Nouvelle-Aquitaine : les ambitions de Ferrocampus à Saintes


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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/04/2020 PAR Romain Béteille

Réunis ce vendredi lors de la première plénière depuis le début de l’épidémie de Covid-19, la région Nouvelle-Aquitaine, en plus de la présentation et du vote de son « Plan d’Urgence », a également lancé officiellement la phase de mise en œuvre du projet de création d’un vaste projet de nouveau campus spécialisé à Saintes. Dénommé Ferrocampus, il a vocation à être, à l’image de l’Aérocampus de Latresne, un campus régional de formation entièrement dédié à la filière ferroviaire, dont les perpectives de développement (terrain miné selon la Cour des Comptes) et de verdissement est hautement stratégique pour la région, qui a signé en mai dernier avec la SNCF une nouvelle convention d’exploitation courant jusqu’en 2024. « L’idée, c’est de faire de l’ancien site ferroviaire de l’étoile de Saintes un lieu de recherche sur la réhabilitation des lignes, de formation à l’industrie ferroviaire et aussi de pouvoir remotoriser les TER qui sont à mi-vie pour les dédiésiliser », a ainsi précisé le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, qui avait officiellement signé le protocole d’accord en janvier dernier. « Il y a un enjeu de recherche et développement : réhabiliter les voies pour moins cher si les régions prennent plus de responsabilités en matière de gestion du réseau, pour réfléchir à comment je conçois en tant qu’autorité organisatrice le réaménagement et la réhabilitation de ces voies (Limoges-Angoulême, Limoges-Brive, étoile de Saintes, ect) ». 

Le campus doit s’installer sur des espaces libérés par la SNCF, 27 000 mètres carrés de foncier libérés  (dont 14 000 mètres carrés de foncier bâti) sur le Technicentre de Saintes, et y accueillir de la formation, de la recherche ou encore du transfert technologique autour des « trains du futur ». Ferrocampus est déjà inscrit dans le contrat de territoire passé avec la Saintonge Romane. il faut dire que le secteur a connu plusieurs coups durs, qui ont visiblement incité la région Nouvelle-Aquitaine à s’y pencher de près, comme elle l’avait fait lors du rachat du site de Latresnes en 2011 pour y ouvrir un important pôle de formation dédié à l’aéronautique. Liquidation judiciaire de Saintronic et nouveau projet qui ne fait pas l’unanimité, transfert de la caisse locale du Crédit Agricole à La Rochelle ou, dernièrement, l’annonce d’un plan social au sein de la Coop Atlantique : autant d’indicateurs qui permettaient au contrat de dynamisation passé avec la région et validé par la communauté de communes de Haute Saintonge en juillet 2019, d’inscrire l’emploi et le marché du travail comme l’une des « vulnérabilités » de ce territoire composé de 129 communes. Ce même contrat préfigurait déjà de ce que voulait être Ferrocampus : un moyen parmi d’autres de « développer des filières bien identifiées et attachées aux caractéristiques socio-économiques du territoire », et une « démarche expérimentale visant à la redynamisation de sites abandonnés ou en reconversion ». 

Pour la SCNF, propriétaire du foncier, ce projet est une manière de participer à l’évolution économique du territoire. Tout en offrant une complémentarité de formation avec le site de Bègles.  Trois emprises de part d’autres des voies vont être dédiées au projet : « il y a des bâtiments vides au sud de la gare de Saintes suite au changement d’activités du Technicentre », explique Véronique Lajoie, la directrice de SNCF immobilier du territoire sud-ouest, « entre les voies et le Technicentre, il y a également un petit château qui peut servir de local, ainsi que la halle Sernam, juste à côté de la gare, qui est inoccupée ». Les trois emprises seront rachetées par la Région, sur un prix estimé par France Domaine et encore en cours de négociation. 

Ferrocampus

Les travaux de préfiguration, engagés avec l’aide de Xavier Mallardeau-Castanet, responsable en charge des grands projets à la DATAR (Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Attractivité Régionale), ont ainsi identifié des thématiques précises pour les futurs travaux de Ferrocampus, notamment la maintenance prédictive via l’analyse de données, l’énergie et l’environnement (le verdissement des matériels roulants), l’intermodalité ou encore la sécurité. Dans une note rédigée pour les besoins de la séance plénière de ce vendredi 10 avril, la région indique que Ferrocampus serait à la fois « un lieu de formation initiale, continue et en alternance » (jusqu’à Bac+5), et que le projet compte « se porter candidat à l’obtention des labels Talents et territoires de Nouvelle-Aquitaine et Campus des Métiers et de qualification et d’Excellence et à l’appel à manifestation d’intérêt du futur PIA 4 (Projet d’Avenir Innovation) qui vise à soutenir des entreprises dans des projets innovants. Ferrocampus a aussi l’ambition de développer plusieurs plateaux techniques pour permettre des expérimentations des opérateurs de transports, industriels et équipementiers ferroviaires (notamment dans des opérations de maintenance industrielles). Il compte enfin accueillir de nouvelles entreprises complémentaires à la restructuration du Technicentre SNCF (maintenance des TER, démantèlement des anciens matériels roulants, logistique et supply-chain). Le tout devrait se dérouler en trois phases : développer la formation, notamment à la maintenance et à la remotorisation; travailler sur « l’automatisation des opérations ferroviaires » et, enfin, en faire un « centre d’expertise national pour la revitalisation des voies régionales ». La région prévoit d’inscrire le financement des études techniques (en vue de la réhabilitation du site) au budget supplémentaire 2020. En plénière, le président de la région Nouvelle-Aquitaine a annoncé que l’école d’ingénieurs Estaca, qui prévoit toujours d’ouvrir un campus de 700 étudiants à Bordeaux en 2021, « ouvrirait une formation d’ingénieur ferroviaire par apprentissage sur le site de Ferrocampus » ce qui ferait de l’école le premier établissement extérieur à le faire. Si l’effectivité de sa création dans les prochains mois devrait affiner ces contours encore théoriques, le budget de ce futur complexe de formation serait établi à environ 20 millions d’euros.

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