Accord de relance et budget 2021 : des divergences mais pas de schisme au sein de la majorité régionale


Région Nouvelle-Aquitaine
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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 19/12/2020 PAR Solène MÉRIC

Avant d’entrer dans le dur des dossiers budgétaires, c’est par une minute de silence et quelques mots d’hommage à trois personnalités disparues récemment qu’Alain Rousset a ouvert la séance plénière ce 17 décembre. Dans les esprits, Jean Tavernier, un de ces prédécesseurs à la présidence de la Région Aquitaine, l’ancien président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, et Emmanuelle Ajon, vice-présidente du conseil départemental de Gironde, adjointe à la Mairie de Bordeaux, et ancienne élue régionale dont le décès très récent a déclenché, entre stupeur et tristesse, une vague d’hommages particulièrement importante ces derniers jours.

La questions des infrastructures a cristallisé le débat
Passé ce temps de recueillement, est venu dans la matinée le débat sur l’accord de relance Etat-Région. Un document prévoyant la mise en oeuvre de 2,8 Mds d’investissement sur le territoire régional sur les 2 ans à venir. Une enveloppe financée à parts quasi égales par l’Etat et la Région. Une part étatique que le président de Région  interprète comme « un effort significatif » même s’il admet volontiers qu’elle est en vérité « un rattrapage des retards de l’Etat sur le Contrat de Plan Etat-Région précédent ».
Concrètement, « le tiers de ces engagements ira au ferroviaire », pointe Alain Rousset, citant en exemple « le sauvetage de lignes », telles que Poitiers-Limoges, Niort-Saintes ou encore Périgueux–Agen. Mais à côté du fer, le réseau routier n’est pas non plus oublié de cet accord de relance, avec des opérations financées par l’Etat, prévues notamment sur les RN10, RN141 et RN147. Si l’accord prévoit aussi des interventions en matière de logement étudiant, d’enseignement supérieur ou encore de cohésion sociale et territoriale, c’est bien la question des infrastructures qui a cristallisé le débat des conseillers régionaux.
Et pour cause, outre les débats qu’il soulève en terme d’aménagement du territoire, de mobilité ou de pollution notamment s’il est un sujet sensible au sein de la majorité, c’est bien celui-là. Et les élus de l’opposition ne s’y sont pas trompés.

« Quid du projet GPSO? »
Pour le Mouvement de La Ruralité, Philippe Rabit tire le premier, s’enthousiasmant tel un enfant au pied du sapin des « passes d’armes au sein de l’ex-majorité » qu’il imagine sur ce thème,concernant notamment le soutien aux infrastructures routières.
Vint ensuite le tour de Guillaume Guérin, pour LR, qui interroge tout de go, sur un autre point de désaccord bien connu entre élus EELV et le président socialiste : « Quid du projet GPSO ? […] La LGV Bordeaux Dax a disparu, purement et simplement, au profit de « la création d’une capacité ferrovière nouvelle pour le fret entre Bordeaux et l’agglomération basque » note-t-il, avant de poursuivre : « Est-ce pour ne pas froisser vos alliés d’aujourd’hui qui seront vos adversaires de demain ? » Puis, loin de ses déclarations sentimentales de la dernière plénière, et regrettant « le manque d’orientations sur le prochain Contrat de plan Etat Région », il analyse le contenu de l’accord de relance comme « une opération de communication, de remplumage, qui sert surtout à ceux qui seront candidat à leur propre succession ».

Mettant en avant les avances financières de la Région à l’Etat sur la question de l’entretien et de la modernisation des lignes, pénalisant selon lui les investissements de la région sur le transport routier, Jacques Colombier, pour le Rassemblement national, cherche une réponse du côté des « Kmer-verts menaçants ». Propos qui d’ailleurs ne resteront pas sans réaction du côté desdits verts et plus particulièrement de Nicolas Thierry, interrompant pour un temps la « zenitude » espérée en début de séance.
Une « zénitude » mise à mal aussi par le Président de l’assemblée régionale lui-même face à un Jean Dionis du Séjour (Modem et Union centriste) à son goût un peu trop « donneur de leçon » quant au manque de concertation avec les territoires estimé par le Maire d’Agen, quant aux projets retenus au titre de cet accord de relance.

« Un budget diablement pas écologique « 
Enfin, les EELV, dont l’intervention de Christine Moebs-Séguinaud était visiblement attendue de l’opposition dans l’espoir de la confirmation d’un divorce net au sein de la majorité, ils n’ont en effet pas voté cet accord. Une surprise pour personne en réalité,  puisqu’ils s’étaient exprimés par voie de presse dans ce sens la veille de la plénière. Cela dit s’ils n’ont pas voté pour, il n’ont pas voté contre non plus, faisant le choix, semble-t-il de dernière minute, de s’abstenir, tout en saluant « la clarté de la réponse » d’Alain Rousset sur la question posée par Guillaume Guérin sur la LGV GPSO. Une réponse confirmant qu’il n’y avait pas de crédits, ni dans le contrat de relance ni dans le Budget primitif pour 2021, qui soient destinés à cette LGV. Quant à la raison invoqué par Alain Rousset: l’absence de dossier porté par l’Etat.

Un schisme au sein de la majorité que les élus de l’opposition devront donc encore attendre, puisque sur le budget primitif 2021, les alliés écologistes de la majorité ont tenu leur rôle en votant le budget à presque 3, 2 Mld€ proposé par l’éxecutif. Un vote « pour », à deux chapitres près (soutien aux aéroports et soutien à la démarche HVE en agriculture, considérée comme une « tromperie » par le groupe ). Un choix que justifie Lionel Frel : « nous ne voulons pas ajouter du désordre à la crise qui nous touche ». Pour autant pas de carte blanche (ni verte), « ce budget n’est diablement pas un budget écologique » juge l’élu, avec une nuance tout de même : « d’une façon générale, la direction de la Nouvelle-Aquitaine va dans un sens plus écologique. La direction est meilleure mais nous trouvons que nous allons trop doucement. » Ce à quoi Alain Rousset répondra, « le succès de cette transition se fera en la crantant, pas en la décrétant ».

 

L’info en plus

Le budget voté ce 17 décembre par les élus régionaux, s’élève à 3,186 Mds d’euros. « Un budget placé sous le signe de la relance pour impulser un rebond économique, écologique et solidaire avec les territoires et la jeunese » a ainsi présenté Andrea Brouille Vice présidente en charge des Finances, soulignant « l’investissement massif et record pour la collectivité régionale » à hauteur de 937 M€. Impacté par la crise du covid à la fois par une baisse importantes de recettes (-120 M€) et la nécessité des engagements budgétaires complémentaires (240 M€ correspondant aux plans d’urgence et aux premiers moyens du plan de relance), les indicateurs financiers de la Région se dégradent à fin 2020, en raison d’un recours logique à l’emprunt augmenté. La capacité de désendettement de la Région passant ainsi de 4 à 10 ans en cette fin d’année. Pour autant, grâce à « une maîtrise de dépense de fonctionnement », le Président de la Région et sa vice-présidente assurent pouvoir espérer « un retour à la normal d’ici 2025 ». Un scénario un peu trop optimiste au goût des représentants des groupes d’opposition lors de cette plénière du mois de décembre.

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