Réparer les petites erreurs du passé : voilà le travail de Marine Mazières, restauratrice et conservatrice de papier ancien. Un métier pratiqué par « moins d’une centaine de personnes en France ». Âgée de 32 ans, le jeune femme oeuvre dans un atelier collaboratif du centre de Bordeaux. Sa mission ? « Limiter les dégâts du temps sur les oeuvres d’arts ».
Tout type de documents sur papier peuvent passer entre les mains de la restauratrice : gravures, dessins, estampes, lithographies, emballages de vinyles, lettres anciennes, globes, éventails… « Ces temps-ci, je restaure un Courbet », affirme-t-elle fièrement. Une oeuvre de Mucha a également pu être soignée par la conservatrice, ainsi qu’un Toulouse-Lautrec, qui lui a été confiée il y a 8 mois par un antiquaire. « J’en rêvais depuis toute petite. Et venant d’Albi, je n’étais pas peu fière », sourit-elle. Si la jeune femme travaille dans un atelier collaboratif, son espace exclusif est lui situé en sous-sol. Une petite bulle sans réseau ni dérangement venant de l’extérieur, qui n’a rien pour lui déplaire.
Des livres et des lettres écrites pendant la guerre
Une de ses restaurations les plus plus insolites ? « Un livre japonais pornographique des années 1990 », demandé par un particulier. Des oeuvres plus émouvantes passent également par l’atelier, comme des lettres écrites pendant la guerre. Ou encore « un petit Tintin, écrit en chinois à Hong Kong dans les années 1950 », qui a survécu à la rétrocession à la Chine. « Il y a beaucoup d’objets de collection, ou sentimentaux parmi ceux que je traite », explique-t-elle.
Le Courbet que restaure actuellement la conservatrice.
Environ 150 oeuvres défilent ainsi chaque année au sein de ses locaux. « 50% de mes clients sont des particuliers. 20% sont des collectionneurs, 20 autres des antiquaires. Et 10% sont des services d’archives, qui passent des appels d’offres », explique Marine Mazières.
Laisser une trace de notre passage sur Terre
Ce métier, elle le pratique par amour de l’art. « J’aime être les petites mains de quelque chose, et prendre soin de l’art », explique-t-elle. Une façon de faire perdurer la mémoire de l’Humanité, en gardant des traces du passé : « On sait comment on s’habillait sous François 1er grâce aux tableaux et aux écrits », souligne-t-elle.
Pour pratiquer son métier, cette dernière utilise des matériaux « neutres et réversibles », qui pourront être enlevés au bout d’un certain temps. Car les restaurations de papier ne durent « que 20 ou 25 ans ». Pour avoir recours aux services de la restauratrice, il faut compter « 50 euros de l’heure », quelle que soit l’oeuvre traitée. Si certains documents ne demandent qu’une heure de travail, d’autres vont en nécessiter vingt-cinq.
Au total à Bordeaux, il sont une petite de dizaine à pratiquer cette activité. Mais pas autant à pouvoir se prévaloir d’un diplôme ou d’une certification de leur compétences.
Parcours
Originaire d’Albi, Marine Mazières passe son baccalauréat avec option Arts plastiques. Elle intègre ensuite l’école de Condé, où elle étudie pendant cinq ans, d’abord à Lyon, puis à Paris. Elle y étudie notamment l’histoire de l’art, les sciences, et y suit une « formation de faussaire » s’amuse-t-elle. Une fois obtenu son « master en restauration et conservation du patrimoine spécialité arts graphiques », elle ouvre « directement sa boîte » à Paris, avant d’arriver à Bordeaux, deux ans plus tard, car la ville « aime l’art et le patrimoine ».
Un commentaire
Super professionnelle, personne gentille et qui connaît bien son métier. Vous pouvez faire appel à elle les yeux fermés.