultés me font mal au cœur » explique l’élue locale, bien placée pour mesurer dans ses permanences les galères dans lesquelles se retrouvent certains de ses administrés.
« Il nous faut essayer de convaincre les abstentionnistes, tout comme ceux qui ont fait un vote de refus » poursuit-elle. «  Car une chose est sûre, ce n’est pas au FN qu’ils vont trouver la solution à leurs problèmes. Nous devons mieux expliquer pour mieux être entendus ».

Les fins de mois qui ressemblent aux débuts de moisImplantée de longue date dans les quartiers palois, Josy Poueyto, première adjointe de François Bayrou, estime pour sa part que les propos tenus par la candidate girondine ont été « maladroits ». Mais elle comprend elle aussi l’intention.

 « Il y a ceux qui votent FN par conviction, et les autres qui vivent parfois au quotidien des situations désespérées. Des personnes pour lesquelles les fins de mois ressemblent aux débuts de mois ».

« Je peux comprendre qu’à un moment, on ne fasse plus confiance aux partis traditionnels et que l’on exprime son désespoir. Même s’il  est étonnant de voir que ces électeurs ne trouvent plus refuge dans des partis de gauche ou même d’extrême-gauche. Toute la question est là : une partie de ceux qui ont voté FN est allée vers la seule formation qu’elle n’a jamais essayée. La seule qui lui apparaisse sortir des logiques d’appareils et des magouilles politiciennes ».

« Il faut leur dire que le FN n’est pas la solution »« Ces gens-là ne sont pas ancrés dans le Front National. Il faut leur tendre la main. Il faut leur dire que le FN n’est pas la solution. Car au passage, je trouve effrayant que l’on puisse confier à Marion Maréchal-Le Pen, âgée de 26 ans, une région de la taille de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il faut vraiment avoir écoeuré les gens pour en arriver là ».

Josy Poueyto :

Que ce soit avec Virginie Calmels ou Alain Rousset, l’Aquitaine possède des candidats « responsables », qui ont fait leurs preuves, poursuit Josy Poueyto. Sans pour autant afficher de tendresse particulière pour le sortant  socialiste qui, tout en défendant la LGV, vient de passer un accord avec les écologistes, adversaires du projet. « Comment voulez-vous que les gens s’y retrouvent ? Virginie Calmels, elle, est claire dans son propos et ne cherche pas à raccrocher les wagons ».

« On voit bien le ras-le-bol »Selon elle, ce type de confusion vient s’ajouter à d’autres incompréhensions, plus générales (« Pourquoi a-t-on laissé la jungle de Calais se développer autant ? »). Sans rien régler au mal être ambiant.

« A Pau, François Bayrou a institué des rendez-vous avec les habitants. On voit que certaines personnes sont en attente, qu’elles en ont ras-le-bol ou qu’elles ont envie d’être violentes. Il faut bien qu’à un moment donné, on les prenne en compte. Le problème, c’est que l’Etat n’y arrive plus et qu’en raison de la baisse des dotations, les collectivités sont financièrement à bout de souffle. Au Conseil départemental, on a  8,5 millions d’euros de RSA en plus cette année ! ».

Un même constat de carence est établi pour le monde associatif. « Autrefois, il était le creuset de la démocratie, l’endroit où l’on refaisait le monde tout en gardant les pieds sur terre. Aujourd’hui, les bénévoles n’ont plus le temps d’être bénévoles et les jeunes ne viennent plus dans les associations. Ils discutent sur leurs tchats, leurs blogs ou sur Facebook et ne sont plus obligés de sortir pour aller au contact des autres. Ils restent enfermés avec eux-mêmes et avec leurs problèmes ».

« Ce jeune qui cherche du boulot partout »Dans le quartier populaire de Saragosse, Josy Poueyto prend ainsi l’exemple de plusieurs habitants qui  lui ont confié avoir opté pour le FN. « Ce sont des personnes qui vivent petitement, à qui on a par exemple refusé un dossier pour un problème de handicap. Il y a aussi ce jeune qui cherche du boulot partout, sans parvenir à en trouver, et qui en a marre. Sa mère est encore plus en galère. Elle passe au centre communal d’action sociale pour avoir de l’aide. Mais elle se sent complètement bafouée. Ces gens-là votaient habituellement à gauche ».

Un espoir : « Ils m’ont dit que, dimanche prochain, ils ne renouvelleraient pas leur vote au FN ». Iront-ils pour autant déposer un bulletin dans l’urne ?  « Je n’en suis pas certaine ».

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Pyrénées-Atlantiques
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles