Muriel Penicaud à Biarritz: « la formation passe par le numérique »


F.D.

Muriel Penicaud à Biarritz: "la formation passe par le numérique"

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 01/02/2018 PAR Felix Dufour

Organisée par Centre inffo, présidée par Charles Viossa, une très grosse association sous tutelle du ministère du Travail, cette XVe université d’Hiver  tient vraiment son  rôle  notamment à l’occasion du débat public sur la formation professionnelle. « ici, tout le monde s’écoute », commentait un des responsables mercredi soir. En premier lieu, la Ministre du travail, qui avant son discours,  assise au premier rang, a été témoin d’un vaste débat sur la scène du casino de Biarritz. Chaque intervenant était chronométré avec le sérieux de l’enjeu d’une campagne électorale. Muriel Penicaud était d’ailleurs très attendue afin d’éclairer une copieuse assistance de partenaires sociaux et DRH sur son projet de réforme. Qu’il s’agisse du fond ou de la forme la ministre n’a pas fait dans la langue de bois quand elle a développé le thème général de cette université sur le thème « Le défi de l’innovation ». Dont elle a tracé les perspectives en quatre chapitres brut de décoffrage.

« L’enjeu social et économique de la connaissance et de la compétence devient, critique, vital pour notre société » a dit en préambule la ministre. « D’abord nous constatons de manière très opérationelle ces temps-ci que la reprise est là. Avec une croissance d’un taux exceptionnel que nous n’avions pas vu depuis six ans. Cette croissance de 1,9% devrait créer des emplois. Mais il y a déjà des difficultés. À Pôle Emploi, rien qu’à Pôle Emploi, en 2017, il y avait déjà 330 000 offres non pourvues. Certes il y a la mobilité, mais le principal sujet était celui de la compétence. Nous avons tellement vécu avec un chômage de masse qu’aujourd’hui on découvre qu’il y a une différence importante entre les métiers d’aujourd’hui, encore plus ceux de demain et les qualifications. La compétence est la meilleure protection contre le chômage. Quand le taux de chômage en France est de plus de 9%, il est de 18% pour les moins qualifiés et de 5% à peine pour les plus qualifiés. « 

Quatre points pour relever le défi de l’innovation

« Il faut prendre compte, a-t-elle insisté l’ampleur et la vitesse des mutations du travail. Les journalistes les premiers ont vécu, parmi les premiers, les transformations dans leur métier avec le digital. Et ce n’est pas fini. Différentes études montrent que dans dix  ans environ en France et en Europe, 10 à 15% des métiers vont disparaître en raison de la digitalisation majeure, 10% vont être créés et c’est le chiffre majeur de l’étude, 50% vont être profondément transformés. Et c’est la première fois que ce sera dans tous les secteurs d’activité à la fois. Notre premier défi collectif ici à Biarritz est de prendre conscience de son ampleur et la vitesse. Comment donc anticiper ces mutations? « 

Tout le défi de l’emploi se jouerait donc sur la  compétence, l’innovation et la valeur ajoutée. « C’est le prix à payer si l’on veut une croissance riche en emplois, insiste la ministre. La France n’a pas pour but d’être dans le low cost. On ne s’en sortira en terme d’emplois et je dirai de bien être et de cohésion sociale que par la valeur ajoutée. Ça veut dire la compétence, la connaissance à tous les niveaux. Ce n’est pas une question élitiste, c’est une question qui concerne tout un chacun. L’investissement dans les compétences est un sujet qui devient plus stratégique qu’avant. C’est pour cela que le gouvernement a décidé d’engager deux démarches, une qui est une réforme profonde de l’apprentissage et de la formation professionnelle et l’autre le Grand plan d’investissement compétence. »

« En matière de formation Il faut que la personne soit au centre du système: accompagnée, aidée, mais pas dépendante. Vouloir être accompagné c’est être dans le siège du conducteur, personne n’a envie d’occuper le siège du passager, y compris ceux qui ont le moins de qualification.

 Quatre défis pour l’emploi passent imparablement par le numérique. « Ils sont inscrits dans le dispositif du numérique que l’on pourrait appeler le numérique pour tous, insiste Muriel Penicaud. Si dans 10-15 ans ceux qui ne pourront effectuer une démarche simple sur internet vont se retrouver handicapés dans énormément d’aspects de la vie sociale. Le numérique est un vrai sujet d’égalité des chances. Chez les demandeurs d’emploi, ce sont 15% d’entre eux qui en ignorent la démarche. C’est pour cela que Pôle Emploi a commencé à mettre en place des ateliers d’apprentissage numérique. On ne peut plus aujourd’hui imaginer que l’appareil de formation n’intègre pas cela dans sa dimension première. C’est un savoir de base nécessaire pour la vie citoyenne ».

« Deuxième défi, répondre au besoin de la formation  d’une filière numérique. Les besoins sont énormes et il y a une bonne nouvelle il y a des postes à tous les niveaux, codeurs, techniciens de réseaux, ça va du CAP à l’ingénieur.

Le troisième défi concerne tout l’appareil de formation. « Il s’agit de contribuer à l’adaptation de la majorité des autres métiers. Ici personne n’est motivé de former pour former, mais s’inscrire dans la réussite des apprentis. Enfin, le quatrième défi est lié au numérique. Comment on utilise le numérique pour accompagner le souhait des personnes pour être plus libre dans le choix de leur formation. Il y a un souhait d’autonomie qu’il faut respecter. »

« Nous réfléchissons à Un Trip advisor de la formation

 La révolution numérique est aussi une source prometteuse de renouvellement pédagogique. « Je voudrais enfin insister sur les innovations qui sont en train de se faire  à bas bruit. Je pense aux travailleurs handicapés qui peuvent accéder à des formations qui n’étaient pas à leur portée, aux personnes qui, en zone rurale, ne peuvent effectuer cent kilomètres pour suivre une formation.  Les organismes de formation doivent aujourd’hui effectuer leur mue numérique afin de permettre une plus grande fluidité des parcours de formation en facilitant le choix éclairé. Aujourd’hui c’est extrêmement difficile. Ce que nous souhaitons faire avec Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal, c’est que tout jeune, toute famille, ait une connaissance complète pour chaque formation, ses débouchés, son taux de réussite, le salaire des débuts, un véritable service de Conseil d’orientation. En quelque sorte, le Trip advisor de la formation. »

Ce vendredi, c’est le président du Sénat Gérard Larcher qui viendra porter la bonne parole pour conclure les travaux de cette  indispensable assemblée dans le monde du travail.

Muriel Penicaus

 






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