Législatives dans les Pyrénées-Atlantiques : Bayrou tonne et l’incertitude demeure


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Législatives dans les Pyrénées-Atlantiques : Bayrou tonne et l'incertitude demeure

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Temps de lecture 8 min

Publication PUBLIÉ LE 12/05/2017 PAR Jean-Jacques Nicomette- Félix Dufour

1ere  circonscription : Josy Poueyto se lance, la gauche ironise

Josy Poueyto, première adjointe Modem au maire de Pau

Elle dit avoir hésité. Mais la voix de François Bayrou a sans doute pesé dans la balance. Josy Poueyto, très active première adjointe au maire de Pau et conseillère départementale Modem après avoir été socialiste, portera les couleurs de La République En Marche.

La désignation de cette élue qui connait Pau sur le bout des doigts et a grandement aidé le président du Modem à conquérir la ville n’a pas manqué de susciter l’ironie de ses concurrents de gauche. « Quel renouveau ! » écrit sur twitter la députée PS sortante, Martine Lignières-Cassou, qui ne se représente pas et avec laquelle Josy Poueyto a jadis été en concurrence au sein de la mairie. Même « amusement » du côté d’Olivier Dartigolles, conseiller municipal et porte-parole national du PCF. Ce dernier rappelle que l’intéressée a été élue locale pour la première fois en… 1983. « Sacrée Josy ! » s’exclame-t-il.

La gauche n’en part pas moins très divisée sur cette circonscription urbaine. Jérôme Marbot, conseiller municipal socialiste, se lance dans la bataille au nom d’un parti ayant vu Benoit Hamon recueillir moins de 9% des voix à la présidentielle. De leur côté, le Front de Gauche et les Verts unissent leurs forces derrière Olivier Dartigolles suppléé par l’écologiste Eurydice Bled. Aucun accord n’ayant été conclu cette fois-ci avec La France Insoumise que représentera Séverine Ghedjati, une professeur d’histoire-géographie.

Il faudra aussi compter avec Frédéric Pic, un médecin palois retraité, rompu aux campagnes électorales et engagé pour Nouvelle Donne. Bref, pour le premier tour, c’est chacun pour soi.

Chez Les Républicains, c’est une autre conseillère municipale paloise, Pauline Roy, qui entre dans l’arène. Cela en fait quatre au total !

Quant au Front National, qui oscille selon les élections entre 10% et 13% et ne semble pas représenter une menace réelle dans cette partie du Béarn, il sera emmené par la conseillère régionale Claudie Cheyroux. Pour l’UPR de François Asselineau, ce sera Elisabeth Meitner.

2e : l’absence qui énerve Bayrou

Là, on touche aux symboles. D’où la colère de François Bayrou… Le maire de Pau se trouve ici sur des terres dont il a autrefois été le député avant de s’y faire battre par la socialiste Nathalie Chabanne. Le suppléant du candidat Modem était alors Jean-Paul Mattéï, notaire et maire de Ger, avec lequel le maire de Pau entretient une amitié de longue date.

En 2017, François Bayrou souhaiterait voir le même homme être investi par ses alliés macronistes. Mais son nom était absent de la liste présentée jeudi par La République En Marche. Presque un crime de lèse-majesté !  Affaire à suivre.

Le challenge est par ailleurs ardu pour Eric Saubatte, candidat Les Républicains et fort consciencieux adjoint au maire de Pau, délégué au sport. Contre l’avis d’une partie de sa hiérarchie, il avait décidé de soutenir François Bayrou en 2014 aux municipales. Mais le retour d’ascenseur n’est pas une pratique courante en Béarn.

Nathalie Chabanne, qui a fait partie des « frondeurs » sous le quinquennat de François Hollande, se représente pour sa part sous la bannière PS. Tandis que les autres formations de gauche continuent à jouer en ordre dispersé, avec Daniel Labouret pour le Front de gauche et les Verts, et Claude Gout pour La France insoumise.

Le FN, lui, partira à la quête des voix avec … un chercheur, Joseph Damour, et l’UPR avec Samantha Kerrache.

 3e : David Habib joue son va-tout

David Habib en 2014, aux côtés de Manuel Valls. Sera-t-il, lui aussi, épargné par La France En Marche ?

Puissant président de la Communauté de communes de Lacq (devenue par la suite Lacq-Orthez) et maire de Mourenx, le député socialiste David Habib avait quitté ces mandats pour se présenter il y a trois ans aux municipales de Pau, à la demande expresse de son parti. Tout cela pour perdre la bataille face à François Bayrou. Ce qui l’avait placé dans une position plus que délicate.

Très mobilisé sur la défense de l’emploi, ce parlementaire « vallsiste » devenu vice-président de l’Assemblée nationale et partisan d’une gauche « de responsabilité » plutôt que de « radicalité » a récemment soutenu Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle.

Est-ce la raison pour laquelle La République En Marche n’a investi, pour le moment, aucun candidat face à lui ? La question mérite d’être posée. Même si une « marcheuse », Marie-Hélène Marest, suppléée par un Modem, chef de file de l’opposition municipale orthésienne, a levé le doigt pour être désignée.

L’UDI Bernard Dupont, soutenu par le président Modem du Conseil départemental, aurait aimé brandir lui aussi le drapeau macroniste. A la condition d’un « rapprochement des programmes gouvernementaux » dit-il. Connu pour sa faconde, l’homme a présidé le Consortium du Jambon de Bayonne. Là encore, l’affaire est à suivre. 

Elle est en tout cas réglée pour Les Républicains qui, après avoir discuté avec les centristes dans un département où la ligne droite n’est pas toujours la plus courte, ont finalement adoubé l’un des leurs. Il s’agit de Pierre Saulnier, avocat fiscaliste installé à Pau.

Le Front de gauche et les Verts, eux, seront représentés par Philippe Glorieux et Isabelle Larrouy, tandis que Eric Lytwin fera campagne pour La France insoumise. Quant au FN, il envoie Lucinda Carvalho au combat, et l’UPR Catherine Le Carrer.

4e : Jean Lassalle réfléchit et un para saute sur le piémont

« J’ai pris une tôle à la présidentielle » ne cesse de répéter l’ineffable député Jean Lassalle, avec sa gouaille et son accent rocailleux. L’ancien berger, ex-Modem, parti à la rencontre des Français lors d’une marche à pied de 5 000 kilomètres a dit réfléchir à son éventuelle candidature et vouloir en parler d’abord avec les siens. S’il y va, c’est pour gagner. Mais, ajoute-t-il, du travail l’attend aussi à la maison. Quand on s’appelle Jean Lassalle, on ne se refait pas.

L’immense circonscription basco-béarnaise qui est la sienne va en tout cas assister au parachutage de Loïc Corrège, militaire au 1er RPIMA de Bayonne. Celui-ci s’apprête à quitter l’armée et à porter les couleurs de La République en Marche.

A gauche, il devra ferrailler avec le  socialiste Bernard Uthurry, vice-président du Conseil régional en charge du développement économique et ancien maire d’Oloron-Sainte-Marie. Un poids lourd, mais la présidentielle a changé la donne. A voir donc.

Le conseiller régional Marc Oxibar se lance pour Les Républicains et Laurent Inchauspé pour l’UDI. La France insoumise sera pour sa part représentée par Didier Bayens, adjoint au maire de Borce, et le FN par le conseiller régional Gilles Hustaix. François-Xavier Dattin est candidat pour l’UPR.

 Sans oublier l’incontournable candidat nationaliste basque de l’EAJ-PNB, Benat Arrabit. Maire de Saint-Martin d’Arrossa, celui-ci est également en charge de la politique linguistique dans la nouvelle Communauté Pays Basque.

Y aura-t-il également un candidat Modem si François Bayrou n’obtient pas ce qu’il veut d’Emmanuel Macron ? Le brouillard n’en serait que plus épais.

Au Pays Basque, la 5e s’interroge

L'élue Modem Florence Lasserre
La première rafale des candidats de la République en marche, avec la nomination de la Modem Florence Lasserre-David dans une circonscription qui englobe Anglet et Bayonne, chuchotée dans la matinée de jeudi et confirmée en milieu d’après-midi, n’a pas laissé indiférent, tant la nomination de l’adjointe à l’environnement porte la signature François Bayrou.

« Nepotisme », lisait-on sur les réseaux sociaux en rappelant que « papa » est président Modem du Conseil départemental et que le président du parti du centre fait partie de la « famille ». Une appréciation malgré tout un peu sévère.
La députée sortante PS, Colette Capdevielle, restée loyale vis à vis du candidat issu des primaires de la Gauche n’a donc pas bénéficié des mêmes bonnes grâces de Manuel Valls auquel LREM n’oppose pas de candidat. Or chacun sait dans l’agglomération bayonnaise, que l’avocate, tendance sociale démocrate est tout à fait Macrocompatible. D’autant que, nous l’avons écrit, le nouveau président de la République et la députée sortante ont travaillé ensemble en commission parlementaire.

Dans un communiqué elle rappelait jeudi soir que « sa proximité avec le nouveau président ne l’avait pas empêché de faire plutôt le choix de la loyauté à sa famille politique que celui de l’opportunisme ». Ajoutant: « Les candidats En marche du département sont des candidats Bayrou repeints à la va-vite. »
Si la candidate sortante PS trouve ainsi un caillou dans sa chaussure, elle sait que dans un Pays basque qui a voté Macron, à près de 80%, les électeurs n’ont pas pour autant donné un blanc-seing au maire de Pau. Car elle n’ignore pas depuis 2012, la rancoeur de la droite et d’ une partie du centre vis à vis des choix  stratégiques du président du Modem, confirmés lors de la primaire de la droite.
Quant aux Républicains, suite au retrait de la compétition de l’adjointe au maire de Bayonne, Sylvie Durruty, ils ont dû trouver une remplaçante dans l’urgence: Caroline Oustalet, adjointe au maire d’Anglet Claude Olive.  Ce dernier, comme la Bayonnaise, souhaitant se consacrer à sa ville..et à la mise en route de la jeune Communauté Pays basque.
Enfin, l’UDI a jeté son dévolu sur le Bayonnais pur jus Yves Ugalde. L’adjoint à la culture du maire de Bayonne Jean-René Etchegaray est par dessus tout connu comme belle plume à l’envolée lyrique, maestro du mundillo taurin et de l’Aviron bayonnais.

En un mot, rien est joué sur la 5e. Car en outre, à gauche, ce n’est pas triste non plus. Le Nord a suivi scrupuleusement les consignes de…..Jean-Luc Mélenchon.

Presque comique dans la 6e
Dans le coeur et le sud du Pays basque, la République En marche est aussi provisoirement en panne. Du moins jusqu’à demain, car le casting ne correspondrait pas tout à fait au renouvellement souhaité par son créateur.

En effet, François Amigorena, ce chef d’entreprise biarrot au profil « macronien » qui travaille dans l’export de logiciels de sécurité, serait en ballotage défavorable face au maire de Cambo, Vincent Bru.  Jean-Jacques Lasserre et François Bayrou aimeraient bien qu’il passe par le Modem pour ces législatives alors que sur son CV figure une longue alliance avec…Michèle Alliort-Marie, dont il a été un suppléant et fidèle soutien dans la 6e  aux législatives de 2012.

Mieux, n’a-t-il pas été membre du Chêne, crée par Michèle Alliot-Marie, cette gaulliste historique. En outre, pour Emmanuel Macron, doit faire un peu désordre, ce manifeste des maires qu’il a signé contre le mariage pour tous.

Quel que soit le vainqueur, celui-ci retrouvera sur la route de la circonscription Maider Arosteguy, ce soutien indéfectible de François Fillon qui ouvre sa campagne ce vendredi soir au casino de Biarritz. En binome avec Max Brisson, au Conseil départemental du 64, elle est la relève des Républicains. Elle risque aussi de devenir le réservoir et l’expression de toute cette droite qui a gardé douloureusement en mémoire les péripéties de cette élection présidentielle hors du commun. La présence ce soir de Michèle Alliot Marie sera avant tout un passage de témoin symbolique.
Moralité encore: rien n’est joué !

Jean-Jacques Nicomette et Félix Dufour

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