Sélectionnés sur quatre critères principaux que sont l’intérêt patrimonial et culturel, l’état de péril, la maturité du projet de restauration et son impact sur le territoire et le projet de valorisation, ils sont donc 12 sites patrimoniaux (1 par département) à être depuis hier, lauréats du Loto du Patrimoine 2023 en Nouvelle-Aquitaine. Sans oublier le site emblématique régional, déjà connu depuis le mois de mars : l’Abbaye de Saint-Jean de Sorde à Sorde-l’Abbaye (Landes). Depuis le lancement de l’opération en 2018, le Loto a apporté plus de 125 millions d’euros à la Mission Patrimoine pour participer à la sauvegarde de ces sites, dont plus de 26 millions pour l’édition 2022.
Les lauréats en Poitou-Charentes
En Charente, c’est l’emblématique Maison du Duc d’Epernon au coeur de la cité médiévale de Confolens, qui va pouvoir bénéficier de ces dotations. Une fois restaurée cette maison à pan de bois construite à la fin du XVème siècle est destinée à accueillir des professionnels des métiers d’art et artisan.
En Poitou-Charentes encore, les ruines de l’ancienne forteresse de Montguyon (Charente-Maritime) vont pouvoir bénéficier d’une opération de mise en sécurité et de consolidation des vestiges de l’ancien site castral. Objectif : ouvrir intégralement le site historique au public.
La Forteresse de Berrye à Berrie dans le département de la Vienne
Autre bâtiment picto-charentais mis à l’honneur par le l’opération : l’hôtel de la Trésorerie plus souvent désigné comme le Château Boucard à Ménigoute en Deux-Sèvres. Pour cet édifice du XIVème siècle, les travaux sur les fondations présentent un caractère de grande urgence. Une fois réhabilité, il a vocation à devenir une véritable bibliothèque, ouverte au public, dédiée à l’écologie et à l’ornithologie en particulier dans la cité connue pour son festival international du fim ornithologique.
Enfin en Vienne, c’est un site du XIIème siècle, la forteresse de Berrye , collée au village de Berrie qui a eu la préférence du comité de sélection de la « Mission Bern ». Ici un vaste chantier de remplacement des pierres de taille est programmé par la famille qui en est propriétaire. Toute l’originalité du projet réside en la création d’une micro carrière de pierre ouverte dans les souterrains des douves. Manière de réduire les émissions de CO2 liées au transport de pierre et de faire revivre le savoir-faire local…
Les lauréats en Limousin
Dans les trois départements limousins, le patrimoine lauréat est pour le moins varié. Avec notamment la remise en état plus que nécessaire… d’une pagode! Positionnée au bord de l’étang de Jonas à Ambazac, l’édifice atypique, dénote avec charme dans le décor haut-viennois. Si son origine reste controversée, ce décor exotique du XIXème siècle, est en piteux état, ouvert aux vents et aux actes de vandalisme. Une fois restaurée, la commune d’Ambazac compte sur ses airs orientaux pour attirer plus encore les visiteurs sur sa base de loisirs.
Hôtel particulier de Felletin en Creuse lauréat du Loto du Patrimoine 2023
En Creuse, c’est un hôtel particulier à Felletin, qui a remporté le gros lot. Cette maison est un témoignage du savoir-faire des maçons creusois et du mode de vie local dans la 2nde moitié du XVIIIème siècle. Témoignage d’autant plus précieux qu’elle est une des dernières à être restée habitée et à avoir le mieux conservé sa disposition et son bâti d’origine, avec dépendance et jardin. Un atout de plus pour la capitale de la tapisserie.
Enfin, en Corrèze, c’est un petit patrimoine rural du XIXème siècle que le comité de sélection a décidé de sauvegarder : un four à pain de Freysselines à Chaumeil. Outre la rareté, désormais, de ce type d’ouvrage, ce four, en très mauvais état a la particularité d’être double : un foyer destiné à la cuisson du pain, un autre à la pâtisserie.
Les lauréats en Aquitaine
Il n’est pas nécessaire à un patrimoine d’avoir plus d’un siècle pour subir les affres du temps.. et moins encore quand il a les pieds dans l’eau. En Gironde c’est un célèbre décor de carte postale qui voit désormais sa survie assurée : la cabane tchanquée n°3 _celle avec les volets rouges_ du Bassin d’Arcachon ! En cours de dégradation, notamment au niveau des pilotis, la cabane, construite en 1945, va ainsi pouvoir continuer à faire partie du paysage de l’île aux oiseaux, et de son histoire. Après restauration, elle proposera des visites tournées vers l’histoire des cabanes tchanquées et plus globalement du Bassin d’Arcachon.
La cabane tchanquée n°3 reconnaissable à ses volets rouges
Décor de carte postale aussi, la Maison de la Boétie, sur l’une des places les plus touristiques de la belle Sarlat en Dordogne, va également pouvoir retrouver son éclat au coeur de la capitale du Périgord noir. Construite entre 1520 et 1525, dans le style de la renaissance italienne, par le père du philosophe, l’ambition de la ville est de pouvoir ouvrir l’édifice à la visite bien plus largement que ce qui est proposé actuellement.
Dans les Landes, c’est un patrimoine témoin de la culture locale que le Loto du Patrimoine va permettre de sortir de la vétusté qui le menace : la chapelle Notre-Dame de la course landaise. Unique en son genre, la sobre chapelle du XVème siècle révèle son lot de curiosités dont une Vierge posant sa main sur l’épaule d’un coursayre blessé ou encore un vitrail illustrant un écart. Située à Bascons, elle est l’un des éléments d’un site destiné à cet art et sport gascon reconnu à l’UNESCO. A ses côtés, un musée, un monument aux morts de la course landaise et le mémorial en mémoire de Bernard Huguet, écarteur landais décédé dans l’arène en 1987.
L’église Saint-Léger à Couthure sur-Garonne menace de s’effondrer
Autre patrimoine religieux aquitain retenu : l’église Saint-Léger à Couthures-sur-Garonne. Construite sur un éperon dans un des plus grands méandres de la Garonne, les assauts du fleuve ont au cours du temps, amené à plusieurs reconstructions de l’édifice qui, une nouvelle fois, menace de s’écrouler. Après travaux et sa réouverture totale, l’église, patrimoine historique, renouera avec ses vocations de lieu de culte et de manifestations culturelles.
Enfin à Etsaut dans les Pyrénées-Atlantiques, c’est le pont du fort du Portalet dit « pont d’enfer » qui a eu les préférences du comité de la mission patrimoine. Après une première phase de travaux réalisés en urgence au niveau des soubassements du pont, il faut intervenir sur les murs de soutènements et le renforcement des piles, au risque de le voir disparaître. Mouvements sismiques, crues du gave d’Aspe, et vibrations liées à la circulation sur la RN134 ne lui étant bien sûr pas favorables. Cette réhabilitation du pont entre dans le cadre plus large d’un projet de valorisation touristique du Fort du Portalet.